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Les expositions coloniales

"zoos humains"

, par

Le colonialisme a permis l’étendue des territoires européens, par les émigrations de ceux-ci, mais certains indigènes furent importés en Europe et servirent aux expositions coloniales, qu’on appelle aussi les zoos humains. Dans le roman de Didier Daeninckx, Cannibale, les deux personnages principaux commencent le roman dans un zoo où ils sont les « bêtes à admirer ».
Comment l’Europe en est-elle arrivée à exposer des humains derrière des barreaux, et quelles étaient leurs conditions de vie ?

Le racisme

Après l’invention des races humaines par les naturalistes, le racisme est devenu une normalité. L’idée de coloniser et d’exhiber des êtres humains derrières des barrières semblait ne plus déranger. Au contraire : avec l’effet de la propagande, on faisait croire que la colonisation servait à éduquer ces « sauvages » et leur apportait la civilisation.

Il y eut une forte montée de racisme avec les naturalistes et leurs théories, qui ont appuyé sur les différences physiques entre les hommes noirs et les hommes blancs. Au 19ème siècle, ces scientifiques ont profité des expositions coloniales pour pouvoir examiner les figurants, et prouver le statut supérieur de l’homme blanc face à celui de l’homme noir.

L’exhibition

L’exhibition était très falsifiée ; on disait aux figurants qui occupaient le village nègre -probablement sans grand rapport avec leur village d’origine en Afrique- de devoir danser la danse du ventre devant le public pour donner du spectacle, et amuser ce public enthousiaste de penser découvrir de nouvelles cultures. Il y avait beaucoup d’expositions coloniales en Europe, surtout à la fin du 19ème siècle.

La première idée d’exhiber des êtres humains derrière des barreaux est venue de Carl Hagenbeck : il avait l’habitude d’exposer des animaux, et avec la colonisation, les initiateurs ont pensé que cela ferait un bon spectacle pour les Européens qui ne pouvaient pas voyager. On faisait venir les indigènes d’Afrique, d’Amérique du sud et des pays du nord, ce qui a provoqué des problèmes de climat, mais c’était surtout les conditions de vie qui étaient difficiles à supporter. Les indigènes étaient généralement volontaires, mais ce n’est pas pour autant que leurs conditions de vie étaient profitables, et que leur salaire était respecté, ainsi que la longueur du séjour convenue. La plupart des indigènes n’était pas mieux traitée que des animaux.
Avec les expositions coloniales, les scientifiques profitaient d’avoir les spécimens sous la main ; le matin leur était réservé, pour eux et leurs mesures, tandis que le public venait visiter les indigènes durant le reste de la journée.

Mais avec le temps, les Européens se sont lassés de voir toujours les mêmes tribus, les mêmes têtes, et c’est pour cette raison que l’image de l’Afrique et des colonies est devenue encore plus fausse. Il fallait maintenir l’attention du public, alors on a commencé à dénuder particulièrement les femmes, à demander aux figurants d’être davantage féroces, de pratiquer des danses guerrières, et les indigènes devenaient même soudain cannibales, comme dans le roman de Didier Daeninckx, où les protagonistes racontent comment ils étaient forcés à jouer la comédie, et à se dénuder face au public. Une fausse idée des indigènes s’est formée progressivement, et l’exposition coloniale est devenue une pièce de théâtre constante.

Cette fausse image servait aussi à montrer le statut supérieur de l’homme blanc et le comparer avec les « autres ». Pendant les expositions, le public ne montrait aucune pitié envers les indigènes qui, lorsqu’ils rentraient plus tard dans leur pays, ont transféré des maladies, contaminant leur village d’origine.

Le rendement économique

Comme les habitants d’Europe ne voyageaient pas dans le reste du monde, les colons ont eu l’idée de faire venir les indigènes sur les territoires européens afin que les gens puissent « connaître » une autre partie du monde, sans devoir bouger de chez eux. Le tourisme marchait bien, et la propagande était là pour rassurer les Européens sur le bien de la colonisation. On leur montrait que les colonies étaient riches en ressources naturelles et qu’elles étaient bénéfiques à l’économie du pays.

La fin des expositions coloniales

Il n’est pas inutile de préciser que, pendant la Première Guerre mondiale, les Français sont allés chercher leurs soldats dans les colonies afin de les mettre en première ligne. Dans le roman Cannibale, un Africain raconte comment il a échappé à la mort à Verdun. Dans les tranchées, à force de les côtoyer, les poilus s’en sont fait une bonne image, bien différente de celle que les zoos humains ont montrée. On a même appelé les indigènes « les fils adoptifs de la France ». A cette époque, on préférait alors montrer la progression des indigènes vers la civilisation au lieu de les rendre féroce pour effrayer les gens.
C’est d’ailleurs durant l’entre-deux guerres que des mouvements anticolonialistes se sont fait entendre, et que des artistes et des hommes politiques ont appelé au boycott de l’exposition coloniale. Dans le roman Cannibale, l’auteur raconte une forme de résistance contre les zoos humains par des Blancs. Le résultat est qu’en 1931, c’est la dernière exposition coloniale à Paris, et il n’y en aura plus.


SOURCES : Cannibale, de Didier Daeninckx
Les Zoos humains ; Science & vie junior

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