vendredi 26 novembre 2021, par
Comme le tsar Nicolas I se méfie de tous les textes écrits en Russie, des cercles se forment clandestinement, la plupart étant socialistes. Mais comme ces derniers sont secrets, ils se radicalisent rapidement. Un des cercles particulièrement importants est celui des Petrachevtsy, à Saint-Pétersbourg, car la haute noblesse se trouve à Moscou et les membres du cercle sont issus de la petite noblesse russe. Il est un des premiers cercles socialistes en Russie mu par l’atmosphère révolutionnaire de 1848. Dans ce cercle auquel appartient Fiodor Dostoïevski, de jeunes hommes se réunissent pour lire des textes, en russe ou en français, comme ceux des Lumières et des philosophes français, puis en discutent ensemble, en résument d’autres, etc. George Sand était également très lue en Russie, modèle d’émancipation des femmes. C’est d’ailleurs dans ce cadre que Dostoïevski lit sa « lettre à Gogol », et à qui il reproche d’avoir retourné sa veste, en plus d’avoir fait l’apologie du tsarisme ainsi que du servage.
En avril 1849, les membres du cercle des Petrachevtsy sont tous arrêtés ; il comptait près de cent personnes. Vingt et une d’entre elles sont condamnées à mort, tandis que les autres, dont Dostoïevski, sont exilés en Sibérie. Cependant, l’exécution était une feinte. Amenés jusqu’à l’échafaud, les membres condamnés voient leur dernière heure arrivée. C’est ce moment que choisit le tsar pour les gracier, laissant de terribles séquelles aux vingt et un jeunes hommes. Ces derniers sont ensuite déportés dans des bagnes en Sibérie, que Dostoïevski relatera dans Souvenir de la maison morte.
Après cette terrible expérience, Dostoïevski renonce à ses idéaux de jeunesse et s’éloigne du socialisme jusqu’à devenir conservateur du régime autocratique. Le cercle des Petrachevtsy s’est radicalisé car il s’est développé dans la clandestinité, et fut soumis à une forte répression. Désormais, l’écrivain est convaincu que l’engagement, c’est se mettre en danger. Herzen et Bakounine, pour ne citer qu’eux, ont dû s’exiler pour échapper à la répression. Cependant, ce cercle inscrit dans une époque qui promeut la culture permet une évolution intellectuelle russe importante au XIXe siècle.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
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