mardi 18 septembre 2007, par
L’expression Guerre des Boers se rapporte à deux conflits, l’un intervenu de 1880 à 1881 et le deuxième du 11 octobre 1899 au 31 mai 1902, tous deux entre les Britanniques et les colons d’origine néerlandaise (appelés alors Boers puis Afrikaners au XXe siècle) en Afrique du Sud. À la fin du deuxième conflit, les deux républiques fondées par les Boers perdirent leur indépendance et furent intégrées à l’empire britannique.
La première altercation fut précipitée par Sir Theophilus Shepstone qui annexa le Transvaal (the South African Republic) pour le compte des Britanniques en 1877 après la Guerre anglo-zouloue. Les Boers protestèrent et se révoltèrent en 1880. Les Boers étaient habillés en vêtements khaki couleur de terre, alors que les uniformes britanniques arboraient une couleur rouge vif, ce qui permit aux Boers de tirer facilement et à distance sur les troupes de l’Empire. Après la défaite d’une expédition britannique commandée par George Pomeroy-Collery en février 1881 à la Bataille de Majuba Hill, le gouvernement britannique de Gladstone donna aux Boers leur autonomie sous une tutelle britannique théorique.
En 1887, des prospecteurs découvrirent le plus important gisement d’or au monde, situé à Witwatersrand (« Barrière de l’Eau Blanche »), une arrête montagneuse se déroulant de 100 kilomètres à l’est jusqu’à 50 kilomètres au sud de Prétoria. En réponse aux opportunités de profit que tous envisageaient suite à une telle découverte, le président du Transvaal Paul Kruger fit cette remarque prémonitoire : « Au lieu de vous réjouir, vous feriez mieux de pleurer, car cet or imbibera notre pays de sang ».
Paul Kruger
Avec la découverte d’or au Transvaal, des milliers de colons britanniques arrivèrent de la Colonie du Cap. Johannesburg devint une ville champignon pratiquement du jour au lendemain, au fur et à mesure de l’installation des uitlanders près des mines. Les uitlanders dépassèrent rapidement en nombre les Boers sur le gisement, bien que restant une minorité dans le Transvaal lui-même. Les Boers, agacés par la présence des uitlanders, leur refusèrent le droit de vote et taxèrent lourdement l’industrie aurifère. En réponse, les uitlanders exercèrent une pression sur les autorités britanniques, en vue d’obtenir le renversement du gouvernement boer. En 1895, Cecil Rhodes appuya une tentative de coup d’État par une action militaire, le raid Jameson.
L’échec de cette tentative de gagner des droits pour les citoyens britanniques fut utilisé pour justifier une opération militaire majeure à partir du Cap, d’autant que le chemin de fer envisagé par Cecil Rhodes entre Le Cap et Le Caire devait nécessairement traverser le territoire des Boers. Plusieurs autres dirigeants coloniaux britanniques se prononcèrent en faveur de l’annexion des républiques boers. Parmi ces dirigeants, le gouverneur de la Colonie du Cap, Sir Alfred Milner, le ministre des Colonies Joseph Chamberlain et les dirigeants d’associations de prospecteurs (les gold bugs) tels que Alfred Beit, Barney Barnato et Lionel Phillips. Sûrs que les Boers seraient rapidement vaincus, ils tentèrent de précipiter la guerre.
Le Président Marthinus Steyn de l’État libre d’Orange invita Milner et Kruger à une conférence à Bloemfontein, qui débuta le 30 mai 1899, mais les négociations furent rapidement interrompues. En septembre 1899, Chamberlain envoya un ultimatum exigeant la complète égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal.
Kruger anticipant que la guerre était inévitable, lança son propre ultimatum avant même d’avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal, ou la guerre leur serait déclarée en accord avec leur allié, l’État libre d’Orange.
La guerre fut déclarée le 12 octobre 1899, et les Boers attaquèrent les premiers en envahissant la Colonie du Cap et la Colonie du Natal entre octobre 1899 et janvier 1900. Il s’ensuivit quelques succès militaires contre le général Redvers Buller. Les Boers assiégèrent ainsi les villes de Ladysmith, Mafeking (défendue par des troupes sous les ordres de Robert Baden-Powell), et Kimberley.
Les sièges causèrent d’importantes pertes humaines parmi les défenseurs et les civils dans les villes de Mafeking, Ladysmith et Kimberley quand la nourriture commença à se faire rare après quelques semaines. À Mafeking, Sol Plaatje écrivit, « J’ai vu de la viande de cheval pour la première fois traitée comme de la nourriture ». Les villes assiégées subirent également des tirs d’artillerie nourris, rendant les rues dangereuses à traverser. À la fin du siège de Kimberley, supposant une intensification des bombardements, une annonce fut faite, encourageant la population à se réfugier dans les mines pour se protéger. La population paniqua, et les gens s’engouffrèrent pendant 12 heures dans les mines. Les bombardements n’eurent jamais lieu - ce qui ne réduit en rien la détresse éprouvée par les civils.
A la mi-décembre, au cours d’une période connue sous le nom de Semaine noire, du (10 au 15 décembre 1899), les Britanniques subirent de nombreuses pertes à Magersfontein, Stormberg, et Colenso. À Magersfontein, le commandant boer Koos de la Rey, élabora un plan pour creuser des tranchées dans un endroit inattendu, pour à la fois tromper les Britanniques et donner à ses hommes un meilleur angle de tir. Son plan fonctionna parfaitement et ils défirent les Britanniques qui laissèrent près de 1 000 hommes sur le terrain - qui ne purent par conséquent pas s’en prendre à Kimberley et Mafeking. Des défaites similaires à Stormberg et Colenso conclurent cette Semaine noire.
Après encore une nouvelle défaite dans leur tentative de briser le siège de Ladysmith lors de la bataille de Spion Kop, les troupes britanniques, commandées par Lord Roberts ne reprirent l’initiative qu’avec l’arrivée de renforts le 4 février 1900. Georges de Villebois-Mareuil rejoignit les Boers au Transvaal, et commanda la légion des étrangers qui participèrent à la guerre contre les Britanniques. Il est nommé général par le président Krüger en mars 1900. Au Boshof, en avril 1900, le petit détachement qu’il commande est encerclé et exterminé par les Britanniques. La levée du siège de Mafeking le 18 mai fut à l’origine de célébrations au Royaume-Uni qui débouchèrent sur des émeutes. Les Britanniques parvinrent à forcer la reddition du Général Piet Cronje et de 4 000 de ses combattants, et à affaiblir le reste des troupes boers. Ils avancèrent alors au cœur des deux républiques, prenant la capitale de l’État libre d’Orange, Bloemfontein le 13 mars et la capitale du Transvaal, Prétoria, le 5 juin.
De nombreux observateurs britanniques pensaient la guerre terminée après la capture des deux capitales. Mais les Boers se réunirent en une nouvelle capitale, Kroonstad, et mirent sur pied une campagne de guérilla pour attaquer les lignes de communication et de ravitaillement britanniques.
La guérilla boer commença à attaquer les chemins de fer et les lignes télégraphiques de l’armée britannique. Leur nouvelle tactique changea la physionomie de la guerre et rendit les formations militaires britanniques traditionnelles inefficaces.
Le nouveau dirigeant de l’armée britannique, Lord Kitchener, réagit en construisant des postes fortifiés, des petites constructions de pierre entourées de fils barbelés, afin de réduire les mouvements des groupes de guérilla en de petites zones où ils pouvaient être battus. Des fils de fer barbelés étaient tirés jusqu’au poste fortifié suivant, distant d’environ 1 000 yards. Ces clôtures étaient agrémentées de cloches, de boîtes de conserve et d’autres matériaux bruyants, et parfois de fusils chargés en direction des fils pour servir d’alarme. Entre janvier 1901 et la fin de la guerre, environ 8 000 postes fortifiés composaient cette toile de près de 6 000 kilomètres. Chaque poste fortifié était tenu par un sous-officier et six autres soldats, avec un lieutenant commandant trois ou quatre postes fortifiés. Les Britanniques avaient environ 450 000 hommes (Britanniques et troupes coloniales) stationnés dans la région.
Les postes fortifiés permirent en effet de réduire les mouvements des guérillas, mais ne pouvaient à eux seuls les battre. Kitchener forma de nouveaux régiments de troupes irrégulières de cavalerie légère, y compris des carabiniers Bushveldt, qui parcoururent les territoires contrôlés par les Boers, traquant les groupes de combattants.
En mars, il adopta une stratégie de la terre brûlée et se mit à vider les campagnes de tout ce qui pouvait être utile aux guérillas boers. Il faisait saisir les stocks de vivres, brûler les récoltes et les fermes et évacua les familles qui vivaient là vers des camps de concentration.
Cette stratégie mena à la destruction d’environ 30 000 fermes et une quarantaine de petites villes. En tout, 116.572 Boers furent envoyés dans des camps, soit à peu près un quart de la population, auxquels s’ajoutaient encore quelque 120 000 Africains noirs.
Ces nouvelles tactiques de combat brisèrent rapidement le moral et les lignes de ravitaillement des combattants boers. En décembre 1901, de nombreux camps furent vidés, et nombre des libérés rejoignirent deux nouveaux régiments combattant aux cotés des Britanniques, le Transvaal National Scouts (les Éclaireurs Nationaux du Transvaal) et le Orange River Volunteers (les Volontaires de la Rivière Orange), pour aider à mettre fin à la guerre.
Au cours de la guerre, les colons firent appel aux forces de l’empire britannique. Le Canada fut alors sollicité. Mais les élites et la presse canadiennes-françaises s’opposèrent fermement à une participation canadienne à cette guerre impériale et lointaine. Finalement, le premier ministre de l’époque Wilfrid Laurier proposa un compromis : le Canada n’enverrait que des volontaires (7 300 hommes en tout seront recrutés) et le Royaume-Uni absorberait les coûts des opérations militaires.
Ces camps furent au départ installés pour héberger les réfugiés dont les fermes avaient été détruites au cours des combats. Le terme de « camp de concentration » n’avait pas à l’origine de sens négatif, car il s’agissait simplement d’un camp où les réfugiés étaient concentrés. Cependant, suite aux instructions de Kitchener, ils furent rapidement nombreux à être construits et convertis en prisons.
Il y eut au total 45 camps de tentes construits pour les Boers et 64 autres pour des Africains noirs. Les camps de Boers abritaient essentiellement des personnes âgées, des femmes et des enfants pour un total d’environ 120 000 personnes. 25 630 d’entre aux furent envoyés à l’étranger. Mais les camps pour les Africains noirs comptaient également de nombreux hommes. Même après avoir été forcés d’évacuer les territoires boers, les Africains noirs ne furent pas considérés comme hostiles aux Britanniques et servirent de main d’œuvre salariée. Des camps de détentions furent également installés aux Bermudes, en Inde, à Sainte-Hélène et à Ceylan.
Les conditions de vie dans ces camps étaient particulièrement insalubres et les rations alimentaires réduites. Les épouses et les enfants de soldats combattants se voyaient de plus imposer de plus faibles rations. Le régime alimentaire pauvre et le manque d’hygiène furent à l’origine de l’apparition de maladies contagieuses telles la rougeole, la fièvre typhoïde et la dysenterie. Combinée avec des manques en matériel et fournitures médicales, la situation provoqua de nombreux décès - un rapport postérieur à la guerre estima à 27 927 le nombre de Boers décédés (desquels 22 074 enfants de moins de 16 ans) et 14 154 Africains noirs, morts de famine, de maladies et d’exposition au soleil. En tout, environ 25 % des Boers et 12 % des Africains noirs moururent (des recherches récentes suggèrent une sous-estimation des pertes africaines, qui se monteraient en fait à environ 20 000 victimes).
Une déléguée du Fonds Sud-Africain pour la Détresse des Femmes et des Enfants, Emily Hobhouse, fit beaucoup pour les détenus à leur retour du Royaume-Uni, après avoir visité des camps dans l’État libre d’Orange. Son rapport de quinze pages suscita l’indignation, et conduisit à l’envoi d’une commission gouvernementale, la Commission Fawcett, qui visita les camps d’août à décembre 1901 et confirma les faits mentionnés dans le rapport. La commission fut extrêmement critique à l’égard des camps et formula de nombreuses recommandations, telles que l’amélioration du régime alimentaire et des équipements médicaux.
En février 1902, le taux de mortalité annuel tomba de 6,9 % à 2 %.
En tout, la guerre coûta environ 75 000 vies - 22 000 soldats britanniques (7 792 au cours d’affrontements, le reste de maladies comme la typhoïde[2]), 4 000[3] à 7 000 soldats boers, 20 000 à 28 000 civils boers et sans doute 20 000 Noirs. Les derniers Boers se rendirent en mai 1902 et la guerre se termina officiellement avec le Traité de Vereeniging le même mois. Les Boers se virent remettre 3 millions de livres Sterling en compensation, et la promesse d’un gouvernement local indépendant. L’Union de l’Afrique du Sud vit le jour en 1910. Mais le traité avalisait la fin de l’existence du Transvaal et de l’État libre d’Orange en tant que républiques Boer et les plaça sous contrôle de l’Empire britannique.
Les Boers évoquent ces guerres sous le terme de Guerre de la liberté (en langue Afrikaans : Eerste en Tweede Vryheidsoorlog).
sources wikipedia
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Messages et commentaires
1. Guerre des Boers, 19 mars 2012, 19:40
trés bon article il me semble mais serait il possible qu’un article annexe soit ecrit sur les différent point obscur comme la guerre anglo-zoulou ?
Répondre à ce messagej’aurai aimé avoir plus d’information sur la totalité du sujet et il me semble que vos articles sont appropriés. je vous demande donc si vous pouvez écrire un article plus complet sur tout contexte des guerres.
2. Guerre des Boers, 27 mars 2012, 00:35
Bon site, bon contenu . Si vous avait un travaux d’histoire a faire, je recommande ce site je l’est utiliser et j’ai aquis une note de 97% Merci a l’administrateur
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