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La situation sur les divers fronts, au début de l’année 1915, est loin d’être favorable aux alliés occidentaux. En France, la guerre de mouvement s’est arrêtée aux rives de la mer du Nord. Sur l’immense ligne de feu, qui va des plages belges aux frontières de la Suisse, les adversaires s’enterrent, faute de pouvoir se porter un coup décisif. Joffre croit encore à l’offensive, mais son adversaire allemand, Falkenhayn, joue la défensive sur le front occidental pour faire porter tout son effort sur les troupes russes déjà battues à Tannenberg et aux lacs Mazurie. L’empire russe qui paraissait invincible en 1914 est, en effet, à bout de forces. Les appels à l’aide en direction des alliés occidentaux se multiplient. Les grandes offensives de 1915, en Artois et en Champagne, n’auront pas d’autres justifications. Malgré leur échec, qui coûtera près de 500 000 soldats hors de combat aux alliés, elles reculeront quand même de deux ans l’effondrement inévitable des Russes et donneront le temps aux Américains d’intervenir.
Dans ce vaste tableau politico-militaire, l’expédition des Dardanelles tient une place à part. Un jeune ministre britannique, Winston Churchill, s’en fera le plus ardent promoteur, plaidant que ce coup porté à l’ennemi pouvait changer la face des choses, en libérant les Russes de la pression turque et en remettant en cause les alliances que l’Allemagne tentait de nouer dans les Balkans. Mais il y a souvent loin de la conception à la réalisation : l’opération des Dardanelles et le débarquement à Gallipoli en sont l’exemple.