samedi 28 avril 2007, par
La Guerre hispano-américaine eut lieu en 1898, et eut pour conséquence l’indépendance de Cuba et la prise de contrôle d’anciennes colonies espagnoles dans les Caraïbes et le Pacifique par les États-Unis d’Amérique.
La position de l’Espagne en tant que puissance mondiale avait décliné. À la fin du XIXe siècle ne lui subsistaient que quelques petites possessions dans l’océan Pacifique, l’Afrique et les Indes, la plus grande partie de son empire colonial avait acquis son indépendance, et un certain nombre des zones encore sous contrôle espagnol était susceptible de le faire. Les guerillas opéraient dans les Philippines, et avaient été présentes à Cuba pendant des decennies.
Vers 1894, le capital américain investit dans les plantations de sucre et les raffineries de Cuba représente environ 50 millions de dollars et le commerce annuel entre les États-Unis et Cuba une centaine de millions de dollars. Le sucre constitue de loin le principal produit d’exportation et est écoulé principalement vers les États-Unis. Par ailleurs, un certain nombres d’adeptes du commodore Alfred Mahan, célèbre théoricien et stratège, voyaient dans cette île proche des États-Unis une zone propice à la création de bases navales.
Or, Cuba va connaître des troubles. Le petit peuple des peons y vivaient déjà dans la misère, même au temps de la prospérité économique. Mais après 1890, une série de difficultés rend leur situation encore plus intolérable : concurrence accrue du sucre de betterave européen, baisse du prix du sucre lors de la dépression de 1893, surtout le tarif douanier Wilson-Gorman (1894) qui augmentait de 40 % les droits de douane sur le sucre et faisait disparaître la position privilégiée du sucre cubain sur le marché américain. Etant donné que le sucre représentait 80% des ressources de l’île, le résultat fut catastrophique. Les souffrances sociales qui en découlèrent et le mécontentement latent contre la domination espagnole - qui avait déjà amené dans le passé une série de révoltes, notamment en 1868-1878, - provoqua une rébellion en mars 1895.
De part et d’autre on fit preuve de cruauté. Le général espagnol Valériano Weyler, à partir de février 1896, pratiqua une politique de regroupement forcé d’une grande partie de la population - y comprit femmes, enfants, vieillards - derrière des fils de fers barbelés. Les conditions alimentaires et sanitaires étant absolument insuffisantes, des milliers de reconcentrados moururent, ce fut le premier cas moderne de camp de concentration. En deux ans, un huitième de la population, c’est-à-dire environ 200.000 personnes, succomba. De leur coté, les révoltés pratiquaient la politique de la terre brûlée, saccageant et détruisant les propriétés des partisans de l’Espagne et ravageant les plantations de sucre. Leur but étaient de provoquer la défaite des Espagnols en épuisant toutes leurs ressources.
L’opinion publique américaine, influencée du reste par les comités révolutionnaires cubains de New-York, manifesta assez vite sa sympathie pour ceux qui luttaient pour leur indépendance. Certains journaux particulièrement avides de sensationnel, surtout le New York World de Joseph Pulitzer et le New York Journal de William Randolph Hearst, firent grand cas de la barbarie des Espagnols et leur commandant en chef, Weyler, surnommée « le boucher ». Des journaux protestants - peut-être en partie par hostilité à l’égard des prêtres catholiques de Cuba - ainsi qu’un certains nombres d’organes républicains et démocrates se déclarèrent partisans d’une intervention en faveur des insurgés pour des motifs purement humanitaires. D’autre part, des partisans de l’expansion tels Theodore Roosevelt, Lodge ou Whitelaw Reid du New York Tribune, réclamaient aussi une intervention.
Ces évenements sur Cuba coïncidaient dans les années 1890 avec une bataille pour les lecteurs entre les groupes de presse américains Hearst et Pulitzer. Le style de Hearst, qualifié de « journalisme jaune », aurait pu supplanter celui de Pulitzer, et il utilisa le pouvoir de la presse pour influencer l’opinion américaine en faveur de la guerre. Malgré les documents attestant des atrocités commises dans Cuba, et de la réalité d’une rébellion qui combattait le joug espagnol, Hearst fabriquait souvent des histoires ou les montait en épingle dans un langage hautement provocateur. Hearst publia des récits sensationnalisés des atrocités que les « Espagnols cruels » infligeaient aux « pauvres Cubains ». Scandalisés par « l’inhumanité » des espagnols, les Americains étaient excités dans le but de demander une « intervention », que même les faucons les plus blasés, tel un jeune Theodore Roosevelt, auraient considéré comme une affaire réglée. Hearst est connu pour sa célèbre réponse à une demande de son illustrateur, Frederic Remington, pour revenir d’un séjour calme et sans évènements à la Havane : « Veuillez rester. Vous fournissez les images, et je fournirais la guerre. »
En revanche, les journaux reflétant la pensée des milieux économiques ou financiers faisaient ressortir qu’une guerre compromettrait le rétablissement économique qui commençait à se manifester en 1897 et menacerait la stabilité monétaire basé sur l’étalon-or.
Etant donné l’aspect passionnel du débat et la nature de la lutte à Cuba, il ne fut pas facile pour le gouvernement américain de maintenir une position de neutralité. Le président Cleveland fit tout son possible pour ne pas se laisser entraîner dans une aventure, malgré les pressions du Congrès. Son successeur McKinley s’efforça de suivre la même politique de prudence. L’amorce d’une politique de réformes à Cuba par l’Espagne -renvoi de Weyler, obtention par les Cubains des mêmes droits politiques que les Espagnols, promesse d’une éventuelle autonomie interne - fut loin de satisfaire les révoltés mais fut bien accueillie par le gouvernement américain et une partie de la presse. Le 6 novembre 1897, le Washington Post titrait : « No war with Spain. All indications point to peace. » (Pas de guerre avec l’Espagne. Tout porte à croire à la paix.) Une série d’incidents allait pourtant faire monter la tension entre les États-Unis et l’Espagne.
La publication, le 9 février 1898, par le New York Journal d’une lettre privée de l’ambassadeur espagnol à Washington DC, Enrique Dupuy de Lôme, dérobée par un espion des insurgés, fit grand bruit : dans cette missive, l’auteur décrivait le président McKinley comme « un faible recherchant l’admiration des foules » !
Six jours plus tard, le cuirassé « USS Maine » explosait dans la rade de la Havane.
Malgré les journaux - si l’on met à part le Journal et le World - , les politiciens, les hommes d’affaires et les membres du clergé qui appelaient au calme, l’opinion publique fut atteinte, suivant l’expression d’un diplomate européen, « d’une sorte de furie belliqueuse ». Des manifestations brûlaient des Espagnols en effigie dans les rues : un enthousiasme guerrier déferla d’un bout à l’autre du pays. Devant l’inaction du gouvernement, on commença à siffler McKinley dans les rues et dans les théâtres.
Devant la montée de cette marée de bellicisme, les avocats de la paix commencèrent à faiblir. Le Chicago Times Herald écrivait le 9 mars 1898 : L’intervention à Cuba est maintenant inévitable. Nos conditions politiques internes ne permettent pas de la repousser. D’autres journaux emboîtèrent le pas. Le 19, un sénateur républicain du Vermont, modéré et respecté, Redfield Proctor, déclara devant le Sénat qu’un récent voyage à Cuba l’avait convaincu du bien-fondé d’une intervention. De nombreux hommes d’affaires, des organismes économiques, divers groupes religieux qui s’étaient montrés modérés commencèrent à changer d’avis. De nombreux dirigeants politiques décidèrent qu’il n’était désormais plus raisonnable de s’opposer à la demande générale en faveur de la guerre. Chez les Démocrates, par exemple, Bryan, qui avait manifesté jusque-là beaucoup de prudence, se prononça à la fin de mars pour l’intervention. De leur côté, de nombreux républicains firent pression sur le gouvernement qu’ils menacèrent de ne plus soutenir s’il ne tenait pas davantage compte de la volonté populaire.
Devant une telle fièvre guerrière, quelle fut l’attitude de McKinley ? Personnellement désireux d’éviter la guerre, il demanda le 27 mars 1898 à l’Espagne de conclure un armistice avec les révoltés, de supprimer la politique des camps de concentrations, enfin d’accepter une médiation américaine. En fait, il s’arrangea pour faire savoir à l’Espagne qu’il désirait que Cuba obtînt son indépendance. Le gouvernement espagnol accepta tout, sauf la promesse d’indépendance. Comme le remarque Ernest May, en refusant la plus importante des exigences américaines, l’Espagne acceptait l’éventualité d’une guerre avec les États-Unis.
Aux États-Unis, le parti de la guerre, qui continuait de s’organiser, renforça sa pression sur le président. Celui-ci ne voulait pas laisser aux Démocrates, en cette année d’élection, le privilège de défendre l’indépendance de Cuba. Il redoutait aussi une initiative du Congrès qui le mettrait dans l’embarras. Aussi, en dépit des concessions de l’Espagne, McKinley proposa-t-il au Congrès, le 11 avril 1898, une intervention. Le 19, celui-ci déclara que Cuba devait être libre et autorisa l’usage de la force pour libérer l’île. Un amendement précisa que les États-Unis n’annexeraient pas l’île. L’Espagne chercha désespérément l’appui des autres puissances européennes, mais sans succès. Certes, sa cause n’était guère attirante. Mais surtout les pays d’Europe ne se souciaient pas de se brouiller avec les États-Unis avec toutes les conséquences économiques et financières que cela pouvait entraîner. Abandonnée de tous, l’Espagne n’eut pas d’autre solution que déclarer la guerre aux États-Unis le 24 avril 1898, l’US Navy ayant de leur côté déjà établi le blocus de l’île dès le 21.
Finalement, à quelles pressions McKinley avait-il cédé ? La plupart des historiens considèrent que la guerre n’a pas éclaté sous la pression des milieux économiques. Si l’on met à part quelques propriétaires qui avaient eu leurs biens dévastés dans l’île, les armateurs engagés dans le commerce avec Cuba et quelques individus désirant obtenir des contrats du gouvernement, en fait, on ne peut pas parler de pressions concrètes des milieux économiques sur le gouvernement pour une intervention à Cuba en 1898.
Au contraire, le monde des affaires s’efforça durant trois ans de résister à toutes les pressions, Julius W. Pratt, au terme d’une étude minutieuse des journaux économiques et financiers, des procès-verbaux des Chambres de commerce et des pétitions envoyé au Département d’État, conclut que les milieux économiques, bancaires, industriels et commerciaux, tout particulièrement dans l’Est, étaient violemment hostiles à la guerre à la fin de 1897 et au début de 1898. La reprise des affaires qui datait de 1893, avait connu deux rechutes, une premières fois en 1895 et une nouvelle fois au moment de la campagne en faveur de la frappe libre de l’argent en 1896. En 1897, la situation économique se rétablit à nouveau, le commerce extérieur était en progrès ; les industriels, les commerçants, les financiers étaient optimistes. En politique intérieure, la grande lutte électorale de 1896 avait abouti au triomphe du grand capitalisme. Une guerre ne risquait-elle pas de venir jeter le trouble ? Elle « mettra en péril la marche de la prospérité », écrit le New Jersey Trade Review. Le chef de l’organisation électorale du parti républicain, Mark Hanna, porte-parole au Sénat des milieux d’affaires, estimait que la guerre « pour la politique économique intérieure ». Le Wall Street Journal, en décembre 1897, et février 1898, souhaitait qua la question de Cuba reçût une solution pacifique. Ainsi, Théodore Roosevelt, lui-même très favorable à la guerre, écrivait-il le 5 avril 1898 à Robert Bacon : « Ici, à Washington, nous avons l’impression que tous ceux qui ont un lien quelconque avec les intérêts du big business sont prêts à aller au-devants de n’importe quelle infamie afin de conserver la paix et d’éviter que les affaires ne soient perturbées. »
Pour l’historien américain Walther La Feber, au contraire, « la communauté économique américaine n’était pas aussi monolithique dans son opposition à guerre ». Elle aurait même été déjà fortement préoccupée par recherche de nouveaux marchés, notamment depuis la dépression de 1893. Pour La Feber, ce n’est pas l’influence du Congrès ni celle des journalistes à sensation qui expliquent le durcissement de l’attitude de McKinley à partir du 10 avril, mais l’évolution in extremis de nombreux hommes d’affaires en faveur d’une politique belliciste. McKinley ne désirait pas la guerre et a même tenté de l’éviter, mais il voulait aussi ce que seule une guerre pouvait obtenir : l’indépendance de Cuba et en même temps la disparition de l’incertitude qui pesait sur la vie politique et économique du pays. Quoi qu’il en soit, devant la rapidité des succès militaires, les réserves exprimées par les industriels s’évanouirent. D’abord, on se rendit compte que la guerre pourrait être courte et faciliterait la reprise économique. Ensuite le triomphe de l’amiral Dewey à Manille offrait, avec la possibilité d’un point d’appui en Extrême-Orient, le moyen de contrecarrer les avantages que l’empire russe, l’empire allemand, l’empire britannique et la France avaient récemment gagnés avec l’obtention de territoires à bail en Chine.
Toutefois, même si McKinley ne s’était décidé à devenir intransigeant que lorsqu’il avait eu la certitude d’obtenir l’appui d’un certain nombres d’hommes d’affaires, il ne faut pas oublier qu’il était soumis à une énorme pression de la part de l’opinion publique. Devant la montée du sentiment belliciste, McKinley craignit de provoquer une scission dans le parti républicain et ruiner ses chances de réélection en 1900 s’il continuait de s’opposer à la guerre. Les milieux d’affaires s’étaient, en fait ralliés à l’idée d’une politique expansionniste prêchée par d’autres depuis longtemps. Ils n’en avaient pas été les promoteurs.
Quelle était donc l’origine de la vague de fond belliciste ? Ernest R. May, dans livre Imperial Democracy, propose une explication d’ordre psychologique. Les États-Unis étaient dans une situation d’inquiétude. Ce pays, jusque-là largement protestant et anglais, à l’économie rurale, avait vu en peu de temps le nombre de catholiques s’accroître ainsi que l’industrialisation et l’urbanisation triompher. Un malaise s’empara de la population de vieille souche. Cette inquiétude latente fut brusquement avivée par la crise de 1893. Ne s’est-il produit une sorte de transfert irrationnel de ces anxiétés et de ses angoisses sur les Cubains souffrant eux aussi ? Pour le peuple comme pour le gouvernement américain, la guerre avec l’empire espagnol monarchique, catholique, latine n’avait peut-être pas d’autre but que de porter remède à leurs propres inquiétudes. En tous cas, jamais peut-être la nation ne connut pareille unanimité.
Il y eut toutefois plus de pressions véritables et sincères incitant à la guerre. Confrontés à la défaite et un manque d’argent et de ressources pour continuer à combattre l’occupation espagnole, les révolutionnaires cubains et leur futur président, Tomás Estrada Palma, déposèrent secrètement 150 millions de dollars dans une banque américaine pour acheter l’indépendance de Cuba, ce que l’Espagne refusa. Il négocia alors adroitement et fit la propagande de sa cause auprès du Congrès américain, éventuellement en garantissant de payer la facture d’une intervention américaine.
La Marine des États-Unis d’Amérique s’était alors considérablement développée, mais n’avait pas encore eu l’occasion d’être testée, et plusieurs vieux chiens de guerre étaient enthousiastes à l’idée de tester et d’utiliser leurs nouveaux outils. La marine avait conçu des plans pour attaquer les Espagnols dans les Philippines plus d’un an avant le début des hostilités. La fin de la conquête de l’Ouest et du conflit à grand échelle avec les Amérindiens laissait l’armée inoccupée, et les état-majors espéraient qu’une nouvelle tâche leur incomberait bientôt. Depuis des temps fort anciens, certains Américains avaient pensé que Cuba leur revenait de droit. La soi-disante théorie de la destinée manifeste faisait de l’île, aux portes des côtes de la Floride, une candidate toute désignée pour l’expansion américaine. La majorité de l’économie insulaire était déjà dans les mains de l’Amérique, et la majorité de son commerce, dont une bonne partie était clandestin, s’effectuait avec les États-Unis. Quelques dirigeants économiques ont eux aussi incité au conflit. Selon les propres mots du sénateur du Nebraska John M. Thurson : « La guerre avec l’Espagne pourrait accroître le commerce et les revenus de chaque compagnie de chemin de fer américaine ; cela pourrait accroître la production de chaque usine américaine ; cela pourrait stimuler chaque branche de l’industrie et du commerce domestique. »
En Espagne, le gouvernement n’était pas totalement en défaveur de la guerre. Les États-Unis n’étaient pas une puissance avérée, alors que la marine espagnole quoique décrépite avait un passé glorieux ; on pensait que cela pourrait être un défi aux États-Unis. Il existait également une notion largement répandue auprès des leaders aristocratiques espagnols que l’armée et la marine des États-Unis, empruntes d’une mixité ethnique certaine, ne pourraient jamais survivre à d’aussi fortes pressions.
Le 15 février 1898, une explosion eut lieu à bord du navire de guerre de l’US Navy USS Maine, ancré dans le port de La Havane qui coula rapidement, entraînant la mort de 266 hommes. Les preuves quant à la cause de l’explosion étaient peu concluantes car contradictoires, néanmoins, la presse américaine, menée par les deux journaux new-yorkais, proclama que c’était certainement un ignoble acte de sabotage commis par les Espagnols. La presse poussa le public à réclamer la guerre avec ce slogan : "Rappelez-vous du Maine ! L’Espagne en enfer !". Ce sentiment chauvin et belliciste prit le nom de jingoisme, expression inventée au Royaume-Uni en 1878. Grâce aux avancées scientifiques modernes, on s’accorde pour dire que cette explosion fut due à une combustion spontanée de magasins de poudre situés trop près de sources de chaleur.
La lutte entre l’Espagne et les États-Unis était inégale. Certes sur le papier, l’Espagne pouvait paraître puissante : 200 000 soldats à Cuba et une flotte de croiseurs cuirassés et de torpilleurs supérieure en nombre à l’US Navy. Mais les navires de guerre de celle-ci était beaucoup plus récents et mieux entraînés. L’Espagne n’opposa en fait qu’une faible résistance et les opérations militaires furent assez courtes. Elle avait placé, semble-t-il ses espoirs dans une aide extérieure, une intervention européenne, qui ne se produisit pas.
La plus populaire de toutes les guerres américaines, la spendid little war , selon l’expression de John Hay, s’organise aux États-Unis dans la pire confusion. L’US Army ne comptant que 28 183 hommes, on fit appel à des volontaires qui ne recevaient que des fusils démodés et manquaient de tentes et de couvertures. N’ayant pas d’uniformes d’été, ils partirent pour les tropiques avec le lourd uniforme bleu en laine !
Les premiers combats se déroulèrent non pas à Cuba mais aux Philippines, également possessions espagnoles. L’escadre américaine du Pacifique composé de 7 navires de guerre, commandée par l’amiral Dewey, envoya par le fond, à l’aube du 1er mai 1898, la flotte espagnole de 10 navires de l’amiral Patricio Montojo sans perdre un seul homme.
A Cuba même, un corps expéditionnaire de 17 000 hommes débarqua le 20 juin 1898. Parmi eux, il y avait une unité de volontaires - le régiment de cavalerie des Rough Riders - commandés en titre par le colonel Leonard Wood et en fait par le lieutenant-colonel Theodore Roosevelt qui avait démissionné de son poste d’assistant secretary of the Navy le 7 mai 1898 pour se joindre à l’expédition. L’armée espagnole ne sut pas profiter de sa supériorité numérique. Il est vrai qu’ils n’avaient que 13 000 hommes sur les lieux du débarquement et qu’ils étaient très mal organisés pour le transport de leurs troupes. Dans les combats qui se déroulèrent pour la prise des hauteurs des collines San Juan, Théodore Roosevelt établit sa réputation de soldat téméraire et de héros. Ces combats furent d’ailleurs durs et sanglants, et les Américains, mal commandés, manquant de renforts, de nourriture et de munitions, étaient « au bord d’un désastre militaire », selon l’avis même de Roosevelt.
C’est encore sur mer que se joua le sort des armes : la flotte américaine coula en quelques heures les navires espagnols de l’amiral Cervera qui tentait de sortir du port de Santiago de Cuba le 13 juillet. Privées de tout appui naval, les forces espagnoles de Cuba capitulèrent le 17 juillet. Porto Rico fut occupé sans résistance le 25 juillet par un contingent de 500 hommes.
Finalement, pendant cette guerre de dix semaines, les forces américaines avaient perdu 5 462 hommes dont seulement 379 sur les champs de batailles tandis que les forces espagnoles déploraient la pertes de 2 généraux, 581 officiers et de 55 078 soldats et marins.
Le 12 août 1898, l’Espagne accepta un traité de paix préliminaire mettant fin aux hostilités à Cuba. Le lendemain, Manille tombait aux mains des Américains aidés par les insurgés philippins. Le traité de Paris signé le 10 décembre 1898 mit un terme officiel à cette guerre.
La guerre de 1898 a constitué incontestablement un tournant dans l’histoire américaine. Les États-Unis prenaient place dans les grandes puissances de la planète. Le Washington Post écrit à l’époque un éditorial très pénétrant : « Nous avons désormais à faire face à une étrange destinée. Le goût de l’empire chez un peuple est comme le goût du sang pour les animaux de la jungle. Cela veut dire une politique impériale, une République renaissante prenant sa place au milieu des nations en armes. »
Désormais les Américains ne pouvaient plus se contenter de s’occuper que de leurs affaires intérieures. Les États-Unis avaient établi leur suprématie sur les Caraïbes et étendu leur influence jusqu’aux rivages de l’Asie. Ils étaient devenus une puissance mondiale par la manifestation de leur force et celle-ci allait dorénavant affecter la politique internationale de toutes les grandes puissances.
sources wikipedia
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