d’Alexandre Premier
mercredi 22 mars 2023, par
La Russie de Catherine la Grande est un immense empire multiethnique, dont le gouvernement est une monarchie absolue.
Après une grande émigration des Tatars de Crimée - qui seront déportés par Staline après la Seconde Guerre mondiale - et l’annexion de nombreux territoire comme la Sibérie depuis Ivan le Terrible, la Russie comprend des populations musulmanes, ainsi que juives, provenant de la Pologne où ces dernières ont trouvé l’accueil. Il y a également des catholiques, rendant cet empire multiconfessionnel. De plus, les Ukrainiens étant orthodoxes et slaves, comptent pour une grande partie et les Russes représentent moins de la moitié de la population dans un empire qui s’étend.
Au XIXe siècle commence le règne d’Alexandre 1er, après que Paul I, tsar despotique, a été assassiné. L’arrivée d’Alexandre 1er au pouvoir est un soulagement pour le peuple russe : en effet, le nouveau tsar souhaite un retour au règne de Catherine proclamant « je veux régner selon [s]es lois. » Il s’agit donc d’une souveraine autocrate, qui se disait éclairée, et dont le règne est perçu comme favorable aux yeux des aristocrates. En effet, pour s’assurer une légitimité, Catherine II a octroyé des terres aux nobles qui étaient proches d’elle et les fidéliser.
Peu avant le règne d’Alexandre, en Occident, a lieu la Révolution française. Tous les monarques européens sont terrifiés par ce qui a bouleversé la France et voient d’un très mauvais œil les philosophes sur qui ils remettent la faute. C’est le cas d’Alexandre qui, se sentant menacé, refuse de céder une once de son pouvoir.
Afin d’éviter de trop compromettre ses avantages de monarque, Alexandre premier ne propose que des mesures minimes, qui ne sont finalement que symboliques… excepté lorsqu’il s’agit de rétablir la charte de la noblesse, que Paul avait supprimée : cette charte autorise entre autre les châtiments corporels.
Alexandre commence par mettre fin à l’interdiction d’importer des livres étrangers et restreint la censure. Dès 1801, un Comité secret est créé afin de réfléchir à un esprit de réforme. La question majeure reste celle du servage : en effet, à cette époque, les paysans représentent 90% de la population. On distingue parmi eux les paysans d’Etat qui appartiennent à la famille impériale. Alexandre applique alors deux mesures : la première, en 1803, consiste en l’élaboration d’un décret sur les agriculteurs libres. Mais cette première mesure n’est pas applicable, car les agriculteurs nécessitent d’avoir un minimum d’argent ce qui n’est pas leur cas. La seconde mesure, en 1808, interdit la vente de serfs sur les marchés. Mais cette mesure n’est qu’officielle : en réalité, ces pratiques continuent. Après ces nouveautés, Alexandre refuse d’abandonner une partie de son pouvoir autocratique, tout comme sa grand-mère Catherine. Le Conseil secret n’agit plus après 1803.
Cependant, jusqu’en 1812 certaines réformes mineures sont entreprises : en 1801, les roturiers ont davantage le droit de posséder des terres. Une année plus tard, les Collèges deviennent des Ministères. En 1809, il est désormais obligatoire de réaliser des études supérieures afin d’accéder aux échelons supérieurs de la hiérarchie civile ; le Conseil d’Etat est créé l’année suivante.
Mikhaïl Speranski, le conseiller du tsar, se veut réformateur : il demande notamment une monarchie constitutionnelle ce qui lui vaut d’être détesté par les conservateurs, notamment par Nikolaï Karamzine. Si elle avait été acceptée, cette dernière aurait été la seule réforme conséquente parmi les mesures minimes d’Alexandre Ier. Mais, perçu comme francophile, il cessera sa fonction : accusé de trahison, il sera exilé en Sibérie en 1812. Par conséquent, aucune réforme importante ne sera entreprise.
Au début du règne d’Alexandre, la Russie se montre neutre dans le conflit avec la France, se rapprochant encore de l’Angleterre avec qui, depuis Ivan IV, elle entretient des relations commerciales.
Après avoir signé un traité avec la France en 1801, la Russie est en paix avec les deux grandes forces. Cela lui permet d’avancer considérablement dans la région du Caucase, qui est divisée entre le nord et le sud. En effet, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui se situent au nord, sont des états indépendants qui, au XIXe siècle, seront intégrés à la Russie. Et cela aux dépens de la Perse et de l’Empire ottoman.
Le début du XIXe siècle marque la conquête du Caucase. Depuis 1783, le royaume de Géorgie bénéficie d’un protectorat russe qu’elle a elle-même réclamé, car la Géorgie est chrétienne, et cela représente un premier pas en direction du Caucase. Elle sera annexée en 1801, entraînant une guerre entre la Perse et la Russie de 1804 à 1813. Entre temps, la Russie s’empare du Karabakh et du Chirvan, de Bakou, de Derbent et également de l’Abkhazie. A l’issue de la guerre russo-perse, le traité de Golestan est signé, assurant la paix entre les deux puissances : l’Empire perse reconnaît donc la souveraineté de la Russie sur la Géorgie.
Mais en 1806 a commencé une guerre contre la Turquie, et qui dure six ans, à savoir jusqu’au traité de Bucarest qui permet à la Russie d’obtenir la Bessarabie, le gain le plus important : elle bénéficie, en outre, de droits sur la Moldavie et la Valachie. En 1808 pourtant, la Russie est également en guerre contre la Suède. Elle annexe la Finlande. Après cela, la Russie stoppe son expansion vers l’Ouest, car elle garde en tête son but suprême : conquérir Constantinople afin de devenir l’Empire protecteur de tous les états chrétiens. Néanmoins, la Russie continuera sans relâche du côté de l’Asie au fil du siècle.
Après la défaite d’Austerlitz en 1805, et celle de l’armée russe à Friedland deux ans plus tard, le traité franco-russe de Tilsit est signé, bien qu’il soit perçu comme une humiliation pour les Russes : en effet, cette nouvelle alliance implique une rupture avec l’Angleterre de qui la Russie est proche. De plus, la Russie se retrouve du côté de la France, contre qui elle a longtemps été en guerre.
En 1810, les Russes s’opposent au blocus continental instauré par Napoléon, car il sépare la Russie de l’Angleterre, ce qui est très mauvais pour les exportations russes. En juin 1812, la Grande Armée de Napoléon envahit la Russie. Il a beaucoup plus d’hommes que l’armée russe ; cependant, l’armée de Napoléon comprend de nombreux soldats qui ne sont pas français. Elle compte notamment des Polonais, qui espèrent voir renaître leur état devenu le Duché de Varsovie depuis 1807. Du côté de l’armée russe, un fort patriotisme s’empare des troupes qui voient leur territoire national envahi. Le célèbre roman de Tolstoï Guerre et Paix relate la guerre de la Russie contre Napoléon. Mais, malgré le terrible hiver qui s’annonce, Napoléon prend Smolensk et s’enfonce encore davantage en Russie. Si l’armée russe prévoyait d’attirer stratégiquement l’ennemi à l’intérieur avant de l’encercler, cette année-là, la Russie ne parvient pas à arrêter l’armée française. De plus, en août, la bataille de Borodino menace Moscou de par sa proximité ; Napoléon y pénètre un mois plus tard. Le 14 septembre, la capitale est en flammes.
Il s’agit néanmoins d’une victoire piège pour Napoléon : en effet, soutenu par d’autres pays, Alexandre refuse la paix. Il est dès lors perçu comme le libérateur du continent européen et, seulement un mois plus tard, Napoléon quitte Moscou. Après avoir traversé notamment la Bérézina en novembre 1812, les Russes entrent à Paris en mars 1814. Un an plus tard, la Russie connaît la défaite de Waterloo avant le Congrès de Vienne… durant lequel Alexandre se glorifiera comme grand vainqueur.
Le Royaume de Pologne renaît après 1812. Mais Alexandre parvient à en devenir le roi constitutionnel en leur ayant octroyé une Constitution. Cependant, en tant que tsar réformateur, Alexandre suscite des révoltes après un discours en 1818 sur le projet d’étendre sa Constitution en Russie. Seulement, il n’en est rien. C’est la raison pour laquelle les universités réagissent, la censure se renforce et des mutineries surviennent dès 1820 dans la garde Semenovski.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
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