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La naissance du servage en Russie (XVIIe siècle)

Lorsque l’Etat moscovite progresse en direction de la Sibérie, sa plus grande expansion, les paysans deviennent déjà des serfs. 1649 marque le début du servage, l’année de sa codification. C’est donc au XVIIe siècle que commence le servage : à l’origine, les serfs étaient avant tout des prisonniers de guerre ou des ouvriers qui se vendaient car ils étaient ruinés.
Mais progressivement, le servage touche les paysans en diminuant leur liberté, les opprimant et les obligeant à payer des impôts.

La situation en Sibérie

Bien que la Sibérie soit un territoire conquis au XVIIe, il n’y eut pas de servage parmi ses habitants. En effet, comme peu de nobles résidaient là-bas et qu’il y avait beaucoup de terres, le système était bien plus libre et démocratique.

L’augmentation de serfs au cours du XVIIe siècle

En Moscovie, cependant, l’état des paysans s’aggrave. En fournissant le travail pour son propriétaire [1], le paysan le fait vivre et en devient également dépendant. Beaucoup sont endettés et rencontrent de sérieux problèmes financiers. Légalement, si un paysan a la possibilité de payer ses dettes envers son propriétaire, il peut s’affranchir. Cela se révèle néanmoins beaucoup plus difficile dans la réalité : en effet, il faut avoir assez d’argent et, une fois la somme réunie, le paysan doit attendre une certaine date avant de quitter les propriétaires terriens. D’ici-là, il est très probable qu’il soit à nouveau endetté. D’autant plus que la durée d’affranchissement rétrécit toujours plus et qu’il ne reste à un moment plus que le jour de la Saint-Georges pour le faire, soit une journée par an. C’est un bon moyen d’installer définitivement le servage, sans compter que le délai de prescription est rallongé. Le but est évidemment d’empêcher le paysan de fuir afin de défendre les intérêts de la noblesse… sans compter que la Saint-Georges est bientôt abolie.

Les fugitifs abrités par les cosaques

Comme les nobles craignent de voir partir la force humaine de leurs terres, il est plus facile pour eux de transformer leurs paysans en serfs. La date officielle de la création du servage en Moscovie est 1645. Puisque les paysans, souvent polonais, fuient en trouvant refuge chez les cosaques, la Moscovie instaure un délai de récupération qui s’allonge de plus en plus, afin que tout fugitif retourne chez son propriétaire qui, en général, est un boyard riche ou un propriétaire foncier. Ainsi, le pouvoir central s’impose sur le territoire des cosaques.

Pourquoi le servage ?

En 1649, l’Oulojenié [2] soumet les paysans aux propriétaires. Le servage se répand sur toute la Moscovie, contrairement en Europe où on renonce à l’esclavage. Si en France l’esclavage est interdit sur le territoire français, il subsiste néanmoins aux Antilles.
Le servage en Russie grandit pour deux raisons : la première concerne la dépendance grandissante du paysan envers le propriétaire car il est sur ses terres. La seconde : il est entretenu car il est favorables à la noblesse et que le gouvernement assure son maintien. Et s’il se propage et persiste, c’est parce que le statut de serf est héréditaire : les enfants naissent serfs si leurs parents le sont. De 1649 à 1835, le servage ne connaît pas de changements, ni en positif, ni en négatif.

La position de l’impératrice Catherine la Grande (env.1785)

En 1785, sous le règne de Catherine la Grande, la question du servage se pose comme étant un problème à résoudre : c’est la première fois qu’il est perçu comme un problème. Lors de chaque règne, une progression permet de traiter cette question de plus en plus concrètement, jusqu’à son abolition.
La majorité de la population en Moscovie, du moins au nord, comprend des paysans d’Etat. Ces derniers vivent mieux que les serfs qui, eux, dépendent de propriétaires privés. Au XVIIIe siècle, près de la moitié des paysans sont des serfs.

Nicolas Premier : l’impassibilité du tsar

Arrivé au pouvoir très peu de temps avant la révolte décabriste, Nicolas 1er redoute particulièrement les réactions du peuple. De plus, comme tous les Russes de la couche privilégiée, il craint terriblement de revivre la révolte de Pougatchev menée par les cosaques sous Catherine la Grande et relayée par les paysans russes [3]. Ainsi, il préfère ne pas toucher à la question du servage, de peur que celle-ci s’amplifie et débouche sur une insurrection. En effet, s’il faut affranchir les serfs, qu’adviendra-t-il des terres ? Resteront-elles la propriété des nobles ou celle des paysans ?

Un problème économique

Le servage devient peu à peu un frein économique à cause de la mauvaise rentabilité du travail servile : en effet, il n’y pas de compétitivité dans la production, malgré la colonisation des terres du sud-est.
Le servage en 1847, sous Nicolas 1er, résulte d’un manque de commerce et d’industrie. Dans un pays majoritairement agricole et peu industrialisé, la structure sociale se fonde uniquement selon les profits de la noblesse, et par conséquent sur l’asservissement des paysans.

La fin du servage (XIXe siècle)

Le servage est aboli par Alexandre II en février 1861, soit en même temps que la guerre se Sécession aux Etat-Unis. Cependant, en Russie, il n’y a pas de guerre pour mettre un terme à cet esclavage. [4]