jeudi 3 mai 2007, par
Voltaire est un écrivain et philosophe français du XVIIIe siècle.
De son vrai nom François Marie Arouet, Voltaire est né le 21 novembre 1694 (quoiqu’il prétendît être né le 20 février de cette année-là) à Paris où il meurt le 30 mai 1778. Il est admis à l’Académie française en 1746.
François-Marie Arouet Le Jeune, dit plus tard Voltaire, est né officiellement le 21 novembre 1694 à Paris, et baptisé le lendemain. À plusieurs reprises il affirmera être né en réalité le 20 février 1694, le baptême aurait été retardé du fait du peu d’espoir qu’il avait de rester en vie. C’est le dernier enfant de François Arouet, riche notaire et sympathisant janséniste que son fils détestait, et de Marie Marguerite d’Aumart, d’une famille noble du Poitou.
Voltaire se disait fils de Monsieur de Rochebrune, « mousquetaire, officier, auteur » (chansonnier).
Sa mère meurt en 1701 à l’âge de 41 ans environ. Son père devient notaire, charge lucrative à la Cour des Comptes.
Il commence ses études en 1704 au collège des Jésuites, futur lycée Louis-le-Grand. Il y fait de brillantes études de rhétorique et de philosophie, obtient des premiers prix. Cette éducation l’initie aux plaisirs de la conversation et du théâtre. Il devient l’ami des frères d’Argenson, René-Louis et Marc-Pierre, futurs ministres du roi Louis XV.
Vers 1706 il compose une tragédie Amulius et Numitor ; on en trouvera plus tard des extraits qui seront publiés au XIXe siècle. Après sa classe de philosophie, il quitte le collège en 1711 pour s’inscrire à l’école de droit de Paris.
En 1712 il tente le concours de l’Académie avec une ode, Le Vœu de Louis XIII mais échoue.
Filleul de l’abbé de Châteauneuf, il est introduit dans une société libertine, la Société du Temple, et reçoit un legs de Ninon de Lenclos. Il aime faire étalage de ses talents littéraires et de son esprit désinvolte et frondeur qui se déploie dans des épigrammes.
En 1713, à 19 ans, il part pour la Hollande comme secrétaire de M. de Châteauneuf, frère de son parrain. Il se fait chasser de l’ambassade de France en Hollande en raison de sa liaison avec Mlle du Noyer, dite Pimpette, qu’il voulait enlever, à la suite de la plainte de Madame du Noyer. Monsieur Arouet menace son fils de l’expédier à Saint-Domingue et de le déshériter.
En 1714, il écrit un pamphlet, Lettre à M. D***, et une satire, Le Bourbier ou le Parnasse et commence sa tragédie Œdipe. Devenu clerc de notaire, son métier ne l’inspire guère.
En 1716 il est exilé cinq mois à Sully-sur-Loire pour des vers sur les amours incestueuses du Régent Philippe III d’Orléans. En 1717, accusé d’avoir rédigé des pamphlets contre le Régent, il échappe à la déportation aux îles (Antilles) mais est emprisonné à la Bastille pendant près d’un an, entre 1717 et 1718. Il commence La Henriade, ode au roi Henri IV. Libéré en avril 1718, il est exilé à Châtenay-Malabry. Il adopte le nom de Voltaire et achève Œdipe, sa première pièce de théâtre, qui rencontra le succès en novembre, quelques mois après sa sortie de prison.
Les années de 1719 à 1724 sont des années de mondanité.
En 1726, à la suite d’une altercation avec le Chevalier de Rohan, Voltaire est emprisonné de nouveau à la Bastille.
Plusieurs hypothèses sur l’origine du pseudonyme « Voltaire » ont été formulées et ont longtemps fait débat :
* Ce serait l’anagramme de AROUET L(e) J(eune) ou plutôt de AROVET L(e) I(eune) en lettres capitales latines où U s’écrit V et J s’écrit I. AROVETLI donne VOLTAIRE. C’est l’hypothèse la plus sérieuse, et la plus souvent évoquée dans toutes les publications.
* Il s’agirait de l’anagramme phonétique d’Airvault, nom d’un bourg poitevin d’où est originaire sa famille.
* Ce peut être également le syntagme verbal signifiant en ancien français celui que l’on « voulait-faire-taire » (vol-taire), à cause de sa pensée novatrice.
* Il peut s’agir de la contraction de Volontaire avec syncope de la syllabe intérieure on.
* On pense également à l’anagramme syllabique et phonétique de « révolté » : révolté devient re-vol-tai, qui donne Voltaire.
N.B. : La critique moderne (notamment, et surtout, l’édtion de La Pléiade et les manuels scolaires) s’accorde aujourd’hui à admettre la première hypothèse comme la plus vraisemblable.
En Grande-Bretagne
Il s’exile par la suite en Grande-Bretagne de 1726 à 1729, où il découvre la philosophie de John Locke, les théories scientifiques d’Isaac Newton et la caractéristique de la monarchie britannique, dont il assurera la vulgarisation en France dans les Lettres philosophiques.
Courtisan
Voltaire partage ensuite la vie d’Émilie du Chatelet, puis rentre à Paris où il mène une carrière de courtisan avant de tomber en disgrâce.
Chez Frédéric de Prusse
En 1750, il se rend à la cour de Frédéric II à Berlin, où l’attend une position brillante, la clef de chambellan et un traitement considérable. Le roi et le philosophe se lient d’amitié, le premier pratiquant parfaitement le français. Mais les deux amis ne peuvent dissimuler longtemps leurs traits principaux, l’un son humeur altière et son habitude d’être obéi, l’autre sa supériorité intellectuelle et son esprit piquant. La brouille est inévitable, et, en 1753, une querelle de Voltaire avec Maupertuis, que soutient le roi, précipite la rupture, et Voltaire quitte la Prusse. L’ouvrage le plus important qu’il publie pendant son séjour à Berlin est Le Siècle de Louis XIV.
De Genève à Ferney
En 1755, il s’installe aux « Délices », près de Genève. Enfin, en 1758, il achète un domaine à Ferney, dans le Pays de Gex, et Tournay, en territoire français, mais sur la frontière franco-genevoise (Genève est alors un État indépendant). Il va aménager la région, bâtir, planter, semer et développer l’élevage. En compagnie de Mme Denis, sa nièce, gouvernante et compagne, il fait vivre un millier de personnes, se fait agriculteur, architecte, fabricant de montres et de bas de soie. Avec son sens de la formule, il résume l’entreprise : « Un repaire de 40 sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1200 personnes utiles ». Voltaire n’est plus seulement l’homme le plus célèbre de son époque : il est devenu un mythe. De Saint-Pétersbourg à Philadelphie, on attend ses publications comme des oracles. Artistes, savants, princes, ambassadeurs ou simples curieux se rendent en pèlerinage à Ferney chez cet « aubergiste de l’Europe ».
En 1778, il revient à Paris : le peuple de la capitale l’accueille avec un tel enthousiasme que certains historiens voient dans cette journée du 30 mars « la première des journées révolutionnaires ».
Deux mois avant sa mort, le 7 avril 1778, il devient franc-maçon dans la loge parisienne des « Neuf Sœurs ». Il est possible que Voltaire ait été franc-maçon avant cette date, mais il n’en existe aucune preuve formelle.
Il meurt à Paris le 30 mai 1778. En février, 4 mois avant sa mort, il déclarait publiquement : « Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition. »
Ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris le 11 juillet 1791 après une cérémonie grandiose.
Par un hasard de l’Histoire, sa tombe se trouve en face de celle de Jean-Jacques Rousseau, qu’il n’aimait - et ne comprenait - guère.
Voltaire fut avant tout un écrivain dont l’œuvre romanesque, dramatique, poétique, critique, philosophique, politique et morale, ainsi que la correspondance (plus de 23 000 lettres connues) sont considérables.
Voltaire estimait fort ses vers et se voulait poète (précisons qu’au XVIIIe siècle, le concept de poète rassemble à la fois celui qui écrit de la poésie, et celui qui est dramaturge) ; il fut du reste considéré en son siècle, comme le successeur de Corneille et de Racine, parfois même leur triomphateur ; ses pièces eurent un immense succès, et l’auteur connut la consécration en 1778 lorsque, sur la scène de la Comédie française, la Clairon (une actrice fameuse du temps ; cf. Diderot dans son Paradoxe sur le comédien) couronna son buste de lauriers, devant un parterre enthousiaste.
Il ne faut donc pas minorer la position dans le champ littéraire du Voltaire poète au XVIIIe siècle ; toutefois, la postérité en jugea autrement.
On a souvent ridiculisé ses maladresses :
« Non, il n’est rien que Nanine n’honore » (Nanine, III, 8)
... mais également retenu ses nombreuses épigrammes.
Extrait de la pièce Les Fréron :
(...) L’autre jour un gros ex-jésuite,
Dans le grenier d’une maison,
Rencontra fille très-instruite
Avec un beau petit garçon.
Le bouc s’empara du giton.
On le découvre, il prend la fuite.
Tout le quartier à sa poursuite
Criait : « Fréron, Fréron, Fréron »
Lorsqu’au drame de monsieur Hume
On bafouait certain fripon,
Le parterre, dont la coutume
Est d’avoir le nez assez bon,
Se disait tout haut : « Je présume
Qu’on a voulu peindre Fréron.
Le plus improbable dans la relation qu’eut Voltaire avec le théâtre, c’est qu’il pensait qu’on le retiendrait uniquement pour ses pièces jugées assez médiocres en comparaison à ses autres écrits. Il n’en fut rien et, parmi la soixantaine de pièces qu’il écrivit, l’histoire a retenu notamment Zaïre (1732), Adélaïde du Guesclin (1734), Alzire ou les Américains (1736), Mahomet ou le Fanatisme (1741), La Mérope française (1743), Sémiramis (1748), Nanine, ou le préjugé vaincu (1749), Le Duc de Foix (1752), L’ Orphelin de la Chine (1755), Le Café ou l’Écossaise (1760), Tancrède (1760), Les Scythes (1767), ou encore Les Lois de Minos (1774).
Voltaire collabora quelquefois avec Rameau pour des oeuvres lyriques : le projet commun le plus ambitieux (l’opéra sacré Samson) finit par être abandonné sans être représenté, condamné par la censure (1733-1736). Il y eut ensuite (1745) une comédie-ballet, La Princesse de Navarre et un opéra-ballet, Le Temple de la Gloire de l’époque ou Voltaire était encore courtisan.
De nos jours tombées dans l’oubli quasi-général, les pièces de Voltaire ont pourtant fait partie du répertoire théâtral durant presque deux siècles.
Dans la pensée du philosophe anglais John Locke, Voltaire trouve une doctrine qui s’adapte parfaitement à son idéal positif et utilitaire. Locke apparaît comme le défenseur du libéralisme en affirmant que le pacte social ne supprime pas les droits naturels des individus. En outre, c’est l’expérience seule qui nous instruit ; tout ce qui la dépasse n’est qu’hypothèse ; le champ du certain coïncide avec celui de l’utile et du vérifiable.Voltaire tire de cette doctrine la ligne directrice de sa morale : la tâche de l’homme est de prendre en main sa destinée, d’améliorer sa condition, d’assurer, d’embellir sa vie par la science, l’industrie, les arts et par une bonne « police » des sociétés. Ainsi, la vie en commun ne serait pas possible sans une convention où chacun trouve son compte. Bien que s’exprimant par des lois particulières à chaque pays, la justice, qui assure cette convention, est universelle. Tous les hommes sont capables d’en concevoir l’idée, d’abord parce que tous sont des êtres plus ou moins raisonnables, ensuite parce qu’ils sont tous capables de comprendre que ce qui est utile à la société est utile à chacun. La vertu, « commerce de bienfaits », leur est dictée à la fois par le sentiment et par l’intérêt. Le rôle de la morale, selon Voltaire, est de nous enseigner les principes de cette « police » et de nous accoutumer à les respecter.
Étranger à tout esprit religieux, Voltaire se refuse cependant à l’athéisme d’un Diderot ou d’un d’Holbach. Il ne cessa de répéter son fameux distique :
L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer
Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger.
Ainsi, selon Voltaire, l’ordre de l’univers peut-il nous faire croire à un « éternel géomètre ». Toutefois, s’il reste attaché au déisme, il dénonce comme dérisoire le providentialisme (dans Candide par exemple) et repose cette question formulée dès saint Augustin et qu’il laisse sans réponse : « Pourquoi existe-t-il tant de mal, tout étant formé par un Dieu que tous les théistes se sont accordés à nommer bon ? ».
On lui attribue par ailleurs aussi cette phrase : « Nous pouvons, si vous le désirez, parler de l’existence de Dieu, mais comme je n’ai pas envie d’être volé ni égorgé dans mon sommeil, souffrez que je donne au préalable congé à mes domestiques ».
Il a en tout cas lutté contre le fanatisme, celui de l’Église catholique comme celui du protestantisme, symboles à ses yeux d’intolérance et d’injustice. Tracts, pamphlets, tout fut bon pour mobiliser l’opinion publique européenne. Il a aussi misé sur le rire pour susciter l’indignation : l’humour, l’ironie deviennent des armes contre la folie meurtrière qui rend les hommes malheureux. Les ennemis de Voltaire avaient d’ailleurs tout à craindre de son persiflage, mais parfois les idées nouvelles aussi. Quand en 1755, il reçoit le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, qui désapprouve l’ouvrage, répond en une lettre aussi habile qu’ironique :
« J’ai reçu, monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie. [...] On n’a jamais employé tant d’esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j’en ai perdu l’habitude, je sens malheureusement qu’il m’est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi. [...] » (Lettre à Rousseau, 30 août 1755)
Le « patriarche de Ferney » représente éminemment l’humanisme militant du XVIIIe siècle. Comme l’a écrit Sainte-Beuve : « [...] tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon : l’indignation et l’ardeur. Apôtre de la raison jusqu’au bout, on peut dire que Voltaire est mort en combattant. »
Sa correspondance compte plus de 23 000 lettres connues tandis qu’il laisse à la postérité un gigantesque Dictionnaire philosophique qui reprend les axes principaux de son œuvre, une trentaine de contes philosophiques et des articles publiés dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. De nos jours, son théâtre, qui l’avait propulsé au premier rang de la scène littéraire (Mérope, Zaïre et d’autres), ainsi que sa poésie (La Henriade, considérée comme la seule épopée française au XVIIIe siècle) sont oubliés.
C’est à Voltaire, avant tout autre, que s’applique ce que Condorcet disait des philosophes du XVIIIe siècle, qu’ils avaient « pour cri de guerre : raison, tolérance, humanité ».
Toute l’œuvre de Voltaire est un combat contre le fanatisme et l’intolérance, et cela dès La Henriade en 1723. "On entend aujourd’hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C’est une maladie qui se gagne comme la petite vérole." Dictionnaire philosophique, 1764, article Fanatisme
Voltaire s’est passionné pour plusieurs affaires et s’est démené afin que justice soit rendue.
* L’affaire Calas (1762)
* L’affaire Sirven (1764)
* L’affaire du chevalier de La Barre (1766)
* L’affaire Lally-Tollendal (1776)
Ce combat est illustré par cette citation fameuse et pourtant apocryphe :
« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
À croire certains commentateurs (Norbert Guterman, A Book of French Quotations, 1963), cette citation reposerait sur une lettre du 6 février 1770 à un abbé Le Riche où Voltaire dirait : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. » En fait, cette lettre existe mais la phrase n’y figure pas, ni même l’idée. (Voir le texte complet de cette lettre à l’article Tolérance.)
En revanche, cette pseudo-citation a sa source dans le passage suivant :
"J’aimais l’auteur du livre de l’Esprit [Helvétius]. Cet homme valait mieux que tous ses ennemis ensemble ; mais je n’ai jamais approuvé ni les erreurs de son livre, ni les vérités triviales qu’il débite avec emphase. J’ai pris son parti hautement, quand des hommes absurdes l’ont condamné pour ces vérités mêmes." (Questions sur l’Encyclopédie, article "Homme").
Voltaire, précurseur du Revenu citoyen
La nouvelle de Voltaire L’Homme aux quarante écus part de la mesure en arpents du royaume et de la valeur moyenne locative de la terre par arpent. Si l’on répartissait cette somme entre tous les sujets du royaume, cela ferait à chacun la rente de quarante écus, dont il munit son héros. Ce principe est exactement celui qui est implicitement sous-jacent au Revenu citoyen, à savoir la part inhérente de rente minimale que peut espérer tout un chacun du fait du patrimoine constitué par les générations antérieures. Il peut aider à survivre, mais dans des conditions seulement très modestes.
Voltaire est mort à la tête d’une immense fortune : "un des premiers revenus de France, dit-on !" (Jean Goldzink, Voltaire).
Ses revenus viendraient :
* de sa plume ; dans son Commentaire historique sur les œuvres de l’auteur de la Henriade il évoque le succès de cette œuvre publiée en Grande-Bretagne grâce à la protection du roi,
* de la poche des princes ; selon les époques : George Ier de Grande-Bretagne, Louis XV, Frédéric II, Catherine II de Russie ;
* des revenus de ses paysans de Ferney,
* de placements divers : loterie, prêts à l’aristocratie, investissements maritimes : en 1758 entrent dans le port de Cadix des bateaux chargés d’or des Amériques où il avait placé une partie de sa fortune ;
* d’après certains, du commerce triangulaire[2].
Il n’a guère abordé le sujet, et l’on considère qu’il a gardé le secret sur deux choses : ses affaires, et ses amours avec sa nièce.
On a souvent prétendu que Voltaire s‘était enrichi en ayant participé à la traite des noirs. On invoque à l’appui de cette thèse une lettre qu’il aurait écrite à un négrier de Nantes pour le remercier de lui avoir fait gagner 600 000 livres par ce biais mais cette lettre est apocryphe. En réalité, Voltaire a fermement condamné l’esclavagisme. Le texte le plus célèbre est la dénonciation des mutilations de l’esclave de Surinam dans Candide [3] mais son corpus comporte plusieurs autres passages intéressants. Dans le « Commentaire sur l’Esprit des lois » (1777), il félicite Montesquieu d’avoir jeté l’opprobre sur cette odieuse pratique.
Il s’est également enthousiasmé pour la libération de leurs esclaves par les Quakers de Pennsylvanie en 1769.
En compagnie de son avocat et ami Christin, il a lutté lors des dernières années de sa vie pour la libération des « esclaves » du Jura qui constituaient les derniers serfs présents en France et qui, en vertu du privilège de la main-morte, étaient soumis aux moines du chapitre de Saint-Claude (Jura). C’est un des rares combats politiques qu’il ait perdu ; les serfs ne furent affranchis que lors de la Révolution française, dont Voltaire inspira certains des principes.
On trouve cependant d’autres citations moins humanistes sur l’esclavage.
* Essais sur les mœurs et l’esprit des nations (1756)
« Nous n’achetons des esclaves domestiques que chez les Nègres ; on nous reproche ce commerce. Un peuple qui trafique de ses enfants est encore plus condamnable que l’acheteur. Ce négoce démontre notre supériorité ; celui qui se donne un maître était né pour en avoir. ».
En ce qui concerne « l’antisémitisme », Voltaire écrit par exemple dans l’article « Tolérance » du Dictionnaire philosophique : « C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre » . L’historien Léon Poliakov, qui a intitulé De Voltaire à Wagner le tome 3 de son Histoire de l’Antisémitisme en fait « le pire antisémite français du XVIIIeme siècle ». Dans cet ouvrage Poliakov finit par trouver le lien entre les écrits antisémites de Voltaire et la barbarie nazie[réf. nécessaire]. Selon lui ce sentiment se serait aggravé dans les quinze dernières années de la vie de Voltaire. Il paraîtrait alors lié au combat du philosophe contre l’église chrétienne. On avance également des problèmes financiers et des relations difficiles avec des banquiers juifs, ce qui semble insuffisamment fondé [réf. nécessaire]. Cependant, pour Bernard Lazare, « si Voltaire fut un ardent judéophobe, les idées que lui et les encyclopédistes représentaient n’étaient pas hostiles aux Juifs, puisque c’étaient des idées de liberté et d’égalité universelle. »
D’autres notent que l’existence de passages contradictoires dans l’œuvre de Voltaire ne permet pas de conclure péremptoirement au racisme ou à l’antisémitisme du philosophe : ainsi Roland Desné écrit : « Ce n’est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe des persécuteurs »
Selon Pierre-André Taguieff dans sa préface de la réédition de l’ouvrage de Poliakov, La Causalité diabolique, "Les admirateurs inconditionnels de la « philosophie des Lumières », s’ils prennent la peine de lire le troisième tome (« De Voltaire à Wagner ») de l’Histoire de l’antisémitisme, paru en 1968, ne peuvent que nuancer leurs jugements sur des penseurs comme Voltaire ou le baron d’Holbach, qui ont reformulé l’antijudaïsme dans le code culturel « progressiste » de la lutte contre les préjugés et les superstitions".
Voltaire et le déluge : une erreur d’appréciation
La présence de fossiles marins au sommet des montagnes était considérée à son époque comme une preuve de leur submersion et donc du déluge. Voltaire n’admettait pas cette interprétation, ni même l’idée qu’il y ait pu avoir un jour des fonds marins là où se trouvaient des montagnes. Il se gaussa de l’idée dans le Dictionnaire philosophique en se montrant surpris que personne n’ait pensé à une explication selon lui bien plus simple : que des croisés ou pèlerins aient abandonné des coquilles dont ils s’étaient munis comme provisions pour leur voyage.
À la décharge de Voltaire, on n’oubliera pas que les idées étaient encore floues au sujet de la formation des montagnes : on n’imaginait pas que leurs roches eussent pu se trouver à un moment au-dessous du niveau de la mer et c’est au Déluge biblique qu’on attribuait la découverte de coquilles marines dans les hautes montagnes. Il répondait donc avec une apparence de bon sens qu’on ne comprenait pas alors pourquoi on ne découvrait pas ce genre de coquilles partout et il cherchait une explication raisonnable.
* En 2000, Frédéric Lenormand publie un roman, La Jeune fille et le philosophe, évoquant l’adoption par Voltaire d’une descendante de la famille Corneille. L’anecdote est tirée du récit qu’en fit Voltaire dans sa correspondance. Hanté par l’ombre de Corneille, il lui sembla extraordinaire de devenir le père adoptif d’une de ses descendantes. C’est pour constituer une dot à cette jeune fille qu’il publia une nouvelle édition des pièces de Corneille, vendue par souscription à tous les princes d’Europe. A noter que la fille de sa pupille fut emprisonnée à Paris sous la Terreur, comme Belle et Bonne, et comme la belle-fille de la belle Émilie, la duchesse du Châtelet, qui fut même guillotinée.
* Le paléontologue Pierre Teilhard de Chardin, promoteur ardent de l’idée de noosphère, a pour aïeule une sœur de Voltaire.
* L’altercation avec le chevalier de Rohan :
Lors d’une sortie dans un théâtre parisien, Voltaire rencontre le chevalier de Rohan, un représentant d’une des grandes familles de la noblesse française. Voltaire lui dit alors : « Monsieur, je commence mon nom pendant que vous finissez le vôtre ».
Le noble salue poliment Voltaire.
Quelques jours plus tard, Voltaire est invité à déjeuner chez le chevalier de Rohan. Une fois son fiacre arrêté à l’intérieur de la résidence, les serviteurs bastonnent le jeune Arouet, puis le font embastiller.
* On qualifia souvent Voltaire de franc-maçon sans tablier, car il s’était tenu à l’écart de cette obédience bien qu’il eût des conceptions voisines. Au soir de sa vie, il accepta pourtant d’entrer dans la loge des Neuf Sœurs (que fréquenta aussi Benjamin Franklin). On le dispensa vu son âge des habituelles épreuves ainsi que du rite du bandeau sur les yeux enlevé, celui-ci semblant déplacé sur un homme qui avait été considéré par beaucoup comme l’un des plus clairvoyants de son époque. Il revêtit à cette unique occasion le tablier de Claude-Adrien Helvétius, qu’il embrassa avec respect.
* Voltaire disait à propos de Marivaux et d’autres : « Grands compositeurs de rien, pesant gravement des oeufs de mouche dans des balances de toiles d’araignées ».
* La Henriade lui fut inspirée par sa maîtresse, la maréchale de Villars. Après leur rupture, Voltaire lui adressa ce madrigal :
« Quand vous m’aimiez, mes vers étaient aimables,
Je chantais dignement vos grâces, vos vertus :
Cet ouvrage naquit dans ces temps favorables ;
Il eût été parfait ; mais vous ne m’aimez plus ».
(François-Antoine Chevrier, Almanach des gens d’esprit, Londres, Jean Nourse, 1762, p. 110)
* Œdipe, 1718
* La Henriade, 1728
* Histoire de Charles XII, 1730
* Brutus, 1730
* Zaïre, 1732
* Le temple du goût, 1733
* Lettres anglaises ou Lettres philosophiques, 1734
* Adélaïde du Guesclin, 1734
* Mahomet, 1736
* Mondain, 1736
* Epître sur Newton, 1736
* Traité de métaphysique, 1736
* L’Enfant prodigue, 1736
* Essai sur la nature du feu, 1738
* Eléments de la philosophie de Newton, 1738
* Zulime, 1740
* Le fanatisme ou Mahomet le prophète, 1741
* Mérope, 1743
* Zadig (ou La Destinée), 1748
* Le monde comme il va, 1748
* Nanine, ou le Péjugé vaincu, 1749
* Le Siècle de Louis XIV, 1751
* Micromégas, 1752
* Poème sur le désastre de Lisbonne, 1756
* Essai sur les mœurs et l’esprit des Nations, 1756
* Histoire des voyages de Scarmentado écrite par lui-même, 1756
* Candide ou l’Optimisme, 1759
* Tancrède, 1760
* L’histoire d’un bon bramin, 1761
* La Pucelle d’Orléans, 1762
* Traité sur la tolérance, 1763
* Ce qui plait aux dames, 1764
* Dictionnaire philosophique portatif, 1764
* Jeannot et Colin, 1764
* De l’horrible danger de la lecture, 1765
* Petite digression, 1766
* Le Philosophe ignorant, 1766
* L’ingénu, 1767
* La Princesse de Babylone, 1768
* Questions sur l’Encyclopédie, 1770
* Les lettres de Memmius, 1771
* Il faut prendre un parti, 1772
* Le Cri du Sang Innocent, 1775
* De l’âme, 1776
* Dialogues d’Euhémère, 1777
* Correspondance avec Vauvenargues, établie en 2006
sources wikipedia
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