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Jean de La Fontaine

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Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète, moraliste, dramaturge, librettiste et romancier français.

Années de formation (1641-1658)

Nous disposons de très peu d’informations sur les années de formation de La Fontaine. Nous savons qu’il a étudié au collège de Château-Thierry jusqu’en troisième où il apprit surtout le latin mais n’étudia pas lecelui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revendit intégralement en 1672. C’est aussi qu’il amorce une carrière de poète par la publication d’un premier texte, une comédie adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue.

Au service de Fouquet (1658-1663)

En 1658, il entre au service de Fouquet, Surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat - une "pension poétique" -il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV ; La Fontaine écrit en faveur de son patron en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 est un exil ordonné par l’administration louis-quatorzienne, ou une décision librement consentie d’accompagner son oncle Jannart, lui exilé. Il tire de ce déplacement une Relation d’un Voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume.

L’apogée de l’activité littéraire (1664-1679)

En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse d’Orléans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme - ce qui assure son annoblissement. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l’Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposé Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine. Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668. En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique - cette fois tiré d’Apulée - et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique. C’est à partir de la fiction des "quatre amis" que met en scène ce roman qu’on a spéculé sur l’amitié qui unirait La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié lointainement à la famille de Racine, leurs relations sont épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est qu’ils existent ; quant à Boileau, il n’y a guère de trace d’une telle amitié. Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diversesédité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies. En 1672 meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673.

En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, mais où il excelle en ce poème intitulé Le Florentin. La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié - mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement inoffensive leur charge. Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont nos actuels livres VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.

Les années 1680 : autour de l’Académie

Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un "Poème du Quinquina", poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes. L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1683 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzienne gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme "papillon du Parnasse".

L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliquée La Fontaine : Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.

C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.

Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Epître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste "Mon imitation n’est point un esclavage".

Les dernières années et les dernières fables (1689-1695)

Une série de fables sont publiées en revue entre 1689 et 1692, qui sont rassemblées en 1693, avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin et à ce titre héritier présomptif de la Couronne. Entretemps, La Fontaine tombe gravement malade ; on dispose d’un récit de 1718 du P. Pouget, confesseur de La Fontaine, qui assure d’une conversion de La Fontaine lors de cette maladie et d’un reniement public de ses contes devant une délégation de l’Académie. Néanmoins, cet événement ne figure aucunement sur les registres de l’Académie. La Fontaine est enterré au cimetière du Père Lachaise, depuis le transfert de sa dépouille en 1817, en même temps que celle de Molière.

Chronologie

1617 : Mariage des parents du poète. Charles de La Fontaine, d’origine champenoise, et Françoise Pidoux, d’origine poitevine. Assassinat de Concini et fin de la régence de Marie de Médicis.

1621 : Le 8 juillet, Jean de La Fontaine est baptisé à Château-Thierry, où il est né le jour même ou la veille. Son père porte le titre de "Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury" (Château-Thierry). Il est aussi capitaine des chasses. Soulèvements protestants ; mort du Duc de Luynes.

1623 : Le 26 septembre, baptême de Claude, frère du poète. Publication à Paris de l’Adonis du cavalier Marin, avec préface de Chapelain. Procès de Théophile de Viau.

1624 : Richelieu devient chef du Conseil du Roi.

1627 : Publication des deux derniers volumes de l’Astrée.

1628 : Mort de Malherbe.

Vers 1630 : Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement les commence-t-il au collège de Château-Thierry, établissement réputé, pour aller vers 1635 les achever dans un collège parisien, où il a Furetière pour condisciple.

1633 : Le 26 avril, baptême de Marie Héricart, fille du lieutenant civil et criminel au bailliage de la Ferté Milon, apparenté à la famille Sconin-Racine.

1636 : Naissance de Boileau. Le Cid de Corneille.

1637 : Discours de la Méthode de Descartes.

1639 : Naissance de Racine.

1641 : La Fontaine entre à la maison mère de l’Oratoire à Paris le 27 avril, puis se rend peut-être à Juilly et revient à Paris à la maison de Saint-Magloire pour étudier la théologie. Son frère Claude le rejoint à l’Oratoire.

1642 : La Fontaine quitte l’Oratoire, au bout de 18 mois. Mort de Richelieu.

1643 : La Fontaine est rentré à Château-Thierry. Sa vocation poétique s’éveille alors, semble-t-il. Le 15 mai, mort de Louis XIII. Le 19 mai, victoire de Rocroi.

Vers 1646 : La Fontaine vient étudier le Droit à Paris ; il acquiert le titre d’avocat en la Cour du Parlement. Avec d’autres jeunes poètes, habitués du Palais, il fait partie d’une petite académie littéraire et amicale dite de la "Table Ronde". Ces palatins sont Pellisson, Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Il fait la connaissance d’autres hommes de lettres : Conrart, Chapelain, Patru, Perrot d’Ablancourt, les Tallemant, Antoine de La Sablière...

1647 : Le 10 novembre, signature du contrat de mariage entre le poète et Marie Héricart à la Ferté-Milon. "Son père l’a marié, et lui l’a fait par complaisance" (Gédéon Tallemant des Réaux|Tallemant). La mère du poète, vivante en 1634, est morte à la date du contrat. En avril, Maucroix avait acheté une prébende de chanoine à Reims. Il restera l’ami de La Fontaine jusqu’à la mort de celui-ci. Gassendi : De Vita et Moribus Epicuri.

1649 : Claude, confrère de l’Oratoire, renonce en faveur de Jean à sa part d’héritage, moyennant pension. La fronde a éclaté en 1648.

1652 : La Fontaine achète la charge de Maître particulier triennal des Eaux et Forêts.

1653 :En août, vente d’une propriété sise à Oulchy-le-Château. Le 30 octobre, baptême à Château-Thierry du fils de La Fontaine, Charles, qui a Maucroix pour parrain. Le père ne s’occupera jamais beaucoup de son fils. Fin de la Fronde.

1654 : En août, première œuvre publiée de La Fontaine : l’Eunuque, comédie en vers imitée de Térence.

1658 : Mort du père de La Fontaine, qui laisse à son fils ses charges, peu lucratives et une succession embrouillée comportant de lourdes dettes. Par mesure de prudence, La Fontaine et sa femme demandent la séparation de biens. Le ménage lui-même n’est guère uni, par la faute probable du poète, mari indifférent. Après juin, La Fontaine offre à Fouquet son Adonis. Jannart, oncle de Marie Héricart, est substitut de Fouquet au Parlement et Pellisson, ami de La Fontaine, est au service du surintendant.

1659 : Jusqu’en 1661, La Fontaine va recevoir de Fouquet une pension en espèces, moyennant une "pension poétique". Il doit aussi composer un ouvrage en l’honneur de Vaux-le-Vicomte : il entreprend le Songe de Vaux. Il habite tantôt à Paris, chez Jannart, avec sa femme, tantôt à Château-Thierry pour les devoirs de ses charges, mais il fréquente le château de Fouquet, se lie avec Charles Perrault, Saint-Evremond, Madeleine de Scudéry. Paix des Pyrénées.

1660 : Les Rieurs de Beau Richard sont joués au carnaval de Château-Thierry. Dans cette ville existe une Académie à laquelle s’intéresse La Fontaine et encore plus sa femme. En 1660-1661, La Fontaine se lie avec Racine débutant. En juin, mariage du roi. En août, entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris.

1661 : Le 17 août, fête de Vaux, au cours de laquelle La Fontaine assiste à la première représentation des Fâcheux par Molière. Le 5 septembre, arrestation de Fouquet à Nantes. La Fontaine tombe gravement malade. Guéri, il revient à Château-Thierry, où il est poursuivi par un traitant en usurpation de noblesse. Début de construction de Versailles.

1662 : En mars (?), publication anonyme de l’Elégie aux Nymphes de Vaux. Août : le Duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry épouse Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin. La Fontaine devient "gentilhomme servant" de la Duchesse Douarière d’Orléans au Luxembourg, mais il loge toujours chez Jannart. Le 10 décembre, achevé d’imprimer les Nouvelles en vers, contenant les deux premiers Contes de La Fontaine.

1665 : Le 10 janvier, achevé d’imprimer des Contes et Nouvelles en vers. Le 30 juin, achevé d’imprimer d’une traduction de la Cité de Dieu de Saint Augustin, dont les citations poétiques ont été rendues en vers français par La Fontaine ; le deuxième tome paraîtra en 1667.

1669 : Les Amours de Psyché et Cupidon, roman suivi de l’Adonis, imprimé pour la première fois.

1671 : Le 21 janvier, La Fontaine quitte ses charges rachetées par le Duc de Bouillon, et perd cette source de revenus. Publication du Recueil de Poésies Chrétiennes et Diverses, dédié à Monseigneur le Prince de Conti. La Fontaine a beaucoup contribué à la préparation de ce recueil janséniste (achevé d’imprimer le 20 décembre 1670). Le 27 janvier, Troisième partie des Contes. Le 12 mars : Fables nouvelles et autres poésies (huit fables). En janvier a été représentée la Psyché de Molière et Corneille, Quinault et Lulli, inspirée du roman de La Fontaine.

1672 : Mort de la Duchesse Douarière d’Orléans. La Fontaine perd ainsi sa dernière charge. Publication séparée de deux fables Le Soleil et les Grenouilles, Le Curé et le mort. Invasion de la Hollande. Discours de la connaissance des bêtes par P. Pardies.

1673 : C’est sans doute à partir de 1673 que Marguerite de La Sablière héberge Jean de La Fontaine. Jusqu’à ce qu’elle meure en 1693, elle pourvoira à ses besoins. Dans son hôtel, il peut rencontrer Charles Perrault, Bernier, médecin et disciple de Gassendi, qui a longuement séjourné en Inde, et bon nombre de savants tels que Roberval et Sauveur. Publication du Poème de la Captivité de Saint Malc, sujet sans doute suggéré par des amis jansénistes. Le 17 février, mort de Molière, pour qui La Fontaine rédige une épitaphe.

1674 : La protection de Madame de Montespan et de sa sœur Madame de Thianges vaut à La Fontaine la mission d’écrire un livret d’opéra sur Daphné, pour Lulli, qui le refuse : d’où la satire du Florentin, restée manuscrite pendant 17 ans. Publication des Nouveaux Contes, très licencieux. Epîtres, à Turenne, membre de la famille de Bouillon, qui tient personnellement La Fontaine en amitié. En juillet, l’Art poétique de Boileau n’accorde aucune mention à la fable, ni à La Fontaine.

1675 : Interdiction de la vente des Nouveaux Contes par ordonnance de La Reynie, lieutenant de police. Le 27 juillet, Turenne est tué à la bataille de Salzbach. Bernier publie l’Abrégé de la Philosophie de Gassendi.

1676 : La Fontaine vend à son cousin Antoine Pintrel sa maison natale et achève de payer les dettes paternelles.

1677 : La Duchesse de Bouillon, protectrice de La Fontaine et son frère le Duc de Nevers cabale contre la Phèdre de Racine.

1678-1679 : Nouvelle édition des Fables choisies, dédiées à Madame de Montespan. La paix de Nimègue (août 1678) est célébrée par La Fontaine dans plusieurs pièces.

1680 : Exil à Nérac de la Duchesse de Bouillon compromise dans l’affaire des poisons. Mort de La Rochefoucauld. Mort de Fouquet à Pignerol. Conversion de Marguerite de La Sablière qui, veuve, ayant marié ses trois enfants, abandonnée par La Fare, son amant, se consacre au soin des malades et va loger rue Saint Honoré, elle installe La Fontaine près de sa nouvelle demeure.

1681 : Le 1er août, achevé d’imprimer des Épîtres de Sénèque (les lettres à Lucilius) traduites par Pierre Pintrel, cousin de La Fontaine qui lui-même a traduit en vers les citations poétiques et qui a fait publier l’ouvrage.

1682 : En janvier, Poème du Quinquina, dédié à la Duchesse de Bouillon, suivi de deux contes, de Galatée, et de Daphné, livrets d’opéra. Vers cette époque, La Fontaine entreprend un tragédie, Achille, restée inachevée. Naissance du Duc de Bourgogne.

1683 : Le 6 mai, première représentation à la Comédie Française, du Rendez-vous comédie de La Fontaine qui n’a aucun succès et dont le texte est perdu. Le 6 septembre, mort de Colbert. La Fontaine brigue son siège à l’Académie française, alors que Louis XIV souhaite voir élire Boileau, son historiographe. Le 15 novembre, l’Académie, en majorité hostile au satirique, propose La Fontaine par seize voix contre sept. La séance a été agitée, en raison de la colère manifestée par Toussaint Rose, secrétaire du roi. Louis XIV en prend prétexte pour refuser l’autorisation de "consommer" l’élection.

1684 : Le 17 avril, Boileau est élu à l’unanimité ; le roi accorde l’autorisation de recevoir La Fontaine. Le 2 mai, réception du fabuliste, lecture du Discours à Madame de La Sablière. La Fontaine écrit La Comparaison d’Alexandre, de César et de Monsieur le Prince (de Condé), à la demande du Prince de Conti. Condé lui-même estime La Fontaine et le voit volontiers à Chantilly. Mort de Corneille.

1685 : En janvier, l’Académie exclut Furetière, coupable d’avoir obtenu par surprise un privilège pour son Dictionnaire, achevé avant celui de l’Académie. La Fontaine vote l’exclusion et subit les virulentes attaques de son ancien ami, auquel il réplique par des épigrammes. Le 28 juillet, achevé d’imprimer des Ouvrages de Prose et de Poésie des Seigneurs de Maucroix et de La Fontaine en deux volumes, dont le premier contient de nouveaux contes, et le second de nouvelles fables et d’autres pièces. Révocation de l’Edit de Nantes. Mort du Prince Louis-Armand de Conti.

1686 : Mort de Condé. Ligue d’Ausbourg. Perrault lit son poème du Siècle de Louis Le Grand, protestation de Boileau. La Querelle des Anciens et des Modernes éclate. En février, l’Epître à Huet est imprimé en plaquette à tirage restreint. En juillet, Marie-Anne, Duchesse de Bouillon, doit se réfugier en Angleterre auprès de sa sœur Hortense, amie de Saint-Evremond. Correspondance suivie de La Fontaine avec eux et quelques amis du groupe de Londres, qui comprend, entre autres, les diplomates Bonrepaux et Barrillon.

1688 : Marguerite de La Sablière se retire aux Incurables mais continue à assurer le logement de La Fontaine. Le poète devient le familier du Prince François-Louis de Conti, dans le milieu très libre du Temple des Vendôme, chez qui il retrouve Chaulieu. Il chaperonne un moment la scandaleuse Madame Ulrich. Les caractères de la Bruyère ; le portrait de La Fontaine n’y entrera qu’à la 6ème édition, en 1691.

1691 : Le 28 novembre, première représentation à l’Opéra d’Astrée, tragédie lyrique de La Fontaine, avec musique de Colasse, gendre de Lulli : échec complet.

1692 : En décembre, gravement malade, La Fontaine est converti par l’abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch.

1693 : Le 12 février, il renie les Contes devant une délégation de l’Académie et reçoit le viatique. Il se rétablit néanmoins. Marguerite de La Sablière est morte en janvier, Pellisson le 7 février. Les amis d’Angleterre essaient en vain de décider La Fontaine à venir s’installer à Londres. Il devient l’hôte d’Anne d’Hervart, Maître des Requêtes au Parlement de Paris, fils de banquier et extrêmement riche, marié à Françoise de Bretonvilliers. Le 1er septembre, achevé d’imprimer des Fables choisies, portant la date de 1694, et constituant le livre XII. En octobre-novembre, remarques adressées à Maucroix sur sa traduction d’Astérius.

1694 : Naissance de Voltaire.

1695 : Le 9 février, La Fontaine est pris de faiblesse en revenant de l’Académie. Il meurt le 13 avril, chez les d’Hervart. En procédant à la toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice. La Fontaine est enterré le 14 avril au cimetière des Innocents. Par suite d’une erreur commise sur ce point par d’Olivet dans l’Histoire de l’Académie, les commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur élever un mausolée, des ossements anonymes dans un autre cimetière.

1696 :Œuvres posthumes, avec dédicace signée par Madame Ulrich.

1709 : Mort de Marie Héricart, veuve du poète.

1723 : Mort de Charles, fils unique du poète.

Les Fables

Ses Fables constituent la principale œuvre poétique du classicisme, et l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française, ce qui a pu faire dire à Sainte-Beuve que La Fontaine était l’Homère des Français : le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et était réservé aux exercices scolaires de rhétorique et de latin. Travail de récriture des fables d’Ésope, de Phèdre, Abstémius, mais aussi de textes d’Horace (le Rat des villes et le rat des champs), de Tite-Live ("les Membres et l’estomac"), de lettres apocryphes d’Hippocrate ("Démocrite et les Abdéritains"), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne avec le choix de fables du Panchatantra. Œuvre tout à la fois de poésie et de pensée : car les Fables offrent une méditation en acte sur la nature et les effets de la parole, spécialement politique, et de leur propre énonciation : Louis Marin a ainsi montré la subtilité de la réflexion comme du dispositif de ces fables apparemment innocentes, à partir de l’exemple paradigmatique de la fable intitulée Le Pouvoir des Fables (voir Bibliographie).

Illustration des Fables

Les fables sont illustrées dès la première édition par Chauveau et ses disciples : c’est que la fable est un genre proche de l’emblème, et à ce titre fonctionne comme une image morale ; elle accueille donc volontiers son redoublement iconographique à des fins didactiques. Au XVIIIe siècle, Oudry propose de nouvelles illustrations, plus naturalistes. Grandville en 1838, puis Gustave Doré en 1867 proposent successivement une nouvelle iconographie. Au XXe siècle, Benjamin Rabier suivi de Chagall proposent à leur tour leurs visions des Fables.

Les Contes

Le fabuliste a éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à "dire sans dire", dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions. L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.

Quelques vers de Jean de La Fontaine passés en proverbe

* ... Tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute. (Le Corbeau et le Renard, l, 2)
* La raison du plus fort est toujours la meilleure. (Le Loup et l’Agneau, l, 10)
* Si ce n’est toi, c’est donc ton frère. (Le Loup et l’Agneau, l, 10)
* Plutôt souffrir que mourir, c’est la devise des hommes. (La Mort et le Bûcheron, l, 16)
* Je plie et ne romps pas. (Le Chêne et le Roseau, l, 22)
* Il faut autant qu’on peut obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Le Lion et le Rat, II, 11)
* ... Est bien fou du cerveau
Qui prétend contenter tout le monde et son père. (Le Meunier, son Fils et l’Âne, III, 1)
* Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. (Le Renard et les Raisins, III, 11)
* ... La méfiance
Est mère de la sûreté. (Le Chat et un vieux Rat, III, 18)
* Petit poisson deviendra grand. (Le Petit Poisson et le Pêcheur, V, 3)
* Un tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras. (Le Petit Poisson et le Pêcheur, V, 3)
* ... Le travail est un trésor. (Le Laboureur et ses Enfants, V, 9)
* Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. (Le Lièvre et la Tortue, VI, 10)
* Aide-toi, le Ciel t’aidera. (Le Chartier embourbé, VI, 18)
* Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. (Les Animaux malades de la peste, VII, 1)
* ... Tel est pris qui croyait prendre. (Le Rat et l’Huître, VIII, 9)
* Mais les ouvrages les plus courts
Sont toujours les meilleurs... (Discours à M. le duc de La Rochefoucauld, X, 14)
* Que de tout inconnu le sage se méfie. (Le Renard, le Loup et le Cheval)
* Il ne faut jamais vendre la peau de l’ours / Qu’on ne l’ait mis par terre (L’Ours et les deux Compagnons, V, 20)

Œuvres

* L’Eunuque (1654)
* Adonis (1658, publié en 1669)
* Les Rieurs du Beau-Richard (1659)
* Élégie aux nymphes de Vaux (1661)
* Ode au roi (1663)
* Contes (1665, 1666, 1671, 1674)
* Fables (1668, 1678, 1693)
* Les Amours de Psyché et de Cupidon (1669)
* Recueil de poésies chrétiennes et diverses (1671)
* Poème de la captivité de saint Malc (1673)
* Daphné (1674)
* Poème du Quinquina (1682)
* Ouvrages de prose et de poésie (1685)
* Astrée (1691)


sources wikipedia

Messages et commentaires

  • Historien, auteur notamment d’un livre de référence sur le XVIIème siècle Breton, je m’intéresse à l’un des personnages les plus singuliers illustrant la galerie de portraits de Saint -Simon . Je veux parler de Toussaint Rose , la plume du roi....De lui, on ne sait pas grand chose. Saint- Simon l’évoque dans ses Mémoires. Le morceau est d’ailleurs assez curieux. On sent, dans la tournure pleine de verve, que le Duc éprouvait une certaine sympathie pour le "Bonhomme Rose". Le vicomte Villiers du Terrage lui consacra en, 1891 une brève monographie ...et cela me semble à peu près tout...
    Je me permets de vous importuner, pour vous faire part de mes interrogations, auxquelles je vous serais très reconnaissant de répondre :
    1/ Comment expliquer que Toussaint Rose, que Saint Simon campe sous les traits d’un homme que l’on disait "salé", ayant le sens de la repartie et une liberté d’expression assez rare à cette époque en ait voulu à ce point à La Fontaine , qui pourtant semble lui ressembler par certains aspects de caractère, pour lui préférer Boileau- Despréaux, tout de même moins original que l’auteur des fables ...et des contes ?
    Est- ce seulement parce qu’il était l’ami assez proche de Colbert( ils ont débuté ensemble) qui avait écarté La Fontaine , ami de Fouquet ?).
    2/ Avez vous des indications sur le discours sur la paix qu’il aurait prononcé devant le roi en 1667 ?
    A t-il été du côté des Quiétistes ?
    Je tiens à vous remercier pour tous ces renseignements. Avec mes respectueuses salutations.

    Répondre à ce message
  • Je tiens à vous remercier pour tous ces renseignements sur Jean de la Fontaine.
    Je suis désolé mais je ne connais pas Toussaint Rose toutefois sur Wikipedia on trouve un article assez intéressant sur lui.
    En espérant que ces indications puissent vous aider.
    Avec mes respectueuses salutations.
    Jean-Claude de La Martinière

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