mercredi 18 avril 2007, par
Jules Mazarin (en italien : Giulio Mazarino), (1602-1661), mieux connu sous le nom de Cardinal Mazarin fut un habile diplomate et homme politique, d’abord au service de la Papauté, puis des rois de France. Il succéda à Richelieu.
Ses origines
Le cardinal Mazarin, Giulio Mazarino, est né le 14 juillet 1602 à Pescina (alors sous domination espagnole), dans les Abruzzes, au sud-est de l’Italie. En fait, ses parents habitaient à Rome où il passa son enfance. Son père, Pierre, avait coutume d’aller de temps en temps chez son beau-frère, l’abbé Buffalini. Lors de ce voyage en 1602, sa femme étant enceinte, la chaleur accablante rendit si pénible la grossesse, que sa mère ne fut pas en état de rentrer à Rome. Les historiens de l’époque nous apprennent que sa mère Hortensia, accoucha de son premier né, bien nommé Jules, qui naquit coiffé et avec deux dents (on pensait alors, que cela préjugeait d’une haute fortune). Plus tard, le cardinal s’en prévalait souvent.
Le père du cardinal, Pierre, fils de Jules, était né en Sicile à Castel-Mazarino, d’où lui est venu le surnom de Mazarin. Le grand-père du cardinal était artisan aisé (certains historiens disent qu’il fit faillite), ce qui lui permit d’envoyer son fils Pierre à l’école. Ce dernier y fit de tels progrès qu’il devint assez savant pour exercer la profession de notaire et plaider quelques petites causes. Après la mort de son père, il vendit ses meubles et partit pour Rome, muni de lettres de recommandation pour le connétable Colonna. Fort de ces recommandations, il sollicita un emploi. Pierre plut au connétable, qui le fit chambellan, puis lui confia la gestion de certains de ses domaines. Par sa conduite habile et prudente, toujours plus aimé de son maître, Pierre put mettre sa famille dans une grande aisance. Il fut d’ailleurs toujours reconnaissant envers cette famille Colonna, malgré l’éclatante fortune de son fils, le cardinal Mazarin, répétant toujours que sa fortune lui était venue de la faveur de cette maison.
Le connétable tenait à ce que ses domestiques fussent mariés. Il donna à Pierre, qui s’était décidé à prendre femme, Hortensia Buffalini, sa filleule, appartenant à une famille noble de Città di Castello en Ombrie. La jeune fille était belle et très vertueuse. Elle fut largement dotée. Ils eurent deux fils et quatre filles. L’aîné, Jules, futur cardinal, porta le prénom de son grand-père.
En 1627, en marge de la guerre de Trente Ans, éclate en Italie du nord le conflit appelé guerre de succession de Mantoue qui opposait d’une part, l’empereur Ferdinand II, le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier et Ferdinand II de Guastalla, candidat gibelin au duché et, d’autre part, le roi de France Louis XIII venu secourir Charles Gonzague, duc de Nevers, le candidat guelfe. Le pape Urbain VIII envoya également des troupes dans la Valteline. Jules envoya promener ses livres et en profita pour prendre une commission de capitaine d’infanterie. Il fit, avec sa compagnie, quelques séjours à Lorette et à Ancône. Il ne connaissait de l’art de la guerre que ce qu’on en dit dans les livres ; pourtant, il montra dans l’exercice de ses fonctions la supériorité de son esprit et un grand talent pour discipliner les soldats.
À cette époque, Anna Colonna, fille du connétable, épousa Tadeo Barberini, neveu du pape Urbain VIII. À cette occasion, son frère, Girolamo, ancien maître de Mazarin, reçut l’archevêché de Bologne avec la pourpre. Lorsqu’on l’envoya dans le Montferrat (Italie), en qualité de légat du pape, pour traiter de la paix entre la France et l’Espagne, il obtint que Jules soit attaché à la légation au titre de secrétaire.
Des deux côtés, on était prêt pour la bataille. Le légat apostolique négociait cependant la paix avec grand zèle. Mazarin, comme secrétaire, allait d’un camp à l’autre, pour hâter la conclusion d’un traité. Il ne mit pas longtemps à s’apercevoir que le marquis de Santa-Cruz, qui représentait la couronne d’Espagne, avait une peur violente de perdre son armée, et un ardent désir d’arriver à un accommodement. Comprenant tout le parti qu’il pouvait tirer de cette faiblesse, il pressa le général espagnol, lui représentant avec exagération la force des Français.
Les négociations de Mazarin aboutirent le 6 avril 1631 au traité de Cherasco par lequel l’empereur et le duc de Savoie reconnaissaient la possession de Mantoue et d’une partie du Montferrat à Charles Gonzague et surtout l’occupation française de la place forte de Pignerol, porte de la vallée du Pô. Elles apportèrent à Louis XIII et au cardinal de Richelieu une telle satisfaction que celui-ci en regarda l’auteur comme un homme inépuisable en ressources, fécond en ruses et stratagèmes militaires et qu’il en conçut le vif désir de le connaître personnellement. Il le manda à Paris, où Jules se rendit avec un plaisir inexprimable. Richelieu l’accueillit avec de grandes démonstrations d’affection, l’engagea par les plus belles promesses, et lui fit donner une chaîne d’or avec le portrait de Louis XIII, des bijoux et une épée d’une valeur considérable.
Il est d’abord vice-légat d’Avignon (1634), puis nonce à Paris (1634-36), il déplut par ses sympathies françaises à l’Espagne, qui le fit renvoyer à Avignon (1636) et qui l’empêcha, malgré les efforts de Richelieu, de devenir cardinal.
Richelieu, se sentant accablé par l’âge, bien qu’il fût infatigable au travail, pensa que Mazarin pourrait être l’homme qu’il cherchait pour l’aider à porter le gouvernement. Dès son retour en France, après un bref voyage à Rome, il le retint près de lui et lui confia plusieurs missions dont Mazarin s’acquitta fort honorablement, puis le présenta au roi qui l’aima beaucoup. Il s’établit alors dans le palais royal.
Toujours très habile au jeu, un jour qu’il gagnait beaucoup, on accourut en foule pour voir la masse d’or qu’il avait amassée devant lui. La reine elle-même ne tarda pas à paraître. Mazarin risqua tout et gagna. Il attribua son succès à la présence de la reine et, pour la remercier, lui offrit cinquante mille écus d’or et donna le reste aux dames de la cour. La reine refusa, puis finit par accepter, mais quelques jours après, Mazarin recevait beaucoup plus qu’il n’avait donné. De ce jour, il s’affermit dans la faveur du roi, de toute la cour de France, mais surtout de la reine qui, quelques années plus tard, deviendra la régente.
Mazarin envoya à son père, à Rome, une grosse somme d’argent et une cassette de bijoux pour doter ses trois sœurs et s’affermit dans l’idée de servir la Couronne, dont la faveur pensait-il était le plus sûr moyen d’obtenir la pourpre, objet constant de son ambition depuis sa jeunesse. Mais Richelieu, qui l’aimait beaucoup et le jugeait digne du chapeau de cardinal, n’avait pas hâte de le combler. Un jour, il lui offrit un évêché avec trente mille écus de rente. Mazarin, qui aspirait à plus, ne voulut pas courir le risque d’arrêter là sa fortune et refusa aimablement. Il attendit encore longtemps puis, las d’attendre, rentra en Italie en 1636, pensant qu’à Rome, au service du cardinal Antonio, neveu du pape, il serait plus en mesure d’avoir la pourpre.
En avril 1639, il est naturalisé français et repart pour Paris. Il entre au service de la France et se met à la disposition de Richelieu. En décembre 1640, il fait un heureux début en gagnant à la cause française les princes de Savoie ; un an plus tard, le pape lui accordait le chapeau de cardinal. Lors de la conspiration de Cinq-Mars et du duc de Bouillon, celui-ci n’obtint sa grâce qu’en livrant Sedan ; Mazarin signa la convention et vint occuper la ville.
Le 5 décembre 1642, lendemain de la mort de Richelieu, Mazarin fut nommé Principal Ministre de l’État, comme l’avait recommandé Richelieu qui voyait en lui son digne successeur.
Entre la mort de Richelieu et celle de Louis XIII, Mazarin procéda à ce qu’on appellerait aujourd’hui une campagne de lobbying. En effet, il contacte tout l’entourage religieux de la reine et se présente comme un digne successeur de Richelieu. Si bien que, quand la pieuse Anne d’Autriche ira demander conseil autour d’elle au moment du choix de son premier ministre, elle aura la même réponse auprès de tous ses conseillers : le Cardinal Mazarin !
Ainsi, à partir de 1643, à la mort de Louis XIII et comme Louis XIV n’est encore qu’un enfant, la régente Anne d’Autriche nomme Mazarin Premier Ministre dont elle est secrètement l’amante. En mars 1646, il devient également « surintendant au gouvernement et à la conduite de la personne du roi et de celle de Monsieur le duc d’Anjou ».
À peine au pouvoir, il dut affronter l’hostilité des "Grands" dans l’affaire de la Cabale des Importants (1643) où un complot pour l’assassiner fut déjoué.
Malgré les succès militaires et diplomatiques mettant enfin un terme à la guerre de Trente Ans (traité de Westphalie-1648), les difficultés financières s’aggravèrent, rendant les lourdes mesures fiscales de Mazarin de plus en plus impopulaires. Ce fut l’une d’elles qui déclencha la première Fronde, la Fronde Parlementaire (1648) . Paris est assiegée par l’armée royale, qui ravage les villages de la région parisienne par pillages, incendies, viols... N’obtenant pas la soumission de la capitale, les partis concluent la paix de Saint-Germain (1 avril 1649). Ce ne fut qu’un répit.
La Fronde des princes (1650-1652), déclenchée par l’arrestation de Condé avide de récompenses pour lui et sa clientèle, et s’opposant ainsi aux appétits du Cardinal, lui succéda. Mazarin fut obligé de s’exiler à deux reprises (1651 et 1652), tout en continuant de gouverner par l’intermédiaire d’Anne d’Autriche et de fidèles collaborateurs comme Hugues de Lionne (1611-1671) et Michel Le Tellier (1603-1685). La région parisienne fut à nouveau ravagée, par les armées et par une épidémie de typhoïde répandue par les soldats, dans un été torride, qui entraina au moins 20% de pertes dans la population. Sa lassitude et son épuisement facilitèrent le retour du roi, acclamé dans un Paris ainsi soumis, puis plus tard, celui de Mazarin.
Les critiques contre Mazarin concernaient en partie son origine italienne et obscure, mais surtout le parachèvement de la monarchie absolue qui se traduisait notamment par la formidable augmentation d’impôts comme la Taille pour mener les guerres en Europe (Flandres, Catalogne, Italie). Ayant brisé toutes les oppositions, il est resté premier ministre jusqu’à sa mort au château de Vincennes, le 9 mars 1661 des suites d’une longue maladie.
Deux jours avant sa mort, il fait appeler les trois ministres du Conseil, Michel Le Tellier, Nicolas Fouquet et Hugues de Lionne, et les recommande chaudement au roi. Mais le lendemain, veille de sa mort, sur les conseils de Colbert, il revient sur ses propos concernant Fouquet jugé trop ambitieux et conseille au roi de s’en méfier et de choisir Colbert comme Intendant des finances.
Dés le début de son gouvernement, Mazarin s’enrichit énormément en confondant les caisses de l’État avec sa caisse personnelle. Il perçoit de nombreux « pots de vin » en échange de charges et profite de la faillite d’amis banquiers pour reconstituer à bon compte sa bibliothèque dispersée pendant la Fronde et enrichir sa collection d’œuvres de Titien, Caravage ou Raphaël, de statues, de médailles, de bijoux.
Sa fortune est telle qu’il engage Jean-Baptiste Colbert pour la gérer au mieux.
De cet enrichissement personnel naquirent les "mazarinades", chansons créées par les ouvriers parisiens en signe de protestations aux différents pots de vin qu’ils pouvait toucher.
Mazarin meurt en 1661. La fronde est alors finie depuis plus de 8 ans (53).
Outre l’héritage politique, le cardinal Mazarin a laissé une fortune de 35 millions de livres, dont 8 millions en espèces (soit l’équivalent de l’encaisse de la Banque d’Amsterdam, banque la plus importante du monde à l’époque). Il avait tout perdu pendant la Fronde, il avait donc accumulé ces richesses entre 1652 et sa mort, soit en moins de neuf ans, en se faisant attribuer par la reine-régents charges civiles et ecclesiastiques (en voir la liste impressionnante p 50-51 du "La Fronde" de Hubert Méthivier, PUF, 1984), en spéculant sur les fonds d’ État, en jouant sur la valeur des monnaies et leur retrait (ce qui causa par exemple en 1659 la révolte des "Sabotiers " de Sologne, paysans misérables soulevés contre le retrait des liards ,lesquels constituaient leurs maigres réserves monétaires), en s’ enrichissant par l’ entremise d’ hommes de paille sur les fournitures aux armées &c lire les innombrables témoignages des mémorialistes du temps, dont Mme de Motteville, amie de la reine Anne. Voir aussi le tome 1 des "Lettres &c" de Colbert publiées par Pierre Clement en 1861, en 10 t.. Sous l’Ancien Régime, aucun héritage n’atteignit ce niveau, les plus élevés étant ceux du cardinal de Richelieu (16 millions nets) et de Charles Gonzague (5,5 millions en 1637). Pour éviter que ne soit fait un inventaire de ses biens, et donc de ses agissements, il légua tous ses biens au roi, qui hésita trois jours avant de les accepter, puis l’ayant fait, les laissa à ses héritiers, maneuvre classique en ces temps pour éviter les recherches de justice. Voir le ch. XIX du "Mazarin" de P. Goubert cité plus bas, et les travaux de D. Dessert, dont "Colbert, le serpent venimeux", 2000, pp 63-65. Sa rapacité était telle qu’il songea même, lui qui ne fut jamais ordonné prêtre, à devenir archevêque d’un des riches territoires nouvellement conquis, mais le pape s’opposa à un zèle si intéréssé.
Par testament, Mazarin fit réaliser le Collège des Quatre-Nations (devenu l’Institut de France).
La richesse du Cardinal Mazarin et la volonté du cardinal de se lier à la haute aristocratie par les mariages avantageux de ses nièces (moyen pour les Grands de bénéficier des graces royales) créèrent une dynastie.
Les sœurs Olympe, Marie, Hortense et Marianne Mancini furent célèbres pour leur beauté, leur esprit et leurs amours libérées.
* Marie Mancini fut le grand (et platonique) amour de jeunesse de Louis XIV, qui renonça à elle pour épouser sa cousine Marie-Thérèse d’Autriche.
* Hortense épousa le 1er mars 1661 Armand-Charles de la Porte, duc de Mayenne et de La Meilleraye. Il est l’un des grands personnages de l’histoire de Mayenne. Il a acheté le duché en mai 1654. Ensuite, par alliances successives, le duché passa dans d’autres familles jusqu’à échoir à Louise d’Aumont, épouse d’Honoré IV de Grimaldi, prince de Monaco, ancêtre de l’actuel souverain de la principauté Albert II de Monaco.
* Olympe Mancini, comtesse de Soissons, était la mère du fameux Prince Eugène, passé au sevice des Habsbourgs, et tant de fois vainqueur des armées de Louis XIV.
Leur frère Philippe épousa Diane de Thianges, nièce de Madame de Montespan ; ils furent les grands-parents de l’académicien Louis-Jules Mancini-Mazarini et également des ancêtres des actuels Grimaldi.
C’est en contant les amours des nièces avec Louis XIV que Abraham de Wicquefort s’est retrouvé enbastillé.
La question de savoir si Mazarin lui-même épousa secrètement Anne d’Autriche est controversée. Mais leur correspondance est suffisamment explicite, même codée, sur la nature de leurs liens.
sources wikipedia
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