mercredi 18 avril 2007, par
Nicolas Fouquet ou Foucquet, né à Paris, baptisé le 27 janvier 1615, mort à Pignerol le 3 avril 1680, vicomte de Melun et de Vaux, marquis de Belle-Isle était un homme d’État français. Procureur général du Parlement de Paris, tout-puissant surintendant des finances de Louis XIV, protecteur des écrivains et des artistes, il est disgracié en 1661 par le jeune monarque et, au terme d’un long procès, jeté en prison où il meurt.
Nicolas Fouquet est le second fils de François IV Fouquet, conseiller d’État au Parlement de Paris et associé de la Compagnie des îles d’Amérique, et de Marie de Maupéou, issue d’une grande famille de la robe. La famille Fouquet a fait fortune dans le commerce du drap avant de se reconvertir dans la magistrature. Contrairement aux prétentions de l’époque du clan Fouquet, la famille n’est pas noble. Elle porte D’argent à l’écureuil rampant de gueules, avec la devise « Quo non ascendet ? » (« Jusqu’où ne montera-t-il pas ? »). Un « foucquet » est en effet, en patois des régions de l’Ouest (angevin), un écureuil. Comme les Maupéou, les Fouquet sont « une famille exemplaire de la Contre-Réforme », d’une spiritualité très proche de François de Sales et de Jeanne de Chantal. Sur les douze enfants survivants du couple, les six filles deviennent religieuses, tous les garçons sont tonsurés et deux d’entre eux sont évêques.
Dans un même esprit, c’est aux Jésuites du collège de Clermont que ses parents confient l’éducation de Nicolas. Parallèlement, il aide sa mère, Marie de Maupéou, dans la préparation de médicaments pour les pauvres. Son goût pour la chimie et la pharmacie persiste tout au long de sa vie. Son frère aîné étant destiné à rejoindre la robe, comme son père, le jeune Nicolas est d’abord orienté vers l’état ecclésiastique. En conséquence, il reçoit la tonsure en janvier 1635. Il devient trésorier de l’abbaye Saint-Martin de Tours et reçoit le bénéfice du prieuré de Saint-Julien de Doüy. Malgré tout, sa famille hésite encore sur l’orientation à donner à sa carrière. C’est finalement le droit qui l’emporte - selon le jurisconsulte Christophe Balthazar, sur conseil de Richelieu en personne : Nicolas passe sa licence de droit à la Sorbonne et se fait inscrire au tableau des avocats.
En mars 1633, son père demande au cardinal une charge de conseiller au Parlement de Paris pour Nicolas. Sa demande est refusée : le frère aîné, François V, possède déjà une charge identique. Néanmoins, il obtient l’année suivante une charge de conseiller au parlement de Metz, nouvellement créé par Richelieu. Cet octroi témoigne de la faveur de François et la confiance du cardinal en Nicolas, qui obtient une dispense d’âge. Nicolas reçoit une mission du cardinal : inventorier les papiers du Trésor de la chancellerie de Vic, où sont conservés tous les titres du temporel de l’évêché de Metz et de l’abbaye de Gorze. Il s’agit de vérifier si le duc Charles IV de Lorraine n’empiète pas sur les droits du roi de France, ce qui est toujours le cas quand il s’agit de territoires enclavés à l’étranger et rattachés depuis peu à la France ; c’est le casus belli couramment utilisé. Il s’agit en effet de justifier l’entrée des troupes françaises dans ses États qui occupent le duché avant les conclusions de Nicolas. Le jeune homme s’acquitte de sa tâche avec brio.
En 1635, le frère aîné de Nicolas entre dans les ordres. Désormais, c’est Nicolas qui porte les espoirs d’ascension sociale de son père, lequel achète à son fils une charge de maître des requêtes de l’Hôtel. Là aussi, Nicolas reçoit une dispense d’âge[8]. En 1638, il est détaché de la cour de Metz pour participer au Conseil souverain imposé par la France à Nancy. Il y mène grand train, prenant part aux séances à la comédie, aux bals et aux festins. La même année, son père, pour l’associer à ses affaires, lui cède une part dans la Compagnie des îles d’Amérique.
François Fouquet, se sentant proche de la mort, pousse son fils au mariage. Nicolas jette son dévolu sur Louise Fourché. Le contrat est signé le 10 janvier 1640 à Nantes entre les parents. C’est un riche mariage : Louise apporte en dot 160 000 livres en argent et rentes sur particuliers plus la terre de Quéhillac. Nicolas reçoit de ses parents la propriété de sa charge de maître des requêtes estimée à 150 000 livres, avec en plus une rente de 4 000 livres au denier 18, ce qui représente environ 20 000 livres de capital. De plus, Louise comme Nicolas ont de forts liens de parenté en Bretagne : Louise par ses parents (son père est conseiller au parlement de Bretagne) et Nicolas par ses cousins Chalain et par les liens de son père avec les compagnies de commerces de l’Atlantique. François Fouquet meurt peu de temps après, suivi au début de l’année 1641 par le grand-père maternel de Nicolas, Gilles de Maupéou.
À l’âge de 26 ans, Nicolas Fouquet se retrouve donc chef de son clan familial. Il reprend les activités de son père au sein des différentes compagnies maritimes dans lesquelles la famille détient des parts : Compagnie des îles d’Amérique, du Sénégal ou encore de la Nouvelle-France. En 1640, il fait partie des premiers actionnaires de la Société du Cap-Nord et en 1642, il entre dans celle des Indes orientales
Parallèlement, pour asseoir sa position sociale, il fait l’acquisition de la terre noble de Vaux, en Brie, dans le bailliage de Melun, qui lui confère le titre de vicomte de Vaux. Six mois après son mariage, cependant, sa femme meurt peu de temps après avoir donné naissance à une fille, Marie. En 1642, la mort de Richelieu, protecteur de longue date de la famille Fouquet, vient mettre fin à ses rêves coloniaux et maritimes. Fouquet choisit alors définitivement le service de l’État. Heureusement pour lui, l’équipe ministérielle est maintenue en place par Louis XIII puis, à la mort de celui-ci, par la régente Anne d’Autriche : le cardinal Mazarin prend la succession de Richelieu et devient le nouveau patron de Fouquet.
En 1644, il est nommé intendant de justice, police et finances à Grenoble dans le Dauphiné, sans doute sur décision personnelle de la régente. C’est un poste difficile pour un jeune homme peu expérimenté, qui plus est dans une province au fort particularisme régional. Fouquet y commet l’un des rares impairs de sa carrière. Au cours de l’été, alors qu’il a pris son poste, il quitte son poste sans autorisation pour assister à l’intronisation de son frère aîné François, nommé évêque d’Agde. Or, en son absence, une émeute anti-fiscale a éclaté. Il est révoqué aussitôt par Mazarin, sur l’initiative du chancelier Séguier. Heureusement, un second incident lui permet d’écourter sa disgrâce : sur le chemin de retour, de nouvelles émeutes se déclenchent à Valence. Grâce à son sang-froid, à ses talents oratoires et à son courage personnel, Fouquet parvient à calmer le jeu. En récompense, il réintègre dès 1646 le corps des maîtres des requêtes. Mazarin lui confie une mission d’observation lors du siège de Lérida, en Espagne. Ayant donné toute satisfaction, Fouquet est nommé l’année suivante intendant à l’armée de Picardie, sur décision personnelle d’Anne d’Autriche.
En 1648, il devient intendant de la généralité de Paris. La Fronde donne à son poste une importance inespérée. Il se range immédiatement du côté d’Anne d’Autriche et de Mazarin, se gagnant ainsi la faveur indéfectible de la reine. Après l’arrêt d’Union, il envoie à la reine une lettre conseillant de négocier et de diviser ses ennemis, attitude qu’il conserve tout au long de la Fronde. Pendant le siège de Paris, il s’occupe du service des subsistances.
En novembre 1650, il franchit un pas important en achetant pour 450 000 livres la charge de procureur général du parlement de Paris, avec la bénédiction de Mazarin comme de la régente. Il entre ainsi dans l’élite de la robe. Il en profite pour asseoir son statut social par un second mariage, conclu en février 1651. La nouvelle madame Fouquet, née Marie-Madeleine de Castille-Villemareuil, appartient à une famille de marchands anoblis. Elle n’a que 15 ans, lui en a 36. Sa dot est inférieure à celle de Marie Fourché, mais elle apporte en compensation un vaste cercle de relations. Au même moment, le Parlement vote l’expulsion de Mazarin. Celui-ci a pris les devants en s’exilant en Allemagne. Officiellement, Fouquet, procureur général, instruit contre Mazarin. En sous-main, il tient Mazarin informé jusqu’à son retour en grâce, grâce à son frère Basile, dit « l’abbé Fouquet », chef de la police secrète du cardinal. Le 31 juillet, un arrêt royal transfère le Parlement à Pontoise. Fouquet supervise l’opération, sous les quolibets de la foule.
Il a sa revanche à la fin de la Fronde : lors du lit de justice du 22 octobre 1652, après la lecture de l’acte d’amnistie, il prononce un grand discours louant la clémence du roi et fustigeant ses collègues restés fronder à Paris. Par la suite, il se montrera impitoyable avec les partisans de Condé.
En février 1653, le duc de La Vieuville, surintendant des finances, meurt subitement. Fouquet, soutenu par des amis financiers, se porte aussitôt candidat à sa succession. Même si Mazarin, répugnant à trancher, nommé également le diplomate Abel Servien à la même charge, Fouquet l’emporte le 7 février sur des candidats de première importance comme Le Tellier, Mathieu Molé, l’ancien surintendant de Maisons ou encore les maréchaux de Villeroi et de l’Hospital. Il doit sa nomination à sa bonne conduite durant la Fronde, mais aussi à l’influence de son frère Basile. À la surintendance est assortie un brevet de ministre, qui permet à Fouquet de siéger au Conseil d’En-Haut, la plus puissante instance monarchique. Fouquet est ainsi le plus jeune responsable des Finances de l’Ancien Régime. Pour ce qui est de sa compétence, les opinions varient. L’un de ses biographes, Jean-Christian Petitfils, estime qu’« il connaissait mal les arcanes de la finance » et qu’il était « étranger au milieu des publicains ». L’historien Daniel Dessert indique au contraire qu’il est « préparé à affronter la redoutable tâche des Finances royales » et qu’il « connaît de l’intérieur le fonctionnement de la finance .
Les finances royales sont alors dans un état désastreux. Alors que les besoins d’argent de la couronne sont immenses, à la fois pour financer la guerre et pour les dépenses personnelles de Louis XIV, le stock de métaux précieux disponible ne progresse quasiment pas, et son niveau est insuffisant. Pour faire face, Fouquet ne s’appuie pas sur une théorie économique précise. Cependant, il sait d’expérience que le principal problème de l’État français est son manque de crédit : les traitants, fermiers et autres bailleurs de fonds ne lui font pas confiance. Il s’emploie donc à restaurer le crédit en respectant les contrats passés entre ces traitants et le Trésor et en leur consentant des taux avantageux. Ainsi, il assigne sur de nouveaux fonds de vieux billets de l’Épargne, compensant ainsi une partie de la banqueroute de 1648. Il met l’accent sur les « affaires extraordinaires » : création et vente de charges, création de droits nouveaux, émissions de rentes et prêts, le tout dans des conditions très avantageuses pour les traitants. Au contraire des manipulations monétaires passées, il impose en juillet 1653 une réévaluation de la livre tournois : la pistole d’or passe de 12 à 10 livres. Le crédit se fait plus abondant et la situation s’améliore.
Loin d’inciter à la sagesse, cette embellie provoque de nouvelles dépenses inconsidérées. Dès 1654, la crise revient. Fouquet doit s’engager de manière importante sur sa fortune personnelle et même celle de ses proches. En novembre 1657, il doit ainsi prendre à sa charge un tiers d’un contrat global de 11,8 millions de livres. Son crédit personnel lui permet de couvrir l’engagement, mais au prix d’un intérêt de 20 %.Parallèlement aux difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de sa charge, il doit compter avec la faveur changeante de Mazarin et les critiques de Colbert, intendant de ce dernier. Exaspéré par ces tensions, il offre même sa démission, qui est refusée. Il ne s’entend guère non plus avec son collègue Servien : dès décembre 1654, il avait dû réclamer au roi un règlement pour délimiter les fonctions de chacun. Servien s’était vu attribuer les dépenses, et Fouquet les recettes.
La politique de Fouquet lui permet de se constituer une large clientèle parmi les manieurs d’argent du royaume. En outre, les flux financiers considérables qui passent par les mains du surintendant ainsi qu’un réseau d’espions et d’informateurs permettent à Fouquet de consolider sa position. Les plus grands seigneurs deviennent ses amis et/ou ses obligés. Enfin, ses cousins Maupéou ainsi que son remariage lui garantissent une bonne mainmise sur la robe. Fouquet consacre son ascension sociale en mariant sa fille Marie avec Armand de Béthune, marquis de Charost, descendant de Sully. Il dote sa fille princièrement : elle apporte 600 000 livres à son époux en louis d’or et d’argent.
À la mort de Servien en 1659, Fouquet est confirmé seul dans sa charge, qu’il conserve jusqu’à la suppression de cette dernière en 1661. Il repousse avec succès une intrigue de Colbert pour le relever de la surintendance[24], s’emploie à convaincre Mazarin de la nécessité de réduire les dépenses de l’État et simultanément, travaille à un vaste plan de redressement financier fondé sur l’amélioration de la perception des impôts indirects (centralisation des fermes générales), l’allègement des tailles (remise sur les arriérages de tailles impayées), l’assainissement des finances municipales (vérification des dettes des villes) et, toujours, l’amélioration des relations avec les manieurs d’argent. Malgré la fin de la guerre, pourtant, la situation des finances royales reste très dégradée. Les manieurs d’argent préfèrent prêter à la Cour qu’au roi, et Fouquet doit une nouvelle foi engager sa signature personnelle, consentir à des taux d’intérêt considérables, accorder des remises et recourir aux affaires extraordinaires.
Le bilan de sa surintendance ne fait pas l’unanimité. L’historiographie classique reproche à Fouquet son absence de principes économiques clairs, sa timidité à réduire les « affaires extraordinaires » et à éteindre les emprunts royaux, mais surtout sa collusion avec le milieu des manieurs d’argent, son clientélisme et son enrichissement personnel. Daniel Dessert juge ce bilan largement marqué par les critiques de Colbert et préfère souligner l’amorce de redressement financier obtenu par Fouquet, par des moyens somme toute similaires à ceux de Colbert :
« En réalité, il n’existe pas de politique financière profondément différente entre Fouquet et son rival [Colbert]. Ce qui les différencie, c’est leur style : tout en nuances, en touches subtiles chez le premier ; en coups de boutoir chez le second. »
Actionnaire, à la suite de son père, de compagnies d’exploitation coloniales, Fouquet a conscience des problèmes inhérents à ces sociétés qui hésitent souvent entre but religieux et but commercial, possèdent des moyens insuffisants et pâtissent de la concurrence des Anglais et des Néerlandais. Rapidement, il décide donc d’intervenir dans les colonies de manière plus directe, en se faisant armateur. Dès les années 1640, sa famille achète ou fait bâtir plusieurs navires, dont des bâtiments de guerre. Certains semblent être utilisés pour la course, sous commission de la France comme du Portugal ; une partie sera vendue à la couronne de France en 1656. Des membres de la parenté sont également placés à des fonctions stratégiques : en 1646, son cousin le président de Chalain devient gouverneur du port breton de Concarneau.
Fouquet veut aller plus loin et se créer en Bretagne une puissance domaniale pouvant servir de base à de vastes entreprises coloniales et commerciales. C’est dans cette optique qu’il se lie à l’illustre maison bretonne de Rieux, à qui il rachète plusieurs terres aux alentours du golfe du Morbihan. En 1658, par l’intermédiaire de Jeanne-Pélagie de Rieux, propriétaire de l’île d’Yeu, il fait fortifier l’île où il amène des vaisseaux armés. La même année, il achète Belle-Île, dont il restaure les murailles, et où il fait bâtir un port, des magasins et des entrepôts. Il semble bien que l’île soit également destinée à être une plâce de sûreté, un refuge en cas de procès. Simultanément, il constitue par l’intermédiaire d’un prête-nom une société de commerce à destination de l’Espagne et des Indes, dont les bateaux utilisent Belle-Île comme port d’attache et entrepôt. À la tête d’une dizaine de navires, utilisés pour le cabotage ou le commerce au long cours, Fouquet se classe parmi les premiers armateurs du royaume.
Afin de se prévaloir d’une autorité légitime, Fouquet achète en 1660 au duc de Damville la charge de vice-roi d’Amérique, qu’il confie à un homme de paille : les lettres de provision accordent au titulaire l’autorisation d’exempter d’impôts les marchandises et munitions destinées aux places existant ou à créer en Amérique. L’objectif du surintendant est alors de prendre le contrôle du commerce des peaux et fourrures d’Acadie, ainsi que de la pêche à la morue. Toutefois, il ne peut concrétiser ses projets suite à l’opposition de la Compagnie de la Nouvelle-France. Ses projets en Terre-Neuve et aux Antilles connaissent pareillement l’échec, sans doute en raison de la dispersion des efforts de Fouquet.
Fouquet a de nombreuses demeures. Jeune homme, il réside dans la maison familiale de la rue de Jouy, à Paris. Il acquiert ensuite une demeure près de la rue de Matignon, avant de déménager dans l’hôtel de Castille, apporté en dot par sa seconde épouse. Il possède ensuite l’hôtel de Narbonne et celui d’Émery, jouxtant celui de Mazarin. Il achète également une grande propriété à Saint-Mandé. Il la fait rebâtir et embellir. Il y constitue une grande collection de livres (27 000 volumes), surpassée seulement par celle de Mazarin (50 000). Son goût des jardins s’y développe : il les réaménage, les décorant de statues, de serres et d’orangeries. Néanmoins, il ne fait pas preuve d’un goût très raffiné : il recherche avant tout les pièces décoratives et fastueuses. Il y donne de nombreuses réceptions et y joue gros jeu. En 1656, il reçoit successivement la Cour, Gaston d’Orléans et la reine Christine de Suède.
À partir de 1653, il fait bâtir un magnifique château à Vaux-le-Vicomte (actuelle commune de Maincy). Le domaine de départ, acheté avant son accession à la surintendance, ne consiste qu’en friches et en un vieux château. Il commence par racheter méthodiquement les terres alentour : l’ensemble du domaine représente, à terme, plus de 200 contrats, certains achats ne portant que sur quelques arpents de terre. Il fait raser le village de Vaux, quelques autres hameaux et bois, détourner une rivière et arracher des vignes. En outre, des travaux d’adduction d’eaux sont réalisés.
Il y fait travailler Le Vau, Le Brun et Le Nôtre. Il s’entoure d’une petite cour d’écrivains comme Molière, La Fontaine, Madame de Sévigné ou Madame de Scudéry. Le roi y vient pour la première fois en juillet 1659. Le 17 juillet 1660, Fouquet l’y reçoit de nouveau, accompagné par l’infante, alors qu’ils reviennent de Saint-Jean-de-Luz.
Le 11 juillet 1661, il reçoit une nouvelle fois la Cour. Louis XIV n’ayant pu assister à la fête, une autre est donnée le 17 août. Elle est somptueuse, avec jets d’eaux, feux d’artifice, ambigu (buffet) donné pour plus de 1000 couverts et supervisé par François Vatel et pièce de Molière (création des Fâcheux). Louis XIV est furieux de voir tant de splendeur alors que ses propres demeures sont vides. L’origine de tant d’argent lui paraît suspecte. L’offre de Fouquet de lui donner Vaux ne fait que l’irriter davantage. L’abbé de Choisy rapporte ce propos à Anne d’Autriche : « Ah ! Madame, est-ce que nous ne ferons pas rendre gorge à tous ces gens-là ? »
Fouquet fonde un salon à Meudon dès la fin de la Fronde. Il y attire Paul Pellisson, Charles Perrault, Quinault, Ménage, La Fontaine. Il fréquente aussi des scientifiques comme le médecin Samuel Sorbière ou le philosophe La Mothe Le Vayer. Dès 1660, il s’intéresse à Molière.
À Vaux, son salon réunit plutôt des précieux. Fouquet lui-même écrit poèmes, chansons, énigmes et bouts-rimés, suivant la mode de l’époque. Il pensionne de nombreux poètes, comme Corneille (2000 livres par an), Scarron (1600 livres) ou encore Gombauld (1000 livres). Sa générosité à l’égard des artistes en fait l’un des mécènes les plus puissants de France, bien devant le cardinal Mazarin. En remerciement, Corneille dédie au surintendant son Œdipe et Madeleine de Scudéry le place dans sa Clélie, histoire romaine au même rang que Richelieu en tant que protecteur des arts et des lettres.
Derrière une apparence physique assez frêle, et malgré sa jeune expérience, il a manifesté un grand courage et un sang-froid. Il ne se trouble pas facilement dans l’adversité, et il compte sur les ressources de son intelligence et de son éloquence pour triompher des pires difficultés.
Ce charmeur, grâce à son verbe persuasif, peut aussi bien subjuguer des foules frustes, débordant de misère et de colère, que les esprits raffinés de la cour ou du Palais, qui se délectent en l’écoutant opiner. Dans une position difficile, il se manifeste toujours comme un homme de dialogue, de négociation, et son esprit inventif et souple lui permet de s’adapter aux circonstances et de maîtriser les événements. Il analyse rapidement les situations et sait tirer profit des circonstances. Bref, il démontre des qualités d’homme d’action, jointes à un sens de la mesure qui sait se ménager des recours.
Il a un caractère qui le prédispose à devenir un surintendant des Finances, efficace et adulé, capable, tel un prestidigitateur, de faire surgir les capitaux. On remarque un phénomène qui suivra Fouquet sa vie entière : partout où il passe, sa séduction personnelle, sa faculté de s’imposer aux autres font merveille. Nicolas a un esprit souple et inventif ; il dispose de nombreuses qualités rarement réunies chez un seul homme : il est plein de charme et il connaît parfaitement l’appareil fiscal et financier du royaume.
Son caractère le pousse également à remplir au mieux sa fonction, tant par un désir de servir bien que d’accéder à la gloire ; il est prêt à tout perdre pour triompher... Adolescent puis jeune homme il se frotte aux questions de haute politique et aux problèmes économiques les plus graves qui agitent le royaume ; les affaires maritimes et coloniales lui sont de bonne heure familières.
Peu de femmes avaient résisté à Fouquet et celles qui, comme Madame de Sévigné, ou la Marquise du Plessis-Bellière, n’avaient pas été ses maîtresses, se louaient d’être ses amies. Toutefois, il a fait l’erreur de faire des avances à Louise de La Vallière, maîtresse de Louis XIV, ce qui augmentera encore le courroux du roi envers lui.
Quand Mazarin meurt en mars 1661, la faveur de Fouquet semble à son comble : il contrôle le Conseil privé du souverain, qui le charge de créer un Conseil du commerce et lui confie plusieurs missions de diplomatie secrète. Cependant, les critiques incessantes de Colbert à l’encontre de Fouquet finissent par porter leurs fruits : Louis XIV se défie de plus en plus d’un ministre jugé trop ambitieux. Contrairement à la tradition, la fête extravagante de Vaux n’est pas la cause de l’arrestation de Fouquet : la décision du renvoi, de l’aveu même du roi, a été prise auparavant, le 4 mai. Elle s’explique principalement par l’impression de Louis XIV d’être joué par Fouquet : après lui avoir promis de revenir à une gestion plus saine de ses finances, le surintendant est retombé dans ses anciennes pratiques. La résolution du roi se durcit quand Colbert lui remet les rapports de son cousin, Colbert de Terron, sur les fortifications et l’armement de Belle-Île.
Deux éléments font obstacle à la chute du surintendant : de par sa charge de procureur général, Fouquet n’est justifiable que devant le Parlement, qu’il contrôle. Ensuite, le surintendant jouit de la faveur d’Anne d’Autriche. Colbert y pare méthodiquement : d’abord, il s’arrange pour que Fouquet propose spontanément au roi de vendre sa charge pour lui en remettre le produit Ensuite, il gagne à la cause anti-Fouquet la duchesse de Chevreuse, vieille amie de la reine-mère. Si Fouquet est informé de ces menées, il n’en comprend pas le danger et au contraire, accumule les maladresses.
Alors que la cour est à Nantes pour les États de Bretagne, le 5 septembre 1661, Louis XIV ordonne à d’Artagnan d’arrêter le surintendant pour malversations. Visiblement surpris, Fouquet offre de faire remettre Belle-Île au roi et parvient à faire prévenir ses proches, qui n’utiliseront pas ce répit pour détruire ses documents les plus compromettants. Hugues de Lionne, son ami, demande au roi de partager la disgrâce du surintendant, mais Louis XIV refuse. Belle-Isle se rend sans résistance aux troupes royales. Les scellés sont posés sur toutes les résidences de Fouquet, et celles de ses clients. Mme Fouquet est exilée à Limoges, ses frères Louis et François confinés dans leurs diocèses. Gilles est déchu de sa charge de premier écuyer, et même Basile doit s’exiler en Guyenne. Certains de ses amis les plus proches, comme Pellisson, sont emprisonnés, les autres assignés à résidence.
Le 7 septembre, Fouquet est transféré au château d’Angers. Les perquisitions commencent, en présence de Colbert, pourtant simple particulier sans rôle dans l’instruction. Tout au long des recherches, il fait porter au roi, en toute irrégularité, des pièces inventoriées, dont certaines sont conservées et certaines rendues après quelques jours[34]. Colbert fait également analyser tous les comptes et tous les registres financiers saisis, afin d’y chercher des éléments de preuve contre Fouquet. Derrière un miroir, à Meudon, on découvre le « plan de défense » de Fouquet : il s’agit d’instructions en cas de crise, rédigées par Fouquet lui-même en 1657, à une époque où il croit que Mazarin a juré sa perte. Le mémoire prévoit qu’en cas d’emprisonnement et de mise au secret de Fouquet, les gouverneurs qui comptent parmi ses amis s’enferment dans leur citadelle et menacent d’entrer en dissidence pour obtenir sa libération. Indiscutablement factieux, ce plan est cependant inachevé, lacunaire et tout à fait irréaliste. On relève également un engagement pris par les adjudicataires des gabelles de verser une pension annuelle de 120 000 livres à un bénéficiaire dont le nom est laissé en blanc : il s’agit clairement d’un pot-de-vin. Par la suite, Fouquet accusera Colbert d’avoir fait placer chez lui un document issu des papiers de Mazarin : de fait, le papier n’est pas mentionné dans un premier procès-verbal établi avant la visite de Colbert, et n’est trouvé qu’après une visite minutieuse des lieux par ce dernier.
Le 12 septembre, Louis XIV supprime la surintendance, la remplaçant par un Conseil royal des finances. Colbert prend le poste de Fouquet au Conseil d’En Haut, avec rang de ministre. Une chambre de justice est constituée le 15. Elle est composée de magistrats de la Cour des aides et de la Cour des comptes. Son objet est « la recherche des abus et malversations commises dans les finances depuis 1635 ». Le 1er décembre, Fouquet est transféré au château d’Amboise ; la population l’injurie sur son passage.
L’instruction du procès de Fouquet est ouverte le 3 mars 1662. Dès lors, la procédure s’embourbe. Les interrogatoires débutent le 4 mars, alors que Fouquet n’a pas connaissance des pièces saisies et qu’aucun acte de procédure ne lui a été notifié. En mai, il est inculpé. Le 6 juillet, un arrêt du Conseil d’En Haut lui interdit de se pourvoir devant le Parlement, malgré sa qualité d’ancien procureur général. Il n’est pas confronté aux témoins avant le 18 juillet, et on ne lui accorde un conseil que le 7 septembre. Le 18 octobre marque une étape importante du procès : la cour rend un arrêt d’appointement, qui force la procédure à continuer par écrit.
Le président désigne une liste de rapporteurs. Mme de Maupéou, qui agit pour le compte de son fils, en récuse deux, comme elle en a le droit. Louis XIV réplique qu’il avait choisi précisément ces deux magistrats, et refuse toute modification. Le 10 décembre, Colbert fait remplacer Lamoignon, jugé trop favorable à l’accusé, et lui substitue Pierre Séguier, dont la haine pour l’ancien surintendant est notoire.
Enfin, le 3 mars 1663, la cour accepte de communiquer à Fouquet les pièces de son choix, et consent à n’utiliser que celles qu’il aurait étudiées. Pendant ce temps, les complices de Fouquet sont jugés et condamnés. Ainsi, Jean Hérault de Gourville est condamné à mort par contumace pour « péculat » et lèse-majesté. La marquise du Plessis-Bellière, probablement la meilleure amie de Fouquet, est emprisonnée.
Parallèlement, les amis du prisonnier publient des libelles en sa faveur. Pellisson, embastillé, publie en cachette un Discours au roi par un de ses fidèles sujets sur le procès de M. Fouquet dont Louis XIV prend connaissance. La Fontaine écrit et fait circuler, sans nom d’auteur, une Élégie aux Nymphes de Vaux, poème dédié à « M. F. » faisant appel à la clémence du roi, ce qui lui vaut la suppression de sa pension par Colbert. L’opinion publique commence à se retourner. Colbert, furieux, fait pourchasser les auteurs et les colporteurs de gazettes.
Les deux crimes reprochés sont le péculat (détournement de fonds publics par un comptable public) et la lèse-majesté, passibles tous deux de la peine de mort.
Les chefs d’accusation peuvent être regroupés comme suit :
* réception de pensions sur les fermes mises en adjudication ;
* acquisition de droits sur le roi par le biais de divers prête-noms ;
* réassignation de vieux billets surannés ;
* octroi d’avances à l’État en cumul avec une fonction d’ordonnateur des fonds, afin d’en tirer bénéfice.
L’accusation appuie son argumentation, issue de la coterie de Colbert, sur deux types de preuves : d’abord, l’opulence de Fouquet et ses nombreuses acquisitions, ensuite, le témoignage de plusieurs manieurs d’argent ainsi que les papiers trouvés durant les perquisitions.
Sur le premier point, l’accusation soutient la pauvreté de Fouquet avant d’entrer dans les affaires : à preuve, il a dû emprunter les 300 000 livres de sa charge de procureur général. Elle met également en avant les dépenses importantes engagées pour Vaux. Elle met ensuite en avant son immense fortune actuelle, sur la base des 38 comptes découverts chez son commis : entre février 1653 et la fin 1656, Fouquet a reçu 23 millions de livres. Sur ce montant, 3,3 millions proviennent de ses gages et appointements, le reste étant constitué de billets de l’Épargne, d’ordonnances de comptant et de sommes reçues des gens d’affaires. Pour l’accusation, cela prouve que Fouquet confond les recettes destinées à l’État et ses revenus personnels.
De manière surprenante, et malgré les demandes de Fouquet, les magistrats ne dressent aucun état des biens de l’accusé, qui aurait pu permettre de trancher la question. En effet, Fouquet de son côté nie sa prétendue pauvreté au moment d’entrer en charge comme sa richesse actuelle. Tout au long de la procédure, il se défend habilement, profitant d’une insuffisante culture financière du chancelier Séguier. Il se montre évasif sur les questions les plus épineuses pour lui, comme celle des droits d’octroi, et exploite les faiblesses de l’accusation comme la complexité du dossier.
Sur le fond, Daniel Dessert donne raison au surintendant. Il juge que les différents chiffres produits à charge sont « divers, contradictoires, en un mot discutables » et devant être maniés avec précaution. Pour lui, ils témoignent davantage de la circulation des effets et de l’argent entre les mains de Fouquet et de ses collaborateurs que de l’ampleur de la fortune de ce dernier, et donc des détournements qu’il aurait commis. sur la base des actes notariés existant, des papiers du procès et des pièces relatives au règlement de la succession, il estime la fortune de Fouquet lors de son arrestation à 15,4 millions de livres d’actif et 15,5 millions de passif, soit un solde négatif de 89 000 livres. Fouquet n’aurait donc pas gagné à être surintendant. De plus, Fouquet n’aurait pas volé son argent au roi : toutes ses acquisitions seraient payées ou en cours de paiement avec l’argent de son couple. Il conclut que « l’ensemble du dossier, pièces à conviction et interrogatoires, ne permet pas de prouver un quelconque manquement de Fouquet. »
Jean-Christian Petitfils se montre plus réservé. Sa propre estimation de l’état des biens de Fouquet fait ressortir un actif de 18 millions de livres et un passif de 16,2 millions, soit un solde positif de 1,8 million. Il met également l’accent sur le compte de résultat et notamment l’importance des dépenses, ainsi que sur le désordre de la comptabilité de Fouquet. Si « rien ne démontre qu’il ait puisé directement dans les caisses du Trésor (...) il est difficile d’admettre qu’au milieu de cette orgie de faux et de concussion, Fouquet soit resté blanc comme neige[48]. » Comme beaucoup de ses contemporains, Fouquet se serait donc bel et bien enrichi en se comportant comme banquier, financier et traitant vis-à-vis de l’État, alors même qu’il était en même temps ordonnateur des fonds.
L’accusation se fonde essentiellement sur le plan de défense de Saint-Mandé, lequel n’était pas connu au moment de l’arrestation : on reproche à Fouquet d’avoir fomenté un plan de rébellion en bonne et due forme en corrompant des gouverneurs de place et des officiers, en fortifiant certaines de ses terres, en constituant une flotte de vaisseaux armés en guerre et en tentant d’enlister dans son parti la Compagnie de Jésus. Au pied du mur, Fouquet invoque un mouvement de folie et dénie tout caractère sérieux au contenu du plan. Pour lui, son seul crime est de ne pas avoir brûlé ce papier aussitôt rédigé. Il conclut en faisant allusion au comportement de son accusateur, Séguier, pendant la Fronde, ainsi qu’à celui de son gendre, le duc de Sully, qui avait ouvert aux Espagnols les portes de Mantes dont il avait le gouvernement.
Alors que le roi réclame discrètement mais fermement la mort, Fouquet est condamné le 21 décembre 1664 par la Chambre de justice au seul bannissement hors du royaume et à la confiscation de ses biens, bien qu’il soit reconnu coupable de péculat et de lèse-majesté. C’est un désaveu terrible pour Colbert, qui a consacré trois ans d’efforts à obtenir la peine capitale. Voltaire, tout en reconnaissant que Fouquet a « dissipé les finances de l’État et (...) en a usé comme des siennes propres », explique cette sentence clémente par « l’irrégularité des procédures faites contre [Fouquet], la longueur de son procès, l’acharnement odieux du chancelier Séguier contre lui, le temps qui éteint l’envie publique, et qui inspire la compassion pour les malheureux, enfin les sollicitations toujours plus vives en faveur d’un infortuné que les manœuvres pour le perdre ne sont pressantes. »
N’hésitant pas à recourir au déni de justice, Louis XIV commue la sentence en détention perpétuelle à Pignerol, place forte royale située dans les Alpes, et disgracie les juges, dont Lefèvre d’Ormesson, qui n’ont pas appliqué ses volontés dans cette affaire. Les riches amis financiers de Fouquet sont poursuivis par la même chambre de justice, qui siège jusqu’en 1669. Les nobles ne sont pas inquiétés.
Officiellement, Nicolas Fouquet meurt à la forteresse de Pignerol le 3 avril 1680, sous les yeux de son fils, le comte de Vaux, qui se trouve là en visite. La mort est due à une crise d’apoplexie et fait suite à une longue maladie. Aucun acte de décès n’est établi, mais une ordonnance énumère les frais entraînés par la maladie puis les funérailles de Fouquet. Au reste, la famille ne conteste pas les circonstances du décès ; aucune autopsie n’est donc pratiquée. Le corps de Fouquet est déposé dans l’église Sainte-Claire de Pignerol, comme c’est la coutume pour les défunts anciens prisonniers de la forteresse, avant d’être transféré dans la chapelle Fouquet du couvent de la Visitation-Sainte-Marie, à Paris (actuelle église réformée du Marais, rue Saint-Antoine).
Cependant, plusieurs sources jettent le trouble sur ce récit des événements. Gourville affirme dans ses Mémoires que Fouquet a été libéré peu de temps avant de mourir, thèse confirmée, d’après Voltaire dans son Siècle de Louis XIV, par la comtesse de Vaux, sa belle-fille. Il faut noter cependant que le premier écrit des années après les événements et que la seconde a épousé le comte de Vaux après la mort de Fouquet. Robert Challes rapporte dans ses Mémoires une théorie que lui aurait confiée le premier commis de Colbert : relâché suite à l’intercession de la dauphine, Fouquet serait mort à Chalon-sur-Saône, possiblement d’une indigestion. Il est le premier à mentionner un éventuel empoisonnement. Malgré son niveau de détail, la théorie telle que rapportée par Challes est peu vraisemblable.
Enfin, il faut mentionner un ajout autographe de Louvois à la fin d’une lettre adressée à Saint-Mars, geôlier de Fouquet : « mandez-moi comment il est possible que le nommé Eustache ait fait ce que vous m’avez envoyé, et où il a pris les drogues nécesssaires pour le faire, ne pouvant croire que vous les lui ayez fournies. » Le « dénommé Eustache » est Eustache Dauger, un autre prisonnier de Pignerol, enfermé là pour éviter qu’il ne divulgue un secret d’État, et qui est devenu le valet de Fouquet. Le texte sybillin de Louvois laisse penser à un empoisonnement mais, si Dauger aurait bien eu la possibilité matérielle de le faire, on ne lui reconnaît aucun mobile. Petitfils suppose que les « drogues » dont il est question ont servi à élaborer de l’encre sympathique et conclut que Fouquet est mort de mort naturelle. Dessert, tout en jugeant « plausible » l’empoisonnement, souligne également l’absence de mobile, et écarte comme « matériellement impossible » l’idée que Colbert puisse en être à l’origine.
Sa haute position sociale au moment de son arrestation, et donc les nombreux secrets qu’il était censé connaître, l’acharnement du roi, qui brisa la sentence des juges, font que de nombreux auteurs, parmi lesquels Alexandre Dumas dans Le Vicomte de Bragelonne, ont mêlé le sort de Fouquet à celui de l’Homme au masque de fer. Cette thèse n’a pas de fondements historiques.
sources wikipedia
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Messages et commentaires
1. Nicolas Fouquet, 3 mai 2012, 00:02, par Maupeou
Maupeou ne s’écrit pas avec un accent sur le "e"
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