lundi 9 avril 2007, par
Adolphe Édouard Casimir Joseph Mortier (°1768 Le Cateau-Cambrésis - †1835 Paris), duc de Trévise, maréchal d’Empire (1804)
Il était fils d’Antoine-Charles-Joseph Mortier, député aux États généraux. Il entra comme capitaine dans le 1er bataillon des volontaires du Nord.
Entré dans l’armée en tant que sous-lieutenant en 1791, il sert pendant les campagnes de 1792 et de 1793 sur la frontière nord-est et en Hollande, et plus tard sur la Meuse et le Rhin. Il eut un cheval tué sous lui à l’affaire de Quiévrain et donna des preuves de sa valeur aux batailles de Jemmapes, de Nerwinde, à Sellemberg près de Louvain. Pendant le blocus de Valenciennes, il se maintint pendant six heures sur la rivière de Persian avec 150 hommes, après l’évacuation du camp de Famars. Il fut nommé adjudant-général à Hondschoote, en octobre 1793. Blessé au moment où il s’emparait du village de Dourlers, il se signala de nouveau à Mons, à Bruxelles, à Louvain, à Fleurus.
En 1794, sous le général Kléber, il s’empara du fort Saint-Pierre, et se trouva, sous les ordres de Marceau, au passage du Rhin à Neuwied.
En 1796, il eut le commandement des avant-postes de l’armée de Sambre-et-Meuse sous le général Lefebvre. Il se signala à Altenkirchen, à la bataille de Friedberg, enleva les hauteurs de Wildendorf et fit 2 000 prisonniers ; s’empara de Grossen, fit capituler Francfort, enleva de vive force Gemmunden, où il fit un grand nombre de prisonniers et prit quinze bateaux chargés de munitions de guerre, et enfin força le général Wartensleben à opérer sa retraite sur Bamberg. Au combat d’Hirschied, à Ehmanstadt, Mortier donna des preuves de la plus grande valeur.
Dans le fort de Rotbemberg, dont il s’empara, il trouva 60 pièces de canon. Promu au grade de général de brigade en 1799, il concourut puissamment à la prise de Lieptengen.
Dans la guerre contre la deuxième coalition en 1799 il est successivement promu général de brigade et général de division le 27 septembre 1799, il alla commander la 4e division à l’armée d’Helvétie. Il combattit avec distinction dans les différentes affaires qui précédèrent et suivirent la prise de Zurich, et seconda Masséna à opérer l’entière expulsion de l’ennemi du territoire helvétique. Il participa ensuite aux opérations militaires qui eurent lieu contre les Autrichiens dans le pays des Grisons. Un arrêté du gouvernement consulaire l’appela bientôt au commandement des 15e et 16e divisions militaires, dont le chef-lieu était Paris. En 1803, le général Mortier fut chargé par le premier Consul du commandement de l’armée destinée à s’emparer du Hanovre. Il traverse le Waal avec 14 000 hommes, bat les troupes hanovriennes et force le feld-maréchal Waldomen à signer, le 3 juin, à Sublingen, une convention qui rendit les Français maîtres de tout l’Électorat. Il reçut du premier Consul les éloges les plus flatteurs et devint l’un des quatre commandants de la Garde consulaire. Le commandement de l’artillerie lui fut spécialement confié. En 1804, Mortier fut élevé à la dignité de maréchal de France ; Grand aigle de la Légion d’honneur il reçut quelque temps après la croix de l’ordre du Christ du Portugal.
En 1805, il commanda un des corps de la Grande Armée sous les ordres de l’Empereur. Il commande l’infanterie de la Garde impériale pendant la campagne d’Ulm dans laquelle il s’est distingué en particulier par son action brillante à Dürrenstein.
En 1806 il est encore à Hanovre et en l’Allemagne du nord-ouest, et Napoléon confia à Mortier le commandement du 8e corps de la Grande Armée, composée de troupes gallo-bataves. Il s’empara de Cassel le 1er octobre et de Naumbourg en novembre suivant. En 1807, il vainquit les Suédois à Anclam et se signala à la bataille de Friedland. Nommé duc de Trévise, quelque temps après, il reçut une dotation de 100 000 francs de rente sur les domaiues de l’ancien électoral de Hanovre. Il est fait gouverneur de Silésie, et peu après il commande pendant la campagne en Espagne.
En 1808, il commanda le 5e corps de l’armée d’Espagne, prit une part glorieuse au siège de Saragosse. Il remporte la victoire d’Ocaña le 18 novembre 1809 où plus de 60 000 Espagnols furent écrasés par moins de 30, 000 Français. Il fut chargé du siège de Cadix et battit les Espagnols à la bataille de Gebora le 19 février 1811.
En 1812, lors de la campagne de Russie, le maréchal Mortier reçut le commandement de la Jeune Garde impériale. L’Empereur le nomma gouverneur du Kremlin et lui donna, au moment de la retraite, la terrible mission de le faire sauter. Poursuivi par des forces supérieures, le duc de Trévise fut attaqué au passage de la Bérésina et partagea avec le maréchal Ney l’honneur de sauver les débris de la Grande Armée. Ce fut lui qui réorganisa, à Francfort-sur-le-Main, la jeune Garde dont il eut le commandement pendant la campagne de 1813. Il combattit à Lutzen, à Bautzen, à Dresde, à Wachau, à Leipzig et à Hanau.
Pendant la campagne de 1814, le maréchal duc de Trévise prit une part active à toutes les actions qui signalèrent cette immortelle campagne. Ce fut lui qui, dans la défense de Paris, fut chargé de soutenir le choc de l’armée alliée dans la plaine de Saint-Denis. Parvenu au pied de l’enceinte de cette capitale, l’empereur de Russie envoya à Mortier le comte Orlow, son aide-de-camp, pour le sommer de mettre bas les armes ; le maréchal répondit : « Les alliés, pour être au pied de la butte Montmartre, ne sont pas pour cela maîtres de Paris. L’armée s’ensevelirait sous ses ruines plutôt que de souscrire à une capitulation honteuse ; et quand elle ne pourra plus se défendre, elle sait comment et par où effectuer sa retraite devant et malgré l’ennemi. »
Mortier ne quitta sa position qu’après que le duc de Raguse eut conclu un arrangement pour l’évacuation de la capitale. Le 8 avril il envoya son adhésion aux actes du Gouvernement provisoire. Immédiatement après la rentrée des Bourbons, en 1815, il se met au service de Louis XVIII. Il fut envoyé à Lille en qualité de commissaire extraordinaire de la 16e division, dont il devint ensuite gouverneur. Le roi le nomma chevalier de Saint-Louis et Pair de France.
A l’époque du 20 mars, le Gouvernement résolut de former à Péronne une armée de réserve dont le maréchal devait avoir le commandement. Arrivé à Lille un peu avant Louis XVIII, le duc de Trévise se hâta de prévenir M. de Blacas que la garnison était prête à se soulever et fit conjurer le roi de partir le plus promptement possible. Le roi ayant approuvé ce conseil, le maréchal l’accompagna jusqu’au bas des glacis, afin d’imposer aux soldats par sa présence. « Je vous remercie de ce que vous avez fait, monsieur le maréchal, lui dit le roi. Je vous rends vos serments ; servez toujours la France et soyez plus heureux que moi. »
Pendant les Cent-Jours il rejoint Napoléon Ier qui lui donne un haut commandement. Napoléon créa Mortier membre de la nouvelle Chambre des Pairs et le chargea de l’inspection des places frontières de l’Est et du Nord, mais dès le début de la campagne de Waterloo il le quitte.
Après la Seconde Restauration, il fut éliminé de la Chambre des Pairs que le roi venait de reformer et tomba en disgrâce pendant un certain temps. Membre du Conseil de guerre chargé de juger le maréchal Ney il se déclara incompétent. Nommé gouverneur de la 15e division militaire à Rouen, en 1816, il fut élu, la même année, membre de la Chambre des Députés par le département du Nord, et rétabli, dans les honneurs de la pairie en mars 1819 et, en 1825, il fut décoré de l’Ordre du Saint-Esprit.
Après la révolution de 1830, il fut nommé grand chancelier de la Légion d’honneur.
En 1830-1831 il fut ambassadeur de France à Saint Petersbourg, et le 18 novembre 1834 il fut appelé au ministère de la Guerre et à la présidence du Conseil. Il accepta à contre-cœur des fonctions pour lesquelles il savait qu’il était peu fait, et qu’il avait déjà refusées une première fois quelques mois auparavant, lors de la démission du maréchal Gérard.
Voir l’article Gouvernement Édouard Adolphe Mortier.
Excellent homme, modeste, loyal, intègre, le maréchal Mortier manque complètement d’autorité sur le gouvernement, notamment sur ces ministres de poids, conscients de leur valeur, que sont Thiers et Guizot. « Pas une de ses paroles n’exprime l’intelligence », ricane Charles de Rémusat. Mal à l’aise à l’oral, il balbutie devant les chambres qu’il ne parvient pas à dominer. La situation finit par être préjudiciable à Louis-Philippe, que l’opposition accuse d’avoir placé un fantoche à la tête du gouvernement pour mieux imposer sa politique personnelle. En définitive, quand Mortier présente sa démission le 20 février 1835, officiellement pour raisons de santé, le roi ne songe pas un instant à le retenir.
En 1835, accompagnant, en qualité de grand chancelier de la Légion d’honneur, le roi Louis-Philippe Ier pendant une revue de la Garde nationale, le maréchal fut tué avec onze autres personnes dans l’attentat de Fieschi. Le cortège était parvenu au boulevard du Temple, le maréchal se plaignit de la chaleur qui l’accablait. Quelqu’un l’engagea de se retirer ; mais il n’y voulut pas consentir. « Ma place, dit-il, est auprès du roi, au milieu des maréchaux, mes compagnons d’armes. » A peine avait-il exprimé cette résolution qu’il tomba foudroyé par la mitraille de la machine infernale que Fieschi avait dirigée contre le roi. Il vivait encore quand on le transporta dans une salle de billard du Jardin Turc. Il chercha à s’appuyer contre une table ; puis tout à coup, saisi par les dernières convulsions, porta le corps en arrière, poussa un grand cri et expira.
Il a eu pour enfants :
* Caroline Mortier de Trévise (1800-1842), marquise de Rumigny ;
* Napoléon Mortier de Trévise (1804-1869), 2e duc de Trévise ;
* Sophie Malvina Joséphine Mortier de Trévise, comtesse de Bellozanne puis, en secondes noces, comtesse de Naives ;
* Ève Stéphanie Mortier de Trévise, comtesse Gudin.
sources wikipedia
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