mercredi 19 octobre 2005, par
Victor Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon, décédé le 22 mai 1885 à Paris à l’âge de 83 ans, est le plus important des auteurs romantiques de langue française.
Son œuvre est très diverse : romans, poésie lyrique, drames en vers et en prose, discours politiques à la chambre des pairs, correspondance abondante. L’ensemble de ce qui a survécu de ses écrits (plusieurs lettres personnelles ont été volontairement détruites par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères !
Il est né à Besançon en 1802, mais passe son enfance à Paris. Des séjours à Naples et en Espagne, à la suite de son général de père, l’influenceront. Il fonde avec ses frères en 1819 une revue, le Conservateur littéraire, qui attire déjà l’attention sur son talent. La même année, il remporte le concours de l’Académie des Jeux Floraux (voir Clémence Isaure).
Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors vingt ans et ses études au lycée Louis-le-Grand lui permettent de le faire connaître rapidement. Il participe aux réunions du Cénacle de Charles Nodier à la Bibliothèque de l’Arsenal, berceau du Romantisme, qui auront une grande influence sur son développement. C’est avec Cromwell, publié en 1827, qu’il fera éclat. Dans la préface de ce drame, il s’oppose aux conventions classiques, en particulier à l’unité de temps et à l’unité de lieu, qu’il met véritablement en pratique dans la pièce Hernani.
De 1826 à 1837, il séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l’Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, il y rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer et rédige des recueils de poésie dont le célèbres ouvrage des Feuilles d’automne.
Il aura, jusqu’à un âge avancé, de nombreuses maîtresses. La plus célèbre sera Juliette Drouet, actrice, qui lui consacrera sa vie et le sauvera de l’emprisonnement lors du coup d’état de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passaient ensemble l’anniversaire de leur rencontre et remplissaient, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu’ils nommaient le Livre de l’anniversaire.
Élevé par sa mère vendéenne dans l’esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l’intérêt de la démocratie (« J’ai grandi », écrit-il dans un poème où il s’en justifie). Son idée est que « là où la connaissance n’est que chez un homme, la monarchie s’impose. Là où elle est dans un groupe d’hommes, elle doit faire place à l’aristocratie. Et quand tous ont accès aux lumières du savoir, alors le temps est venu de la démocratie ». Devenu partisan d’une démocratie libérale et humanitaire, il est élu député de la Deuxième République en 1848, soutient la candidature du « prince Louis-Napoléon » mais s’exile après son coup d’État du 2 décembre 1851 qu’il condamne vigoureusement pour des raisons morales (Histoire d’un crime).
Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à Guernesey. Il est l’un des seuls proscrits à refuser l’amnistie décidée quelque temps après (« Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là »). La perte de sa fille Léopoldine à Villequier en 1843 l’ayant laissé désemparé, il se laisse tenter à Jersey, en son souvenir, par des expériences de spiritisme consignées dans un ouvrage étrange nommé les Tables tournantes de Jersey.
Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu’il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). En 1871, après la Commune de Paris, alors qu’il est expulsé de Belgique pour y avoir offert asile aux communards poursuivis dans la capitale française, il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin-23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale. Ensuite il rentre à Paris. Il sera une des figures tutélaires de la IIIe République.
Conformément à ses dernières volontés, c’est dans le « corbillard des pauvres » qu’il est enterré au Panthéon. Son cercueil étant au préalable resté plusieurs jours sous l’Arc de triomphe, on considère que trois millions de personnes se sont déplacées alors pour lui rendre un dernier hommage.
À partir de 1849, Victor Hugo consacre un tiers de son œuvre à la politique, un tiers à la religion et le dernier à la philosophie humaine et sociale. La pensée de Victor Hugo, complexe et parfois déroutante, refuse toute condamnation des personnes et tout manichéisme, mais n’en est pas moins sévère pour la société de son temps.
Réformiste, il souhaite changer la société mais pas de société. S’il justifie l’enrichissement, il dénonce violemment le système d’inégalité sociale. Il est contre les riches qui capitalisent leurs gains sans les réinjecter dans la production. L’élite bourgeoise ne le lui pardonnera pas. De même, il s’oppose à la violence si celle-ci s’exerce contre un pouvoir démocratique mais il la justifie (conformément d’ailleurs à la déclaration des droits de l’homme) contre un pouvoir illégitime. C’est ainsi qu’en 1851, il lance un appel aux armes - « Charger son fusil et se tenir prêt » - qui n’est pas entendu. Il maintient cette position jusqu’en 1870. Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la condamne : « guerre de caprice » et non de liberté. Puis, l’Empire est renversé et la guerre continue, contre la république ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste sans réponse. Alors, le 17 septembre, il publie un appel à la levée en masse et à la résistance. Les républicains modérés sont horrifiés : mieux vaut Bismarck que les « partageux » ! Le peuple de Paris, quant à lui, se mobilise et l’on s’arrache les Châtiments.
En accord avec lui-même, Hugo ne pouvait être communard : « Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n’en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c’est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J’accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c’est qu’elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : civilisation-révolution ». La construction d’une société égalitaire ne saurait découler que d’une recomposition de la société libérale elle-même. » Pourtant, devant la répression qui s’abat sur les communards, le poète dit son dégoût : « Des bandits ont tué 64 otages. On réplique en tuant 6 000 prisonniers ! »
Dénonçant jusqu’à la fin la ségrégation sociale, Hugo déclare lors de la dernière réunion publique qu’il préside : « La question sociale reste. Elle est terrible, mais elle est simple, c’est la question de ceux qui ont et de ceux qui n’ont pas ! ». Il s’agissait précisément de récolter des fonds pour permettre à 126 délégués ouvriers de se rendre au premier Congrès socialiste de France, à Marseille.
Victor Hugo a prononcé pendant sa carrière politique plusieurs grands discours : un sur la défense du littoral ; un sur la condition féminine ; un contre l’enseignement religieux et pour l’école laïque et gratuite ; plusieurs plaidoyers contre la peine de mort (Que dit la société ? « Tu ne tueras pas ». Comment le dit-elle ? En tuant !) ; plusieurs discours en faveur de la paix ; un pour le droit de vote universel.
Il se montre ardent défenseur d’une colonisation humaniste - dont il précise bien qu’elle doit être provisoire et ne pas durer plus que le temps nécessaire - en remplacement des anciennes guerres de conquête. Ainsi le 18 mai 1879, lors d’un banquet célébrant l’abolition de l’esclavage, Victor Hugo prononce un discours en faveur de la colonisation menée par la IIIe République : La Méditerranée est un lac de civilisation ; ce n’est certes pas pour rien que la Méditerranée a sur l’un de ses bords le vieil univers et sur l’autre l’univers ignoré, c’est-à-dire d’un côté toute la civilisation et de l’autre toute la barbarie [...]. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et, du même coup, résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez.
Il ne cesse d’insister sur le fait que le commerce remplacera la guerre, sans néanmoins prévoir comme le constatera amèrement Bernanos qu’on finira par "se disputer la clientèle à coups de canon". Dans cette vision de l’ordre commercial remplaçant l’ordre militaire, il annonce en germe le philosophe Alain.
Cette vision positive de la mission de l’homme est condensée dans un de ses vers les plus célèbres :
Collabore avec Dieu. Prévois. Pourvois. Prends soin.
Rien n’autorise toutefois à supposer qu’Hugo, malgré son enthousiasme pour la colonisation par des pionniers idéalistes, n’aurait pas pour autant s’il l’avait prévu, condamné l’ordre colonialiste bien différent qui le suivit quelques décennies plus tard. Son combat social et sa défense constante des minorités opprimées (il intervint pour demander la grâce de John Brown) est en ce sens claire.
Une espérance qui ne le quitte pas est celle - qui revient souvent dans ses discours et écrits - des futurs États-Unis d’Europe. Ses contemporains considèrent alors cette idée comme absurde (la France et l’Allemagne sont jugées ennemies héréditaires et destinées à le rester). Il faudra attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour la voir reprise et admise, et concrétisée par l’euro : le commerce a bien ici remplacé la guerre, comme il le prévoyait...
Les Misérables à Broadway (Imperial Theater, New York, février 2003)
note : l’année indiquée entre parenthèses est l’année de première parution Odes et poésies diverses (1822) Nouvelles Odes (1824) Bug-Jargal (1826) Odes et Ballades (1826) Cromwell (1827) Les Orientales (1829) Le Dernier Jour d’un condamné (1829) Hernani (1830) Notre-Dame de Paris (1831) Marion Delorme (1831) Les Feuilles d’automne Le Roi s’amuse (1832) Lucrèce Borgia (1833) Marie Tudor (1833) Étude sur Mirabeau (1834) Littérature et philosophie mêlées (1834) Claude Gueux (1834) Angelo (1835) Les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837) Ruy Blas (1838) Les Rayons et les ombres (1840) Le Rhin (1842) Les Burgraves (1843) Napoléon le Petit (1852) Les Châtiments (1853) Lettres à Louis Bonaparte (1855) Les Contemplations (1856) Première série de la Légende des Siècles (1859) Les Misérables (1862) William Shakespeare (1864) Les Chansons des rues et des bois (1865) Les Travailleurs de la mer (1866) Paris-Guide (1867) L’Homme qui rit (1869) L’Année terrible (1872) Quatre-vingt-treize (1874) Mes Fils (1874) Actes et paroles - Avant l’exil (1875) Actes et paroles - Pendant l’exil (1875) Actes et paroles - Depuis l’exil (1876) Nouvelle série de la Légende des Siècles (1877) L’Art d’être grand-père (1877) Histoire d’un crime - 1re partie (1877) Histoire d’un crime - 2e partie (1878) Le Pape (1878) Religions et religion (1880) L’Âne (1880) Les Quatre Vents de l’esprit (1881) Torquemada (1882) Série complémentaire de la Légende des Siècles (1883) L’Archipel de la Manche (1883) Œuvres posthumes Théâtre en liberté (1886) La Fin de Satan (1886) Choses vues - 1re série (1887) Toute la Lyre (1888) Alpes et Pyrénées (1890) Dieu (1891) France et Belgique (1892) Toute la Lyre - nouvelle série (1893) Correspondances - Tome I (1896) Correspondances - Tome II (1898) Les Années funestes (1898) Choses vues - 2e série (1900) Post-scriptum de ma vie (1901) Dernière Gerbe (1902) Mille Francs de récompense (1934) Océan. Tas de pierres (1942) Pierres (1951) Mélancholia
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Voir en ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_Hugo
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Messages et commentaires
1. Victor Hugo, 21 mars 2012, 13:59
Dans le paragraphe "question sociale" pouriez-vous mettre quel cause défend-il . merci d’avance
Répondre à ce message2. Victor Hugo, 2 avril 2012, 14:53, par "la" du 74
Cet articles m’a beaucoup appris sur la vie de Victor Hugo
Répondre à ce messageMerci