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Mandelstam et l’acméisme

, par

Ossip Mandelstam

Né en 1891 à Varsovie dans une famille juive, Mandelstam étudie les langues latines et fait la connaissance des symbolistes. Cependant, il devient rapidement partisan de l’acméisme en tant qu’ « architecte littéraire », comme le revendique ce courant. Son poème Le coquillage en témoigne. Lorsqu’il émigre, sa séparation avec ses proches ainsi qu’avec sa culture lui fait écrire le poème Tristia en 1920, en fin de période révolutionnaire. A cette époque, les auteurs en vogue doivent faire face à la censure grandissante sous le régime stalinien. C’est lors de la lecture clandestine de son pamphlet contre Staline, en 1933, que Mandelstam est dénoncé. Malgré sa tentative de suicide, il est déporté à la Kolyma d’où il ne reviendra pas.

Pour toi ma vie importe-t-elle,
Nuit ? Comme un vide coquillage,
Hors de l’abîme universel
J’ai échoué sur ton rivage. [1]

L’acméisme

De même qu’en Occident, la littérature russe connaît le déclin de la poésie au dix-neuvième siècle, laissant place au roman ainsi qu’au courant réaliste. Si le symbolisme a jusqu’alors le dessus sur les autres courants artistiques durant la période de l’âge d’argent, deux mouvements émergent jusqu’à le dépasser : il s’agit du futurisme et de l’acméisme. Ce dernier comprend les grands auteurs du vingtième siècle qui ont été peu, voire pas du tout publiés à cette époque, tel que Kouzmine, reconnu rétrospectivement comme le plus grand poète de l’âge d’argent. L’acméisme considère le poète comme un artisan, et ne recourt pas au symbole comme il était d’usage au tout début du siècle.

Les images sont vidées comme des animaux morts et bourrées d’un contenu qui leur est étranger. C’est une effrayante contredanse de “correspondances” qui renvoient les unes aux autres. Un perpétuel jeu de clins d’œil. Pas un mot précis, rien que des allusions, des sous-entendus. La rose renvoie à la jeune fille, la jeune fille la rose. Personne ne veut être soi- même. [2]


Sources : DUTLI, RALPH, Meine Zeit, mein Tier : Ossip Mandelstam : eine Biographie, Zürich : Ammann [2003], 1954
Image https://www.mahj.org/fr/programme/ossip-mandelstam-74720


[1Mandelstam, Le coquillage, 1911

[2O. Mandelstam, « Le matin de l’acméisme » (1913/1922)

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