1881-1917
mardi 10 mai 2022, par
Nicolas 1er a été couronné lors de la pendaison de cinq décembristes en 1855. Sur le même modèle a débuté le règne d’Alexandre III en 1881, s’ouvrant sur la pendaison de cinq terroristes responsables de l’attentat mortel d’Alexandre II. Son règne s’achève en février 1894, lorsque commence celui de Nicolas II la même année. Ce dernier restera tsar jusqu’en 1917, année de la révolution, quand il abdiquera. Ces événements tragiques de pendaison marquent la fin de l’histoire du tsarisme en Russie : en effet, les règnes de Nicolas 1er et Alexandre III furent très conservateurs, voire réactionnaires.
Dès 1881 commence une période de contre réformes : une police secrète progressivement mise en place dans les grandes villes, dont Varsovie, sévit sévèrement. En avril, le tsar Alexandre III affirme son intention de renforcer le pouvoir autocratique. Au mois d’août, le tsar instaure une loi qui permet un état de siège à tout moment dans le pays ; cette loi restera en vigueur jusqu’en 1917. Entre temps, arrestations, perquisitions et procès en cours martiale rythment la vie de la Russie ; sans oublier le durcissement de la censure qui va à l’encontre des idéaux libéraux.
Ainsi, le gouvernement d’Alexandre III lui permet de contrôler fortement la paysannerie et, dès 1889, des chefs ruraux issus de la noblesse locale adoptent diverses fonctions : administratives, policières, justicières, etc.
Le règne de Nicolas II s’inscrit dans la continuité de celui de son père Alexandre III, mais son régime autocratique est extrêmement rigide et devient de plus en plus nationaliste, voire paternaliste. En effet, des paysans sont même mis sous tutelle. C’est la raison pour laquelle ce régime est de plus en plus détesté par la société progressiste, constituée notamment des libéraux qui aspirent aux changements politiques.
Il s’agit de classes instruites, intellectuelles, et dont les membres s’occidentalisent jusqu’à être de plus en plus gênés par les multiples restrictions de l’autocratie, qui souhaite conserver seule le pouvoir à la fois militaire et politique.
Mais le pays se modernise, et les évolutions touchent tous les domaines : l’urbanisation et l’industrialisation augmentent, de même que la démographie. L’annexion de territoires y est pour beaucoup.
Cependant, la Russie reste en retard sur l’Europe : les paysans vivent dans un monde encore primitif et c’est là que débute la désagrégation des familles paysannes, car certains paysans quittent la campagne par manque de terres et se rendent dans des centres urbains. Ils deviennent alors des ouvriers, colonisant les terres en direction de l’Est. Néanmoins, la population urbaine reste minoritaire.
A la fin du XIXe siècle, en s’alliant, la France et la Russie provoquent un véritable renversement des alliances. Après la ligue des Trois Empereurs signée en 1873, concernant l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Russie, elle est renouvelée en 1881 malgré quelques désaccords sur la question des Balkans.
Cependant, après un second renouvellement trois ans plus tard, elle sera abandonnée en 1887. En effet, plus les Russes s’éloignent de l’Allemagne, plus ils se rapprochent de la France. La raison est que la Russie a besoin de crédit pour se moderniser et que les Français acceptent davantage de lui donner de l’argent que les Allemands. En outre, cette alliance militaire sert à la France, car aider les Russes à construire des chemins de fer lui permettra par la suite d’acheminer du matériel de guerre en cas de conflit franco-allemand.
En 1891, un accord diplomatique est signé par Sadi Carnot, président français à cette époque, et le tsar Alexandre III. Deux ans plus tard, la signature d’une alliance militaire marque la fin d’un siècle d’une alliance entre la Russie et l’Allemagne. Dès lors, l’alliance franco-russe se manifeste par tous les moyens : la marque francorusse apparaît dans des chansons ou des poèmes, ainsi que sur des affiches ; les romans de Dostoïevski et Tolstoï sont traduits en français, et Jules Verne en russe. La France est soudainement prise d’un grand engouement pour la Russie. Cette alliance entre une République et un régime autocratique était pourtant inimaginable quelques années auparavant. Désormais, la Russie n’est plus vue comme le gendarme de l’Europe, de surcroît très conservatrice. De leur côté, cependant, les démocrates sont atterrés par cette nouvelle alliance
A cette époque, l’expansion vers l’Asie devient un problème international, car la Grande Bretagne redoute une avancée russe en direction de l’Inde. En 1884, avec l’annexion de l’oasis de Merv, la Russie se rapproche de la frontière de l’Afghanistan. La Russie craint que la guerre de Crimée se répète, bien que la Russie, à cette époque, ne soit plus isolée. Il s’agit alors d’empêcher le passage de bateaux anglais dans les détroits. De son côté, Bismarck fait pression sur la Russie qui se rapproche de la France. Mais lorsque la frontière de l’Afghanistan est délimitée, la Russie est soulagée car elle ne veut pas de guerre contre l’Angleterre. Cependant, elle se heurte au Japon, nouvelle grande puissance asiatique, avec qui elle se battra pour la Corée et la Mandchourie. [1]
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
[1] voir l’article La guerre russo-japonaise
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