samedi 12 novembre 2022, par
Sous Staline en URSS et Truman aux Etats-Unis, on tente de définir les responsabilités de chaque camp dans les origines de la guerre froide. En réalité, la guerre a été la seule raison de l’alliance entre l’URSS et les pays occidentaux. Dès la fin de la guerre, les conflits réapparaissent immédiatement après. Il s’agit d’un engrenage de petites épreuves de force qui conduisent à une guerre froide généralisée, notamment à cause d’une terrible méfiance entre les deux camps.
La grande question à cette époque reste celle de l’Allemagne divisée en zones d’occupations militaire par la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et l’Union soviétique. Berlin, elle-même divisée en secteurs, se trouve dans la zone soviétique. Comme la zone qui revient à l’URSS est la moins développée de l’Allemagne, c’est la raison pour laquelle les Alliés occidentaux doivent livrer à l’URSS une partie des ressources prélevées dans leurs zones respectives. Mais les Alliés y renoncent bientôt afin d’éviter de s’aliéner l’Allemagne. Pour les Etats-Unis, c’est moins important car, d’un point de vue économique, leur position est plus favorable que celle de l’URSS.
Dès mai 1946, les Alliés cessent de livrer à l’URSS des réparations de leur zone et, par conséquent, violent les accords interalliés ; Staline craint ainsi une reconstitution de l’Allemagne. Avec l’engrenage d’épreuves de force conduisant à une guerre froide généralisée, l’Iran se retrouve occupée pendant la guerre par l’URSS au nord et l’Angleterre au sud. Le but est de sécuriser les camps pétroliers britanniques et le plus de ravitaillement possible pour l’URSS. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les soviétiques tentent d’imposer une influence très forte au nord de l’Iran, la question du pétrole étant au premier plan. Ils ne quittent pas l’Iran, tandis que l’Angleterre s’est retirée selon les décisions prises. Après cette tentative d’établir une influence soviétique en Iran, et suite à une forte opposition de la part des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne qui mobilisent leurs troupes, Staline accepte finalement de se retirer en mai 1946.
Egalement au niveau de la Turquie, Staline aurait désiré qu’elle lui accorde des droits spéciaux sur ses détroits. Staline rencontre finalement un échec dans sa tentative d’imposer une influence sur la Turquie. C’est déjà le second après l’Iran.
En conclusion, les Etats-Unis sont convaincus que l’URSS souhaite une expansion généralisée, ce qui représente un véritable danger. Néanmoins, il est tout de même possible de s’y opposer par une politique de confrontation.
Pour les Occidentaux, l’URSS est menaçante : comme elle est très puissante, même si elle est secrètement très affaiblie par la Seconde Guerre mondiale, elle intimide terriblement. En 1946 commence la guerre civile en Grèce, qui durera jusqu’en 1949.
En relation avec les anciens Alliés et l’URSS, un soulèvement par les forces communistes a lieu en Grèce. Pourtant, cela n’est pas dû à l’URSS, mais plutôt à la répression contre les communistes en Grèce. L’aide vient davantage de la Yougoslavie que de l’URSS, mais c’est malgré tout cette dernière qui est jugée responsable de la situation.
C’est en invoquant la menace qui plane sur la Turquie et la Grèce que Truman annonce au congrès américain sa politique de l’endiguement. En mars 1946, Churchill prononce un discours aux Etats-Unis, le discours de Fulton, et évoque pour la première fois le terme de « rideau de fer ».
Un an après, en mars 1947, c’est la proclamation de la doctrine Truman : il s’agit de stopper l’expansion du communisme car l’influence soviétique ne doit pas dépasser les limites de 1947. Il faut donc contrer tous les états susceptibles de se rapprocher du système soviétique. La guerre froide a bien commencé.
En juin 1947 se met en place le plan Marshall. Il s’agit d’un programme de prêt de la part des Etats-Unis accordé aux états européens qui en ont fait la demande pour les aider à se reconstruire. Mais le plan Marshall est très mal perçu en l’URSS, qui voit en celui-ci une façon de contrôler les pays européens et de les diriger contre elle. Face à ces actes occidentaux, l’URSS répond.
En septembre 1947 est créé le Kominform, qui est une forme de continuation du Komintern [1], mais il est beaucoup moins reconnu. Son but est de coordonner les partis communistes en Europe, précisément en France et en Italie. Mais, étant moins important, le Kominform sera supprimé en 1956.
Jdanov est un homme politique proche de Staline, jouant un rôle très important dans la nouvelle politique culturelle de l’URSS après la Seconde Guerre mondiale. En effet, il a mis sous contrôle total la culture soviétique et sa doctrine affirme officiellement que le monde est séparé en deux camps : d’un côté un camp impérialiste et antidémocratique, et de l’autre un camp anti-impérialiste et démocratique.
Les soviétiques développent une politique à caractère défensif : en effet, ils souhaitent consolider leurs acquis et renforcer les zones de « glacis » autours des frontières de l’URSS, ce qui a une influence dans le nord de l’Iran. Du point de vue de l’Occident, la politique et les actions de l’Union soviétiques se révèlent offensives, voire agressives, en constatant son désir d’expansion. Ses relations avec ses anciens Alliés occidentaux deviennent mauvaises.
En réalité, l’URSS ne soutient pas la guerre civile en Grèce, du moins pas directement. L’aide provient de la Yougoslavie mais n’arrive pas en Chine. L’URSS ne tient pas du tout à être perçue comme responsable des actions communistes dans les autres pays.
Mais pour les Etats-Unis et l’Europe, les actions soviétiques sont perçues comme des actions offensives. Dès 1947, l’Angleterre et les Etats-Unis ont leurs zones d’occupation en Allemagne, car Moscou refuse une constitution gouvernementale sur toute l’Allemagne. Le traumatisme de la guerre reste très fort, bien que les Occidentaux envisagent toujours une Allemagne démilitarisée. Staline bloque alors les voies d’accès à Berlin au secteur non soviétique ; c’est le début de l’organisation du célèbre pont aérien.
Le Coup de Prague a lieu en 1948. Cet événement confirme la perception de l’URSS comme une menace sur l’Europe, si ce n’est sur le monde. En février, le parti communiste s’empare du pouvoir en Tchécoslovaquie sans l’aide du pouvoir militaire de l’Armée rouge. Cela provoque une vive émotion en Occident, qui voit se concrétiser la menace communiste comme cela commence déjà en France et en Italie.
L’organisation du traité de l’Atlantique nord, l’OTAN, est signé en avril 1949 sur demande de la France et de l’Angleterre. [2] Ainsi, de nombreux pays comme la Belgique, la France, l’Italie, le Portugal ou encore le Luxembourg passent sous le parapluie militaire des Etats-Unis bénéficiant des leurs forces militaires. Mais l’URSS réagit et proteste, persuadée que cette organisation est dirigée contre elle. Elle se résout finalement à reculer et, en mai 1949, le blocus est levé. Il s’agit d’un succès important pour les Occidentaux, tandis que c’est un terrible échec pour Staline. Il constate à quel point l’Occident, en s’alliant, cherche à tenir tête à l’URSS seulement quatre ans après la guerre. C’est lors de la levée du blocus que naissent deux états allemands : la RFA et la RDA.
La rupture avec la Yougoslavie dès 1948 est la plus brutale que connaît le monde communiste. Comme l’URSS est un modèle pour la Yougoslavie - car cette dernière est un pays dans lequel les communistes ont pris le pouvoir sans l’aide des soviétiques - l’URSS est à prendre comme exemple aussi bien au niveau politique, économique qu’idéologique.
Une réforme agraire se forme donc sur le modèle des réquisitions et de la collectivisation de l’agriculture ; de plus, la Yougoslavie se réfère aux courants marxiste, léniniste et staliniste. Il s’agit d’une rupture, car il y a au centre la question de la création d’une fédération Balkaniste. Les négociations ont commencé en 1945.
Staline agit de façon autoritaire, ce qui commence à déranger Tito. Au début de l’année 1948, Staline exige une mise en place immédiate de la confédération, ce qui affaiblira Belgrade. Ce comportement est très mal perçu par la Yougoslavie qui ne veut pas de cette situation. Staline refuse de vendre à la Yougoslavie des matières premières indispensables, comme le pétrole, le coton ou des métaux. Dès mars 1948 débute une campagne visant à discréditer Tito et la Yougoslavie : on reproche à Tito ses méthodes trotskistes - l’ennemi par excellence de l’URSS et le statut qu’on attribue aux traîtres -, de ne pas respecter les règles démocratiques, ce qui est un comble venant de Staline, ainsi que de relâcher la lutte contre le capitalisme. De plus, on reproche son ingratitude à la Yougoslavie en ce qui concerne la libération de Belgrade en 1944.
La majorité des Occidentaux pensent que la Yougoslavie va céder. Mais cette dernière demande de l’aide à l’Occident et doit rompre son isolement. Les Etats-Unis commencent à soutenir Tito avec une aide économique. Ainsi, Moscou échoue car Tito tient bon. De plus, le titisme remplace le trotskisme… et hérite de son statut de bouc émissaire.
Le titisme devient attrayant pour d’autres pays, car d’un point de vue économique, il recherche des solutions spécifiques en fonction de la situation. La Yougoslavie est en effet allée chercher de l’aide ailleurs et sa politique extérieure est moins dépendante de l’Union soviétique. Mais le titisme reste, aux yeux des pro-URSS, une trahison ; il s’agit alors de resserrer les rangs et de s’aligner sur le modèle de l’URSS. Néanmoins, la Yougoslavie devient une source d’inspiration pour les pays de l’Est, qui reçoivent une vision attrayante du communisme et un parti moins soumis à l’influence de Moscou. Finalement, la Yougoslavie permit de lui tenir tête.
La Chine populaire naît en 1949. Inspirée par la Yougoslavie de Tito, elle est en guerre civile depuis 1946. Si les Etats-Unis lui fournissent une aide matérielle et militaire, l’URSS se montre plus timide vis-à-vis de Mao et préfère consolider le front de l’Europe de l’Est. Mao proclame la création populaire de la Chine en 1949. Cet événement est quasiment aussi important que la révolution de 1917 dans cette partie du monde. Certains historiens soutiennent que la réussite de la Chine a pu se faire car cette dernière a échappé à la tutelle du Komintern et de l’URSS. Le non-engagement de l’URSS a peut-être « aidé » le parti communiste chinois.
Le culte de Mao se met rapidement en place. Mais la question qu’on se pose aux Etats-Unis est : Mao sera-t-il un second Tito et quelle fidélité aura-t-il à l’égard de Staline ? La première option ne risque pas d’être le cas, car Mao admire Staline et considère Tito comme un véritable traître. Mais en Chine, Staline est plus prudent qu’avec la Yougoslavie : il évite d’établir un contrôle direct sur le parti communiste chinois car, la priorité de Staline, c’est l’Europe. Il y porte alors toute son attention.
Néanmoins, la prise de pouvoir du parti communiste en Chine laisse pense à Staline que la détermination des Etats-Unis est moins forte en Asie qu’en Europe. C’est dans ce contexte qu’éclate la guerre de Corée.
On voit en Corée la même évolution qu’en Allemagne suite aux accords interalliés : l’URSS entre dans la partie nord de la Corée, le 38e parallèle, afin d’écraser les forces japonaises, tandis qu’au sud se trouvent les forces américaines.
Pour la question de l’Allemagne, les alliés sont incapables de s’entendre. Ainsi, dès 1948, deux états rivaux se constituent sur le territoire de la Corée. En juin 1950, la Corée du nord franchit la ligne de démarcation [3]. L’URSS, elle, considère que la Corée se situe hors du périmètre de sécurité des Etats-Unis en Asie. De plus, elle pense qu’une intervention militaire des USA est peu probable. En Chine, on imagine qu’il s’agit d’une guerre civile, c’est pourquoi l’URSS adopte une position de non intervention et va demander de même aux Etats-Unis.
La Corée du nord remporte des succès rapides et, en septembre 1950, elle occupe déjà tout le sud du pays. Les Etats-Unis font alors condamner la Corée du nord à l’ONU, puisque l’URSS n’a pas opposé son veto, étant effectivement absente de l’ONU à ce moment. En effet, elle l’avait boycotté depuis le début de l’année car la Chine n’était pas reconnue.
En absence de l’URSS, les Etats-Unis font condamner la Corée du nord et combattent depuis sous le drapeau de l’ONU. Suite à cela, l’URSS reviendra bientôt à l’ONU afin de pouvoir opposer son veto dès qu’elle le souhaitera. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis s’impliqueront fortement dans cette guerre. Si l’URSS n’envoie aucun combattant, la Chine, elle, envoie des volontaires chinois. Ainsi, le résultat politique de la Chine dans le monde communiste grandit, car le pays a tenu tête à la plus grande force mondiale, à savoir les Etats-Unis.
Avec le renforcement de la Chine dans le monde communiste suite à la guerre de Corée, cette dernière agit comme une annonce de la mondialisation de l’affrontement entre l’Est et l’Ouest après avoir fait deux millions de morts. La Corée reste divisée en deux états, mais la guerre prend fin en 1953 dès la mort de Staline.
Dès le début des années 1950, les Etats-Unis commencent à envisager un réarmement de l’Allemagne, ce qui est la pire crainte des soviétiques. Après que la Grèce et la Turquie adhèrent à l’OTAN, un traité de paix entre les USA et le Japon est signé. Aux Etats-Unis, une campagne anticommuniste très fort se déploie sous le nom de maccarthysme. Du côté de l’Union soviétique, les dépenses militaires ont augmenté au détriment de la reprise économique à l’interne. En effet, une course aux alliances est lancée et les bases militaires sont accentuées partout dans le monde grâce aux Etats-Unis. L’endiguement se resserre autour de l’URSS.
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