vendredi 6 décembre 2019, par
Courant dans lequel le mot est un symbole, le symbolisme se situe à cheval sur les dix-neuvième et vingtième siècles. Il marque le début de l’âge d’argent, et conduit à une nouvelle ère qui domine rapidement la littérature russe pendant près de vingt ans. Si le courant symboliste est mené en France par des poètes tels que Mallarmé, Baudelaire et Rimbaud, en Russie il existe essentiellement sous la plume de Valéri Brioussov, Andreï Biély et Vladimir Soloviev. Il ne s’agit plus pour ces poètes de représenter la réalité comme le réalisme l’a fait jusqu’alors, mais de révéler le monde tel un prophète, explorer les mystères qui le composent, et cela n’est possible qu’à l’aide d’un symbole.
Le symbolisme russe participe à la compréhension du monde. Ce courant comprend des penseurs, ainsi que des philosophes. On replonge à nouveau dans les romans de Dostoïevski. On s’inspire aussi des poètes français, qui deviennent une référence en Russie. Dès lors, l’art prend une place incommensurable et devient essentiel dans la vie quotidienne… avant de connaître des mouvements rivaux.
Deux mouvements contemporains du symbolisme naissent lors de l’âge d’argent : l’acméisme comprend les grands auteurs du vingtième siècle qui ont été peu, voire pas publiés à cette époque, tel que Mikhaïl Kouzmine, reconnu rétrospectivement comme le plus grand poète de l’âge d’argent. L’acméisme considère le poète comme un artisan. Le futurisme, second courant rivalisant avec le symbolisme, est un mouvement d’avant-garde anti-conformiste. En quête du primitif, le futurisme cherche à faire ressortir le « sens pur », et invente l’abstraction, ainsi que de nouveaux objets et mots, en déconstruisant les formes. Les symbolistes n’ont plus la côte, perçus comme des petits bourgeois par les courants émergents. Le futurisme met un point d’honneur à rejeter le sens pour ne garder que le son, par conséquent le mot est autonome. Ce courant traversera la révolution en 1917.
1910 marque la crise du symbolisme, remplacé par des nouveaux courants tels que le cézanisme, le cubisme ou encore le rayonnisme, tous fondés sur l’importance de la forme. Dix ans plus tard, le constructivisme, basé sur le principe du mot comme pierre de construction, acquiert de la reconnaissance parmi les mouvements avant-gardistes. Le symbolisme est détrôné.
Sources :
Heller Michel, « Les Années trente », Histoire de la littérature russe, Le XXe siècle *** Gels et Dégels, Paris, Fayard, 1990
L. Livak, How It Was Done in Paris, Russian Emigré Litterature and French Modernisme, Madison, The University of Wisconsin Press, 2003
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