... suite de la révolution de février
samedi 25 juin 2022, par
Alors que certains bolcheviks préfèrent attendre le congrès du Soviet le 25 octobre lors duquel ils obtiendraient la majorité pour former un gouvernement révolutionnaire, Lénine revient clandestinement de Finlande à Petrograd le 7 octobre, après avoir rédigé son Conseil d’un absent.
(voir l’article La révolution de février)
Le soviet de Petrograd étant dirigé par Trotski, le contrôle souhaite fonder un lieu pour l’organisation du soulèvement armé. C’est en octobre qu’il crée le Comité militaire révolutionnaire. Le 10 du mois, la Russie obtient le vote de principe en faveur de l’insurrection. Il s’agit d’un prétexte de défense de la ville contre les Allemands et un quelconque complot anti-révolutionnaire qui se préparerait.
Les bolcheviks s’emparent du pouvoir entre le 24 et le 26 octobre, proclamant agir au nom du Soviet de Petrograd. Or, c’est par les bolcheviks que l’insurrection est organisée : tous prennent le contrôle des ponts de la Neva, ainsi que les principaux centres stratégiques de la capitale. Après le combat, le lendemain de la prise du pouvoir, toute la ville est sous contrôle des insurgés… hormis le palais d’hiver. Il le sera dans la nuit du 7 au 8 novembre.
La prise de pouvoir par les bolcheviks en octobre a lieu avec peu de pertes humaines et se déroule relativement facilement. Puis le Gouvernement Provisoire est destitué, ses ministres arrêtés.
Le second Congrès panrusse des Soviets s’ouvre le lendemain de la prise de pouvoir et est dominé par les bolcheviks. Ce congrès approuve donc cette prise de pouvoir. En cette période est créé le Conseil des commissaires du peuple, un nouveau gouvernement totalement bolchevique. Un nouveau comité exécutif central approuve alors les deux décrets suivants : celui sur la paix et celui sur la terre. Tous deux correspondent aux désirs de la société. Il approuve également le décret sur le droit des peuples à l’autodétermination et ainsi, les bolcheviks voient augmenter de façon considérable le soutien des soldats, des paysans ainsi que des autres minorités.
A Moscou, suite à l’insurrection commencée le 26 octobre, le Kremlin est pris après huit jours de combat. Mais doit-on parler de coup d’état, de révolution ou de putsch ? Certes, la révolution socialiste d’octobre constitue un mythe soviétique fondateur. Aujourd’hui, on parle de Grande Révolution socialiste d’octobre, accomplie sous l’autorité des bolcheviks. Leur victoire est l’aboutissement de plusieurs séries de révoltes populaires qui ont jalonné l’histoire de la Russie, en passant par le mouvement révolutionnaire du XIXe siècle : la révolution n’est alors que l’aboutissement de cette tradition révolutionnaire et les bolcheviks ne sortent pas « de nulle part ». Ces derniers se transforment : ils ont été des hommes nouveaux pour ensuite changer le monde ancien, comme par exemple le passage du calendrier julien au grégorien, ainsi que l’alphabet. Cependant, à la fin de l’Union soviétique, dans les années 1990, la révolution d’octobre en 1917 sera vue comme une catastrophe ou un accident, et les bolcheviks comme des monstres : Lénine est même perçu comme le précurseur du totalitarisme stalinien.
Si en 1917 la révolution est également perçue négativement, il s’agit malgré tout d’un événement mondial. En réalité, 1917 a commencé bien avant, étant le fruit d’une grande période révolutionnaire, et c’est la raison pour laquelle la prise du pouvoir par les bolcheviks est considérée comme un événement mondial. Mais cet événement a pour conséquences une guerre civile, ainsi qu’une reconstruction de l’Etat. La révolution d’octobre a bénéficié du soutien d’une partie du pays qui ne soutenait plus le gouvernement provisoire.
Dès la prise de pouvoir par les bolcheviks, ces derniers sont persuadés qu’une révolution mondiale, du moins européenne, est imminente. Comme le décret sur la paix est adressé au peuple et aux gouvernements des pays belligérants, c’est à eux que les bolcheviks proposent un armistice immédiat, sans indemnités ni annexions. Cela signifie le rejet de la domination sur d’autres peuples, ainsi que le démantèlement des empires coloniaux. Ainsi, l’abolition de la diplomatie est proclamée, car cela est considéré comme appartenant aux anciens, à savoir le pouvoir tsariste ainsi que les états bourgeois. Cette abolition outre les Alliés, qui sont déjà très hostiles au nouveau régime. Néanmoins, les pays qui acceptent de négocier, comme l’Allemagne, ont intérêt à se désengager.
Le 22 décembre s’ouvre la conférence de Brest-Litovsk, en Biélorussie. Il s’agit d’une conférence entre les Allemands et les Russes soviétiques qui sont dirigés par Trotski. Mais cette conférence commence mal pour les bolcheviks, car ils manquent de forces. En effet, après de nombreuses désertions au sein de l’armée et la désagrégation de l’Empire russe, sans compter la situation avec l’Ukraine, la Russie est considérablement affaiblie.
Au sein du parti, les dirigeant bolcheviks sont morcelés : si pour Lénine il faut signer un traité de paix séparé afin d’accorder un répit à la révolution sans quoi elle risquerait de disparaître, pour Boukharine il faut à tout prix refuser les conditions de l’Allemagne, car ils trahissent la révolution mondiale souhaitée et appelée par les bolcheviks. Trotski, lui, se situe dans l’entre-deux. Il propose un compromis : la Russie se retire de la guerre, mais elle ne signe pas de traité de paix.
Comme ils sont indécis, les bolcheviks décident se faire durer les négociations le plus longtemps possible. Les Empires centraux signent un traité de paix séparé avec la Rada, le gouvernement ukrainien en conflit avec les Bolcheviks et qui demande la protection des Allemands ; ceux-ci promettent une aide militaire à la Rada contre les Bolcheviks, mais exigent en retour des livraisons de vivres.
Ce traité de paix séparée entre Allemands et Ukrainiens sert de couverture pour une nouvelle avancée allemande, et une offensive de leur part s’approche de Petrograd. Les Bolcheviks doivent demander en catastrophe la conclusion de la paix et perdent ainsi de très nombreux territoires.
La conférence de Brest-Litovsk ressort comme une expérience forcée et traumatisante. En effet, à l’encontre de leurs principes de départ, les bolcheviks doivent rentrer dans un jeu diplomatique et négocier avec les états.
A l’étranger, après la défaite allemande, les anciens alliés de la Russie souhaitent maintenir un front oriental. Toute l’intervention à l’Est est fondée sur cette priorité et les anciens alliés liguent également contre les bolcheviks : ils leur reprochent les dettes non payées par le régime tsariste, ainsi que la nationalisation des entreprises étrangères dans la Russie soviétique. Mais la plus grande hantise de l’Europe est le danger d’expansion du communisme chez elle : en effet, les Européens craignent cette « épidémie » dont il faut à tout prix se protéger. Ils élaborent donc la stratégie d’isoler la Russie et de l’encercler en occupant ses périphéries. En outre, les anciens alliés font tout pour soutenir les armées blanches en leur fournissant de l’équipement et du matériel.
Le Japon profite d’ailleurs de l’effondrement de la Russie en Extrême-Orient pour avancer, car la lutte anti-bolcheviks est mal organisée. Mais cela montre l’hostilité du monde extérieur vis-à-vis de la Russie rouge, perçue comme le Mal absolu.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
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