mardi 10 mai 2022, par
La Russie entre en révolution pendant la guerre russo-japonaise en janvier 1905. Elle débute au centre de Saint-Pétersbourg avec le fameux Dimanche rouge, épisode charnière lorsque les troupes militaires tirent sur une foule pacifique, qui n’apporte qu’une pétition à l’attention du tsar Nicolas II.
Deux mois plus tard, en mai 1905, les premiers conseils d’ouvriers apparaissent sous le nom de soviets. Ils suscitent quelque méfiance de la part des bolcheviks qui les voient comme des concurrents, tandis que les mencheviks le soutiennent vivement.
Menchevik signifie la minorité car, pendant la révolution de 1917, la majorité du peuple russe décide de suivre Lénine, l’instigateur du bolchevisme. Il est convaincu qu’une révolution est nécessaire afin de faire tomber le régime tsariste, tandis que les mencheviks pensent qu’il vaut mieux procéder par étapes pour atteindre, peu à peu, une société socialiste.
Lors du deuxième congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie en 1903, Julius Martov s’oppose à Lénine. Ici se séparent les mencheviks, décidant de suivre Martov, des bolcheviks, continuant d’adopter les idées de Lénine. Léon Trotski fait partie des mencheviks. Il devient président du Soviet de Saint-Pétersbourg en 1905 alors âgé de vingt-six ans.
Les périphéries de l’Etat sont dans un état de guerre civile. Là bas règne la grève générale, comme par exemple en Pologne, ou alors des pogroms, des violences contre les Juifs mais également contre les intellectuels et les libéraux. Les violences émanent des forces d’extrême droite ; celles-ci sont proches de la police ainsi que du pouvoir tsariste conservateur, qui considère que ce sont les Juifs les responsables.
C’est d’ailleurs en juin 1905 qu’a lieu la mutinerie du Cuirassé Potemkine à Odessa, lorsque des marins se soulèvent contre leurs officiers.
Le 17 octobre 1905, suite à une grève générale dans tout le pays, le tsar Nicolas II se voit dans l’obligation de signer le manifeste d’octobre. En octroyant des libertés supplémentaires, comme celle de la religion, ce manifeste satisfait à la fois les exigences des opposants au tsarisme, celles des forces modérées et celles des forces conservatrices, car la Russie reste autocrate. Néanmoins, la révolution va alors se scinder en deux : les libéraux modérés créent le parti des Octobristes. Ceux-ci contestent les opposants plus radicaux, à savoir les socialistes révolutionnaires ainsi que les sociaux-démocrates [1].
En avril 1906, un parlement est mis en place sous le nom de Douma, dans laquelle le tsar conserve un droit de veto sur les délibérations et a la possibilité de la dissoudre. Ceci ne convient pas aux opposants socialistes révolutionnaires. Ils se radicalisent jusqu’à la répression du soulèvement du soviet de Moscou en décembre 1905. Cette première Douma est dissolue en juillet 1906.
Une seconde Douma s’ouvre, mais elle déplaira encore davantage au pouvoir. Elle reçoit le nom de Douma rouge car, contrairement à la première, celle-ci n’est pas boycottée par les sociaux-démocrates. Ces derniers vont même y siéger : la Douma se compose désormais d’un côté des forces de gauche et un autre des forces d’extrême droite. C’est la raison pour laquelle elle reçoit le nom de Douma rouge jusqu’en juin 1907, année de sa dissolution et de la fin de la révolution de 1905.
1907 s’ouvre sur une période de réaction de la part du pouvoir, et ainsi de découragement du côté des contestataires. En effet, bien que la révolution de 1905 fût qualifiée de révolution « manquée », l’Empire s’en retrouve néanmoins complètement transformé. Lors des deux années précédentes, il n’arrive plus à censurer. Certains révolutionnaires réfléchissent alors aux échecs de 1905, ainsi qu’à de nouvelles stratégies pour, cette fois-ci, réussir la révolution.
Jusqu’en 1911, la vie russe est dominée par Piotr Stolypine, ministre de l’Intérieur, qui met en oeuvre un grande réforme agraire : en effet, il est persuadé que la modernisation passe par une transformation de la paysannerie et déclare : « Ils ont besoin de grands bouleversements, nous avons besoin d’une Grande Russie. » Il sera assassiné la même année à Kiev par des révolutionnaires.
Cependant, en 1915, la majorité des paysans seront sous régime communautaire, bien que la réforme agraire ait suscité beaucoup de textes et de polémiques. Stolypine était un fervent nationaliste et autoritariste défendant la Russie impériale ; il a lutté sans pitié contre les révolutionnaires et les terroristes, conduisant à un grand nombre de condamnations à mort parmi eux. C’est pourquoi il était détesté par les opposants, même modérés.
Dès 1912, des troubles sociaux réapparaissent en Russie : manifestations, grèves ouvrières et estudiantines, troubles nationaux et agraires ; il s’agit presque d’une guerre civile dans ce mouvement contre l’autocratie. La politique de russification touche même les régions jusqu’alors délaissées et qui étaient loyales à l’égard du pouvoir. La Russie est à nouveau confrontées aux problèmes de la paysannerie ainsi que sociaux, concernant les prolétaires et les ouvriers ; en outre, le régime autocratique est de plus en plus discrédité. La Russie se retrouve ainsi affaiblie à la veille de la Première Guerre mondiale.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
[1] voir l’article Gapone
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