jeudi 21 mai 2015, par
En outre, cette campagne de Tunisie avait constitué une excellente préparation tactique et morale à la guerre que les trois alliés allaient mener en Europe occidentale.
Pour la jeune armée américaine, elle avait été un indispensable banc d’essai. Sous le commandement de chefs comme Patton, cette armée allait en dégager les enseignements et profiter, sur les champs de bataille européens, d’une expérience souvent chèrement payée en Tunisie, mais qui lui eût coûté beaucoup plus encore si elle l’avait acquise directement dans les grandes confrontations européennes.
La Ire armée britannique elle-même avait subi le rodage qui lui était nécessaire, car elle était loin d’avoir l’expérience acquise, en deux ans de combats acharnés, par la Ville armée. Mais elle avait vite égalé son aînée.
Pour nous, Français, cette campagne avait marqué une véritable renaissance. Elle nous avait lavés à nos propres yeux de l’humiliation de la défaite de 1940 et de l’armistice, qui avait contraint l’armée d’Afrique à capituler sans s’être battue et qui lui avait imposé ensuite le contrôle tracassier des commissions ennemies qui s’étaient acharnées, pendant plus de deux ans, à la désarmer et à la dépouiller de ses ressources.
La campagne de Tunisie avait eu, en même temps, pour effet de rendre à notre armée l’estime des Alliés. Le général Anderson a écrit : sous mes ordres des hommes aussi loyaux et aussi vaillants que le général Koeltz et ses officiers et soldats du 19e corps d’armée français.
Et le correspondant de guerre anglais John d’Arcy-Dawson parle, dans son ouvrage sur la campagne de Tunisie, des Français, « ces magnifiques combattants 1...1, ces éternels sacrifiés, farouchement accrochés à des positions perdues d’avance », et il dit son admiration pour « ces combatifs gaillards du 19e corps, avides de se mesurer avec le Boche ».
Cette belle tenue au feu de notre armée d’Afrique, en dépit de ses armes désuètes et insuffisantes, allait lui valoir ce réarmement en matériel moderne américain qui lui permettrait de se mesurer enfin à armes égales avec l’adversaire de 1940.
Grâce à cet armement rénové et à ce moral reforgé, le corps expéditionnaire français, constitué par l’armée d’Afrique et rejoint par la 1 re division française libre, pourra se couvrir de gloire en Italie, en marchant sur Rome à la pointe de la victoire alliée, sous le commandement de son grand chef de Tunisie, le général Juin.
Un autre résultat de la campagne de Tunisie, essentiel pour la suite de la guerre, était d’avoir refait l’union des Alliés et ressoudé le bloc des vainqueurs de 1918.
Mais le point capital de la campagne, celui qui allait permettre à toutes ces heureuses conditions, matérielles, tactiques et morales, de donner leur plein effet, fut le résultat stratégique.
La victoire de Tunisie avait chassé définitivement d’Afrique les forces de l’Axe. Elle avait donné aux Alliés la maîtrise absolue de l’air et de la mer ,sur le théâtre méditerranéen. Elle avait libéré la plate-forme d’Afrique du Nord, d’où les escadres aériennes d’abord, puis les armées alliées allaient s’élancer à l’assaut, par le sud, de la « forteresse Europe ».
Cette victoire de Tunisie n’était donc pas une fin, mais un commencement, un départ à trois, le départ pour la « bataille sans lendemain » qui allait s’ouvrir, en Italie d’abord, vers la victoire finale et la libération de la patrie.
Sources : Article du Colonel Goutard Historia magazine 1968
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