jeudi 26 janvier 2012, par
Les croisades n’apportent à la chrétienté ni l’essor commercial, né de rapports antérieurs avec le monde musulman et du développement interne de l’économie occidentale, ni les techniques et les produits venus par d’autres voies, ni le message intellectuel fourni par les centres de traduction et les bibliothèques de Grèce, d’Italie et d’Espagne, où les contacts étaient autrement féconds qu’en Palestine, ni même ce goût du luxe et cette mollesse qui étaient censés être l’apanage de l’Orient. Sans doute, l’existence des établissements croisés et d’un mouvement constant de voyageurs vers la Terre sainte multiplie les échanges et permet à certaines villes italiennes - Pise, Gênes, Venise - de s’enrichir rapidement par des prêts aux croisés et la location de bateaux. Mais le bilan positif des croisades s’arrête là. Loin de susciter l’éveil et l’essor du commerce de la chrétienté médiévale, elles contribuent au contraire à l’appauvrissement de l’Occident, en particulier, de la classe chevaleresque. De même, loin de créer l’unité morale de la chrétienté, elles accentuent les oppositions nationales naissantes entre Français, Anglais et Allemands et, loin d’adoucir les moeurs, conduisent les croisés aux pires excès, depuis les pogroms perpétrés sur leur route jusqu’aux massacres et aux pillages dont la prise de Jérusalem, en 1099, et celle de Constantinople, en 1204, donnent les exemples les plus dramatiques.
Les contacts entre l’Orient et l’Occident et les apports mutuels sont, eux aussi, très limités, tant au plan social que religieux. Dans les États croisés, sous les apparences, les cadres de la vie restent profondément occidentaux, aussi bien du point de vue administratif que culturel. Les croisés couvrent d’ailleurs leurs conquêtes de châteaux de type féodal (le krak des Chevaliers) et d’églises romanes et gothiques. Les croisades creusent même un fossé définitif entre Latins et Byzantins. En dépit de la conscience de l’appartenance à une même religion, l’hostilité entre les deux communautés s’accroît de croisade en croisade, au point de déboucher sur la prise de Constantinople par les croisés en 1204.
Quant aux civilisations musulmane et latine, ni les croisades ni l’établissement de croisés en Orient ne favoriseront de façon décisive leur connaissance réciproque. Si, du côté chrétien, les croisades contribuent sans doute à transmettre à l’Occident une image plus véridique de l’Islam et, par conséquent, à élargir son horizon géographique et mental, le monde musulman, lui, ignore totalement les motifs religieux de la croisade, qu’il considère comme une guerre classique.
Négatives par bien des aspects, les croisades n’en sont pas moins, par leur retentissement psychologique, la pointe du mouvement d’expansion de la chrétienté médiévale.
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