jeudi 26 janvier 2012, par
Les projets de croisade en vue d’une u récupération de la Terre sainte" ne manquent pourtant pas pendant les siècles suivants. Dès la fin du XIIIe siècle, le franciscain Fidence de Padoue avait suggéré le blocus commercial de l’Égypte par une flotte internationale et le débarquement d’une armée en Syrie du Nord qui ferait la jonction avec les Mongols. Ce thème est repris par le Vénitien Marino Sanudo. Guillaume de Nogaret et Pierre Dubois, légistes du roi de France, préconisent, eux, la fusion des ordres militaires dont les rivalités ont, jusque-là, nui à la croisade. Ce mythe de l’ordre unique qui accomplirait la croisade inspire la création en Occident de nombreux ordres de chevalerie, depuis l’ordre de l’Épée, fondé par Pierre de Lusignan, l’ordre de la Passion par Philippe de Mézières, jusqu’à la Toison d’or.
Ces trois grandes idées (blocus de l’Égypte, alliance mongole et fusion des ordres) entrent à plusieurs reprises dans la réalité mais, si les nouvelles expéditions mises sur pied restent théoriquement destinées à défendre les chrétiens d’Orient, elles ne sont plus en réalité que l’occasion d’une coalition, toute provisoire d’ailleurs, d’États chrétiens pour la défense de leurs intérêts communs en Méditerranée.
En 1310, une croisade, prêchée et financée par le pape, s’empare de l’île de Rhodes qui est confiée aux hospitaliers. Ces derniers, du fait du transfert des teutoniques en Prusse et de la disparition des templiers (1306), seront les seuls à mener la guerre de course contre les Turcs et les Barbaresques jusqu’à la fin du xviiie siècle. En 1345, ils soutiennent la " croisade de l’Archipel", ligue maritime italienne qui s’empare de Smyrne. En 1365, le roi de Ehypre, Pierre Ier, réussit à prendre Alexandrie qu’il saccage. Des actions concertées avec les Mongols sont tentées mais elles ne remportent aucun succès durable, et tout espoir de reprendre pied en Syrie doit être abandonné. Les rois de France, de Philippe le Bel à Philippe VI, prennent tous la croix, mais sans jamais partir. Ils se contentent de soutenir les projets antibyzantins jusqu’au moment où les hostilités avec l’Angleterre empêchent véritablement tout départ.
A cette date, d’ailleurs, la conception même de la croisade a changé. Il ne s’agit plus d’une guerre de libération de la chrétienté orientale, mais d’une guerre de défense de la chrétienté européenne contre les Turcs. En 1396, une croisade formée de contingents venus de toute l’Europe vient au secours du roi de Hongrie menacé par l’avance ottomane, mais la fougue inconsidérée des chevaliers occidentaux en quête de prouesses se solde par le désastre de Nicopolis. La dernière croisade, venue une nouvelle fois au secours de la Hongrie, en 1444, est elle aussi finalement écrasée à Varna. Moins de dix ans plus tard, la chute de Constantinople elle-même ne peut être évitée (1453). Les appels ultérieurs à un "passage général" contre les Turcs, lancés par la papauté et notamment par Pie II qui meurt à Ancône en 1464 au moment de s’embarquer, resteront sans effet. Le mot de croisade sera encore évoqué au moment de Lépante (1571), du siège de Candie (1659) et de Vienne (1683). Ce ne sera plus qu’un anachronisme.
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