en 1773
vendredi 26 mars 2021, par
Sous Catherine II a été menée la plus grande révolte de l’Europe au XVIIIe siècle par Emelian Pougatchev, le plus célèbre des Cosaques. Originaire du Don, et après avoir participé à la guerre de sept ans (1756-1763), il s’insurge contre le pouvoir royal en se faisant passer pour Pierre III.
Les Cosaques du Iaïk, les plus éloignés du Pouvoir central, sont les premiers à suivre Pougatchev. La révolte prend beaucoup d’ampleur, car elle s’ouvre à d’autres populations que les Cosaques. Pour Pougatchev, c’est une réussite. Il lance même la rumeur que Pierre III n’a pas été assassiné, qu’il va libérer les paysans et qu’il est lui-même Pierre III. Il crée ainsi une cour impériale à Saint-Pétersbourg avant de se rendre dans les villes de la région, appelant les populations à se soulever. Il recrée le schéma du Temps des troubles, à savoir le double pouvoir et le retour d’un tsar déchu : le « bon » tsar.
En 1774, le gouvernement envoie des troupes militaires réprimer le soulèvement. En fuyant vers l’Ouest, Pougatchev s’empare de Kazan. Acclamé comme un tsar sauveur qui libère du servage et de l’autocratie, il promet de restaurer la foi des vieux-croyants [1] et touche ainsi une grande partie de la population : paysans, Tatars, Kazakhs, Bachkirs, vieux-croyants, Kirghizes, etc. La révolte se propage, comme les paysans progressent le long de la Volga. Dans une partie de l’Oural et de l’Iaïk, le soulèvement se développe sans Pougatchev dans différents lieux, malgré quelques résistances dans les grandes villes comme Orenbourg ou Iaïtsk. Mais contrairement aux Cosaques qui sont militaires, les paysans manquent d’organisation et se révoltent par groupes sans progresser.
Talonné par les troupes militaires, Pougatchev tente de fuir. Mais il ne reçoit aucun soutien. Il est même trahi par des Cosaques en septembre 1774 et aussitôt livré. La mise à mort a lieu au mois de janvier. A la hauteur de la révolte, très cruelle et très violente, la torture devrait être sanglante. Pourtant, Catherine préfère l’abréger afin que Pougatchev ne reçoive pas le titre de martyre jusqu’à devenir un mythe, du moins un exemple. En outre, elle fait raser son village natal et renomme le fleuve Iaïk en fleuve Oural. Evidemment, il est interdit d’évoquer la révolte dans le royaume, dans la crainte d’un nouveau soulèvement. Pourtant, en Russie, la mémoire de Pougatchev reste très forte. En témoigne sa présence dans l’œuvre de Pouchkine La Fille du capitaine.
Sources : RIAZANOVSKY, Nicholas, Histoire de la Russie des origines à 1996, Paris, Laffont, 1999.
AMACHER, Korine, La Russie, 1598-1917 : révoltes et mouvements révolutionnaires, Infolio, 2011
[1] voir l’article Le Raskol
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