jeudi 3 mai 2007, par
En 1917, après trois années d’une guerre meurtrière et indécise dont nul n’entrevoyait la fin, la lassitude touchait l’ensemble des armées européennes dont le moral était au plus bas.
A l’intérieur des troupes françaises, l’échec sanglant de l’offensive Nivelle sur le Chemin des Dames au printemps 17, les conditions de vie effroyables dans le froid, la boue, le déluge d’obus et le report des permissions, tous ces facteurs s’additionnaient, provoquant une montée de la grogne parmi les hommes au front.
Des mutineries virent le jour que le remplacement du général Nivelle par Philippe Pétain ne freina nullement. Ces mutineries qui ne cessèrent de se développer durant tout l’été 1917 touchèrent, dans une contestation plus ou moins vive, près des 2/3 des régiments français. Des mouvements similaires se développaient dans le même temps parmi les autres armées européennes impliquées dans le conflit, y compris à l’intérieur de l’armée allemande.
Dans l’armée française, les mutineries se manifestèrent essentiellement par des refus collectifs de plusieurs régiments de monter en ligne. Les soldats acceptaient de conserver les positions, mais refusaient obstinément de participer à de nouvelles attaques vouées à l’échec ou ne permettant de gagner que quelques centaines de mètres de terrain sur l’adversaire. Ces refus d’obéissance s’accompagnèrent de manifestations bruyantes, rarement violentes, au cours desquelles les soldats exprimaient leurs doléances et criaient de multiples slogans dont le plus répandu est "A bas la guerre".
La révolution russe de 1917 et la montée de l’Internationale ont certainement joué un rôle dans cette grande crise d’indiscipline, mais il nous semble devoir être considéré comme accessoire car la raison principale se situe bien dans le refus de participer à des attaques répétées, suicidaires et inutiles, dont les régiments sortaient souvent entièrement décimés.
Philippe Pétain, le nouveau général en chef des armées, parviendra à calmer ces rébellions en adoptant une stratégie moins offensive que son prédécesseur afin de limiter les pertes en hommes. Il prit également plusieurs mesures visant à améliorer le sort des poilus, concernant entre autres les cantonnements, la nourriture, les tours de permissions... Il est à noter, toutefois que le pic d’intensité des mutineries se situe entre le 20 mai et le 10 juin, soit après la nomination de Pétain (15 mai 1917). On ne peut donc dire seulement que celui-ci "mit fin" aux mutineries.
Cette grande crise au sein de l’armée française amena bien entendu son lot de sanctions contre les mutins. Environ 3.500 condamnations, en rapport avec ces mutineries, furent prononcées par les conseils de guerre avec une échelle de peines plus ou moins lourdes. Il y eut entre autres 1381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison et 554 condamnations à mort dont une cinquantaine furent effectives (chiffre approximatif. Le chiffre se situerait entre 60 et 70 selon l’historien Guy Pedroncini). Ces chiffres ont récemment fait l’objet d’une réévaluation à la baisse : selon l’historien D. Rolland il y aurait eu environ 30 exécutions. Ce nombre a toujours été un sujet de controverses du fait de l’impossibilité d’accéder librement aux archives avant 100 ans. Il varie également en fonction de la période retenue pour les mutineries, de la date des procès, certains mutins ne passent en jugement qu’en 1918 et quelques procès de 1917 se rattachent à des événements des années antérieures. De plus, on estime que 10 à 15 % des archives militaires sont définitivement perdues. Quoi qu’il en soit, le nombre des exécutions de 1917, souvent mis en avant lorsque l’on parle des fusillés pour l’exemple reste relativement faible rapporté au nombre de fusillés des derniers mois de 1914 (près de 200) ou de l’année 1915 (environ 260).
Côté anglais, une mutinerie qui a duré quelques jours dans le camp d’Étaples sur le littoral français du Pas-de-Calais, a été très durement réprimée en 1917. Ce camp a accueilli jusqu’à 80 000 soldats anglais et du Commonwealth pour les préparer aux rigueurs du front. Les armées anglaises et française conviendront de garder le secret sur cette affaire jusqu’en 2017, date à laquelle les archives anglaises devraient être ouvertes.
Le traitement des mutineries par la hiérarchie (soldats dégradés, fusillés, envoyés à une mort certaine dans des assauts impossibles...) a contribué aux séquelles psychologiques de cette guerre.
sources wikipedia
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