mardi 28 août 2007, par
La décision d’une offensive de grande ampleur est prise par le général Joffre quand il est encore à la tête de l’armée française. Les grandes lignes de l’offensive sont alors décidées : ce sera une attaque conjointe avec les troupes anglaise sur le front entre Vimy et Reims. Le front a la forme d’un angle droit : entre Vimy et Soissons, le front est d’orientation nord-sud et entre Soissons et Reims, le front est d’orientation ouest-est. Les Anglais doivent attaquer sur la ligne entre Vimy et Soissons, les Français entre Soissons et Vimy afin d’attaquer les Allemands selon deux directions différentes. En décembre 1916, Nivelle remplace Joffre à la tête des armées. Il reprend le projet de Joffre : son idée est de concentrer un maximum de forces sur cette partie du front afin de l’enfoncer.
Sûrement pour prévenir une telle offensive, les Allemands se replient du 15 au 19 mars 1917 sur la Ligne Hindenburg. Le front est réduit de 70 kilomètres. L’angle droit de la ligne de front est gommé : la ligne de défense court désormais dans une direction nord-ouest/sud-est de Vimy à Reims en passant par le Chemin des Dames. Les Alliés mettent 3 semaines à se rendre compte de la réalité de ce retrait. Le plan initial de l’offensive est désormais caduc. Cependant, Nivelle persiste dans son projet initial : il se contente de dissocier l’attaque anglaise sur Vimy de l’attaque française sur le Chemin des Dames.
Le Chemin des Dames est un plateau calcaire, orienté Est-Ouest, situé entre la vallée de l’Aisne, au sud, et la vallée de l’Ailette, au nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l’est entre Reims et Laon, que celle située au sud depuis Soissons. Les Allemands sont présents sur le plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse naturelle en aménageant les cavernes naturelles (Caverne du dragon), en creusant des souterrains permettant de relier l’arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant des nids de mitrailleuse.
Il a déjà été un lieu de combats qui vit une victoire de Napoléon Ier contre les armées russes et prussiennes du général Blücher, lors de la bataille de Craonne le 7 mars 1814. Depuis cette date, c’est un secteur relativement tranquille qui n’a pas fait l’objet, depuis la fin 1914, de grosses offensives. Les allemands tiennent les crêtes et les français sont établis sur les pentes.
(...)
Le commandement
Nivelle est à la tête des opérations. Sur le terrain, sous le commandement du général Micheler, on retrouve le général Mazel qui est à la tête de la Ve Armée, le général Mangin à la tête de la VIe Armée et le général Duchêne à la tête de la Xe.
Les Ve, VIe et Xe armées françaises constituent une force de 850 000 hommes dont une forte proportion de « choc » appuyés de bataillons de tirailleurs sénégalais, avec 2 700 pièces d’artillerie de 75 et 2 300 mortiers lourds, dont 790 canons modernes, accompagnée de 200 chars d’assaut.
Du côté allemand
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Le Haut-Commandement de l’armée allemande est assuré par Hindenburg et en [France] par Erich Ludendorff. Ce sera sous les ordres du Kronprinz, fils de Guillaume II que seront placées les deux armées les plus importantes : la Ie et la VIIe. Fritz von Below est à la tête de la Ie Armée. La VIIe Armée quant à elle est commandée par Edouard Freiherr von Böhm-Ermolli. Il y a également une troisième armée mise en place, c’est la IIIe Armée de Karl von Einem. Von Einem (connu également sous le nom de von Rothmaler) est à la tête de la IIIe Armée depuis le 15 septembre 1914.
La VIIe Armée que commande von Böhm depuis le 11 mars compte alors 14 divisions, elle est déployée de Vauxaillon à Berry-au-Bac. Au sud de Berry-au-Bac, c’est le général von Below qui prend le relais. Les Allemands occupaient une zone puissamment fortifiée, avec des mitrailleuses sous abri et un excellent réseau souterrain communiquant avec la ligne de crête. De plus, les Allemands avaient l’avantage aérien.
Les Allemands disposent de 530 avions de chasse.
Le plan prévoit une concentration maximale de forces sur 30 km de force. Le terrain doit être préparé par un bombardement massif chargé de détruire les premières lignes. Ensuite, les troupes d’infanterie doivent s’élancer protégées par un feu roulant d’artillerie. Ce plan ne tient nullement compte du terrain qui est très défavorable : les troupes françaises se situant en contrebas et devant se lancer à l’assaut de pentes fortifiées. D’autre part, le bombardement sur 30 kilomètres de front ne peut être aussi dense que lorsqu’il s’agit de prendre un fort.
L’idée de base du plan proposé par Nivelle est de percer sur la ligne du Chemin des Dames, en utilisant la méthode qui lui a réussit à l’automne 1916 quand il a regagné le terrain perdu à Verdun.
Une fois le front enfoncé, une armée de réserve sera lancée pour exploiter la trouée et obtenir l’effondrement des armées allemandes. À cet effet, on rattachera à cette armée 2 corps de cavalerie, cette cavalerie qui retrouverait alors ses chevaux et son rôle classique au lieu de la boue des tranchées dans laquelle elle combat depuis la stabilisation du front.
La progression des troupes doit donc être très rapide. Le général Mangin estime que les soldats devront progresser à la vitesse de 100 mètres toutes les trois minutes. Ainsi, il est prévu que la VIe armée au soir du premier jour aura franchi l’Ailette. À J+1, la cavalerie doit couvrir la plaine de Laon ; à J+4, on doit atteindre la Somme...
Nivelle prévoit un "Groupe d’Armées de Réserve" (G.A.R.), qui viendra s’intercaler entre le Groupe d’Armées Nord et le Groupe d’Armées Centre.
Ce G.A.R. comprend 3 armées, la 5e, la 6e et la 10e. Les deux premières seront chargées de la percée, la 10e armée de Duchêne, tenue en réserve, sera utilisée pour exploiter la réussite.
Cela donne un total de 17 corps d’armée regroupant 56 divisions. Parmi ces divisions, 4 d’infanterie coloniale et 5 de cavalerie.
Nivelle, artilleur de formation, compte beaucoup sur cette arme pour écraser les défenses allemandes. Cela compensera l’avantage que donne aux défenseurs la géographie des lieux prévus pour l’attaque. L’idée est de profiter de la puissance d’une artillerie lourde plus nombreuse qui, pouvant tirer plus loin que dans les offensives précédentes, devrait permettre d’anéantir les positions de premières lignes mais aussi d’interdire l’arrivée de renfort et de faire taire les canons allemands.
Pour la première fois, du moins pour les français, une artillerie spéciale sera massivement engagée. L’ artillerie spéciale, ce sont les chars blindés. Ils sont prévus pour évoluer où cela leur sera possible, c’est-à-dire à l’est et à l’ouest du Chemin des Dames dont les pentes leurs sont impraticables.
A l’est, du côté de Berry-au-Bac, le "Groupement Bossut"[2] est rattaché au 32e corps de la 5e armée. Le "groupement Chaubès" au 5e corps.
A l’ouest, du côté de Laffaux, il n’y aura pas de chars pour accompagner l’assaut d’avril. En mai, on aura le "groupement Lefèbvre", rattaché au 37e corps de la 6e armée.
Les engins sont des Schneider et des Saint-Chamond. Leur rôle est d’accompagner l’infanterie, de faire de brèches dans les réseaux de barbelés et d’éliminer les nids de mitrailleuse, en bref, de favoriser la progression des fantassins. Il n’est pas prévu qu’ils puissent agir seuls. D’ailleurs, leur autonomie limitée leur interdirait toute action de longue durée.
Un point faible du plan réside dans les contraintes d’approvisionnement. L’Aisne coule au sud, parallèlement au Chemin des Dames, en vue directe des observatoires allemands. Ce qui veut dire que l’arrivée des renforts, munitions, etc. sera tributaire des points de passage sur cette rivière. De même pour les flux descendants, comme les blessés.
Les fantassins doivent attaquer en "tenue d’assaut". Le règlement d’infanterie de janvier 1917, précise qu’il s’agit de porter, en sautoir, la couverture roulée dans la toile de tente ; un outil individuel, la musette de vivres, la musette à grenades (en théorie, 5 grenades dont 2 VB, mais on ira jusqu’à distribuer 16 grenades par homme), un bidon d’eau de 2 litres et un bidon supplémentaire d’un litre, le masque à gaz (deux si possible), des sacs à terre, un panneau de signalisation ou des feux de bengale, le paquet de pansement, les vivres du jour, les munitions (120 cartouches)[3]. En revanche, le sac est laissé sur place.
Mais certaines unités attaqueront avec tout leur barda sur le dos. Ce sera le cas, par exemple, des troupes du 20e corps. En plus, ils ont des vivres pour 6 jours.[4]
Le rôle de l’artillerie est de détruire la première et la deuxième ligne ennemie. Elle doit tirer sur les objectifs déjà repérés. La profondeur du terrain laissé au bombardement aura pour effet de diminuer la densité du bombardement auquel seront soumis les défenseurs.
Pour se conformer à la vitesse de progression voulue par Nivelle, le barrage d’artillerie doit avancer, de 100 mètres toutes les 3 minutes[5]. Il faut comparer cette décision avec les dernières offensives sur Verdun où le barrage devait avancer de 100 mètres toutes les 4 minutes et se souvenir que les poilus vont devoir escalader les pentes du Chemin des Dames, réduire les résistances ennemies tout en collant au barrage d’artillerie pour éviter que la défense allemande n’ait le temps de s’organiser entre la fin du bombardement et l’arrivée des fantassins.
Les 194 chars disponibles sont éparpillés entre différentes unités. C’est contraire aux directives du général Estienne, mais correspond au rôle qu’on veut leur faire tenir, accompagner l’infanterie. Pour monter en ligne, les "batteries" se déplacent en colonne. Pour combattre, elles se mettent en ligne. Le char de commandement a alors deux de ses tanks à sa gauche et le dernier à sa droite.
Pour communiquer, le commandant d’unité dispose de fanions, qu’il agite pour indiquer ses ordres. Il dispose aussi de pigeons voyageurs dont les cages sont emportées dans l’habitacle.
Au combat, chaque AS (c’est le sigle sous lequel on désigne les batteries, AS et un numéro). est accompagnée d’une compagnie d’infanterie. Pour le "groupement Bossut", ce sont donc 5 compagnies ; elles viennent du 154e RI. Pour le "groupement Chaubès, ce seront 3 compagnies du 76e RI. Dans la pratique, l’infanterie se révèlera incapable, sous le feu allemand, de suivre les chars.
Les conditions météorologiques sont terribles quand commence l’offensive. En ce printemps 1917, la pluie tombe d’une manière quasiment continue et rend le terrain très boueux. Surtout le mauvais temps gêne les préparations d’artillerie et les objectifs visés ne seront pas toujours atteints. Les soldats qui s’élancent le 16 avril trouvent des positions allemandes très peu touchées par le bombardement.
De plus, il fait très froid en avril 1917, il neige même le 16 avril. Les Sénégalais qui se sont entraînés sur la Côte d’Azur, ne sont pas préparés à de telles températures. Nombre d’entre eux souffrent du gel.
Les bombardements ont mis la terre à nu et ont scuplté un paysage lunaire (trous d’obus, absence de végétation). Cette terre boueuses est contiunellement retournée par les obus : elle n’est donc pas stable, elle se dérobe sous les pieds si bien que le soldat ne cesse de tomber, pour se relever et tomber à nouveau.
Conditions météo mai : chaud et orageux. (...)
Après une énorme opération d’artillerie, l’assaut du côté français est donné le 16 avril à 6 heures du matin. Malgré de très lourdes pertes, les troupes françaises enfoncent les premières lignes allemandes, et font près de 22 000 prisonniers. Mais elles se heurtent ensuite aux secondes lignes allemandes qui s’avèrent beaucoup plus résistantes par l’efficacité de leurs nombreux nids de mitrailleuses. En effet celles-ci sont parfaitement à l’abri dans les grottes du versant sud du plateau calcaire dominant les vallées de l’Aisne et de l’Ailette et le terrain offre peu de couverture de protection aux attaquants. À l’est du Chemin des Dames, les chars d’assaut sont engagés dans le secteur de Berry-au-Bac, mais leur intervention ne donne pas de grands résultats ; les trous d’obus retardent les engins et la tactique des lourds Schneider, qui se regroupent pour attaquer, offre des cibles faciles à l’artillerie. Dans ce secteur, les forces allemandes vont même réconquérir le terrain perdu.
Comme les forces françaises n’avancent plus et que les résultats obtenus sont marginaux (prise du plateau de Californie et du fort de Condé-sur-Aisne), l’offensive est suspendue le 21 avril.
C’est maintenant au tour de la Xe armée, celle de réserve, de passer à l’attaque. Elle va engager le 9e et le 18e corps, sur la partie est du Chemin des Dames, entre Craonne et Hurtebise.
Le 4 mai, la 36e D.I. va s’emparer des ruines de Craonne. Le lendemain, c’est l’assaut général pour la conquête du plateau de Californie et du Plateau des Casemates. Les Français réussiront à y prendre pied mais ne pourront déboucher sur l’Ailette.
...aux survivants du 18e corps, il fut alloué 2 rations supplémentaires d’eau-de-vie.
...elle va durer jusqu’à la fin du mois sans apporter de victoire notable. C’est pendant ce mois de mai que de nombreuses mutineries éclatent en réaction aux nombreuses victimes et aux conditions de vie effroyables dans lesquelles vivent les Poilus dans les tranchées.
C’est une défaite stratégique décisive des Français, qui ne conquièrent que quelques postes d’observation et de belles caves.
Une commission d’enquête est instituée et dirigée par le général de division Henri Joseph Brugère, Nivelle est absous et plus tard muté à Alger. Brugère ajoute au rapport que « Pour la préparation comme pour l’exécution de cette offensive, le général Nivelle n’a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu’il avait assumée ».
Suite à cet échec, les généraux Mazel (Ve armée) et Charles Mangin (VIe armée) sont remplacés par Micheler et Maistre.
Philippe Pétain prend la place de Nivelle à la tête du grand quartier général français (GQG), le 15 mai 1917, avec pour tâche première d’endiguer l’effondrement du moral des troupes et mettre fin aux mutineries.
Cette bataille est un échec presque total pour l’armée française. Alors que cette bataille devait être, elle aussi, décisive, elle se solde par un massacre inouï :
* 110 000 hommes hors de combat (morts ou blessés) côté français ;
* entre 60 000 et 80 000 côté allemand.
Ces pertes effroyables, pour un résultat presque nul, seront l’élément déclencheur des « mutineries de 1917 ».
Les tribunaux militaires prononcent 3427 condamnations dont 554 à mort, à 7 reprises Pétain refuse de transmettre les dossiers de recours en grâce et 49 mutins devaient être exécutés. Le nom de Craonne, situé au coeur de la bataille du Chemin des Dames, a été popularisé par La Chanson de Craonne qui reste associée aux mutins de 1917 de la Première Guerre mondiale
sources wikipedia
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