jeudi 22 décembre 2016, par
Une fois de plus, la surprise fut payante. Il faisait très chaud, et 1es unités ennemies ne se gardaient pas. Les Cies. locales et provinciales prirent la fuite, et seul le détachement de garde des dépôts opposa quelque résistance jusqu’à ce que l’on ait eu recours à l’appui aérien. Au cours du combat pour les dépôts, le Viêt-minh perdit 5 prisonniers et 21 tués confirmés.
Le combat terminé, les Français purent recenser leur butin. Les dépôts contenaient 250 abris, renfermant chacun 4 nouveaux fusils automatiques tchèques, 4 camions américains G.M.C. et deux camions soviétiques Molotova, 18 000 litres d’essence, environ 600 m3 de pièces de rechange pour moteurs, 250 pneus, environ 800 kilos de munitions, 250 fusils et 50 mitraillettes, 15 moteurs électriques, 8 grandes machines-outils, environ 50 m3 de pièces d’habillement militaire, 5 600 kilos de thé, des appareils téléphoniques, des machines à écrire, 20 000 paires de chaussures, des documents et 500 caisses de cigarettes russes.
Le compte effectué, les équipes de destruction se mirent au travail ; environ 800 kilos d’explosifs furent utilisés, et vers 16 h 00 la destruction des abris, des dépôts aussi bien que des parachutes par l’explosif ou par le feu était complètement terminée. Les routes menant vers le sud et vers l’ouest furent minées, et les deux Bns. de Lang Son se mirent en route pour rejoindre les éléments de Loc Binh. Le franchissement de la rivière avait été préparé et l’opération couverte sur le flanc faisant face à la frontière chinoise. La marche forcée fut une épreuve sévère. Les problèmes soulevés par la chaleur intense et la fatigue furent encore aggravés par la présence de 300 civils, hommes, femmes et enfants qui avaient décidé d’accompagner les Français. Ils marchèrent avec les parachutistes pendant 48 heures sans arrêt et endurèrent toutes les souffrances de ce pénible voyage.
Le 18 vers 23 h 00, Les éléments de pointe établirent le contact avec les forces de secours près de Dinh Lap. Le Gn. aménagea rapidement la route et, comme les parachutistes prenaient place dans les camions, les premières Cies. Viêt-minh passèrent à l’attaque. Les Vietnamiens ouvrirent le feu à la mitrailleuse, mais la distance était trop grande. Les parachutistes furent transportés par mer de Tien Yen à Haiphong et de là à Hanoi. Des 2 001 hommes, qui avaient pris part au raid, un avait été tué, un disparu et trois autres étaient morts d’épuisement pendant la marche ; 21 blessés avaient été évacués par hélicoptère.
Phu Doan et Lang Son illustrèrent ce qui pouvait être réalisé avec des troupes aéroportées souples et bien entraînées. Les Français exécutèrent un grand nombre de raids semblables à l’intérieur du territoire ennemi : c’était des opérations risquées, mais peu coûteuses et qui produisirent de très bons résultats. Au cours de patrouilles de routine et d’actions de moindre envergure, les Bns. Para avaient perdu en 1953, 5 000 hommes tués, blessés ou disparus, c’est-à-dire plus de 20 pour cent de leurs effectifs. Auparavant, le général Jean de Lattre de Tassigny avait mis un terme aux attaques ennemies dans le delta de la Rivière Rouge, grâce à l’énorme puissance de feu dont disposaient les forces françaises — le Viêt-minh qui avait choisi de mener des opérations classiques avait été tenu en respect en 1951. Au général René Cogny, commandant en chef au Tonkin comme au général Henri Navarre, son homologue en Indochine, la leçon parut claire : ils devaient arrêter l’offensive Viêt-minh au Laos en tendant un piège à l’aide de leurs troupes aéroportées. On établirait dans le dos du Vietminh, en travers de ses communications, une base qu’il se verrait forcé d’attaquer. Une fois qu’il aurait concentré ses forces et cessé d’opérer en petite unités insaisissables, il pourrait être écrasé par la puissance de feu des Français. Tous les renforts et les ravitaillements de l’ennemi pourraient être attaqués en cours de mouvement par l’aviation, pendant que l’artillerie française rejetterait les attaques dirigées contre la base. Au cours de la deuxième guerre mondiale, le général-major Orde Wingate avait démontré, durant la seconde opération Chindit en Birmanie, que ses points d’appui étaient capables non seulement de résister aux attaques japonaises, mais encore de perturber les lignes de communication ennemies et d’affecter gravement leur capacité offensive comme à Kohima et à Imphal. Ces points d’appui dépendaient entièrement du ravitaillement aérien, mais cela étant, ils étaient capables de fixer d’importantes forces ennemies et de les détruire. Ce fut cette idée qui détermina les Français à constituer une base à Diên Biên Phû.
Diên Biên Phû était un petit village situé à un point de franchissement de la rivière Nam Yum. On y voyait les vestiges d’un aérodrome construit par les Japonais au cours de la deuxième guerre mondiale, et le fond de la vallée se hérissait d’un certain nombre de petites collines qui furent jugées favorables à l’établissement de positions défensives. Le site était cependant distant de 225 km des aérodromes français de Hanoi, mais n’était éloigné que de 130 km de la frontière chinoise. La vallée compte 16 km de longueur sur un peu plus de 6 km de largeur et est flanquée de collines dont l’altitude varie de 425 à 550 mètres. Au cours de la préparation de l’opération, on méconnut certains éléments qui devaient entraîner de graves conséquences — la vallée était sujette à l’inondation à l’époque de la mousson et d’épais brouillards, accompagnés de pluie, étaient susceptibles d’entraver fortement l’approche en vol — en outre, les auteurs du projet avaient complètement négligé l’éventualité d’une entrée en action de l’artillerie AA du Viêt-minh.
sources Connaissance de l’histoire no 57 juin 1983
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