samedi 10 décembre 2016, par
La présence française s’était maintenue en Indochine durant la guerre, mais en 1945 les Japonais se débarrassèrent des derniers Européens, tant civils que militaires, lesquels furent exécutés ou emprisonnés. A la fin des hostilités, les Nationalistes chinois et les Britanniques prirent possession du pays, les Chinois en occupant le nord et les Britanniques le sud. En 1945 le général Leclerc disposait en Indochine d’à peine 40 000 hommes, mais ces hommes étaient des vétérans de la guerre en Europe. Quand on estima que les forces françaises étaient suffisamment fortes pour maintenir l’ordre, les Britanniques se retirèrent et on persuada les Chinois de faire de même.
Selon Bernard B. Fall « les forces françaises envoyées en Indochine étaient trop fortes pour que la France résistât à la tentation de les employer, mais pas assez fortes pour dissuader le Viêt-minh de tenter de résoudre l’ensemble du problème politique en jetant les Français à la mer... On peut faire remonter l’origine du conflit indochinois à cette simple, mais tragique erreur de jugement ».
La pénurie de moyens devait peser sur toutes les opérations des Français. Les actions de petites unités contre des objectifs identifiés étaient généralement couronnées de succès, mais il n’y avait pas assez d’hommes disponibles pour appliquer la tactique classique anti-guérilla, faite de quadrillage et de ratissage, ou pour la stratégie à long terme de la tache d’huile.
Cette stratégie se basait sur l’expérience acquise par les Français au cours du XIXe siècle en Afrique du Nord. Dans le cas d’une contrée hostile, cette technique consistait à s’assurer une base ferme et ensuite, à la manière d’une goutte d’huile qui s’étend et s’unit à d’autres gouttes, à se répandre à l’intérieur du territoire en prenant possession des régions situées entre les bases. Ce procédé avait donné de bons résultats en Afrique où le terrain situé entre les forts des Français était inhospitalier, mais en Indochine les collines et les jungles offraient de nombreux couverts et les villages des abris et du ravitaillement — c’était « l’eau » au sein de laquelle se prélassait le « poisson » de la guérilla.
Par quadrillage, ces collines et ces jungles étaient divisées en secteurs qui étaient ensuite fouillés par ratissage. Ces tactiques avaient été utilisées à l’origine par les Nationalistes chinois qui avaient perfectionné le ratissage en version sophistiquée de la tactique du cordon et de la fouille. Une région que l’on suspectait de donner refuge au Viêt-minh était encerclée ; le cordon se rapprochait ensuite du centre. Quand elles s’étaient rejointes au centre, les troupes faisaient demi-tour et repartaient en sens inverse jusqu’à la limite extérieure de la zone. De cette façon, on tentait d’assainir la région. En pratique, les unités locales du Viêt-minh pouvaient s’enterrer et se dissimuler par les moyens les plus ingénieux tandis que les unités « régulières », plus importantes, avaient la possibilité de s’esquiver dès que le cordon commençait à se mettre en place.
C’est le désir de hâter la mise en place de ce cordon qui poussa les Français à mettre en oeuvre des parachutistes, de la même façon que les Américains allaient se servir de troupes héliportées au cours du second conflit indochinois. C’est un truisme que le fait de parachuter des soldats dans la bataille n’en fait pas de meilleurs combattants, mais que ce sont plutôt l’entraînement et la sélection qui assurent la qualité. Le parachute est un moyen en vue d’une fin, et les Français devaient l’employer en 150 opérations importantes.
sources Connaissance de l’histoire no 57 juin 1983
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