mercredi 11 avril 2007
12 (+4 prob.)
As de la Seconde Guerre mondiale né à Fécamp (Seine-Maritime) le 7 avril 1912 et mort à La Gaude (Alpes-Maritimes) le 19 août 1992.
Jean Accart, grand-croix de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre avec onze citations, de la médaille de l’Aéronautique, termina la Campagne de France (10 mai-24 juin 1940) très grièvement blessé, notamment d’une balle de mitrailleuse MG 17 de 7,92 mm entre les yeux, le 1er juin, alors qu’il attaquait une fois de plus un bombardier allemand dans des conditions peu favorables dues aux particularités de son chasseur Curtiss H-75, un avion satisfaisant dans l’ensemble : vitesse un peu insuffisante, armement trop léger de 6 mitrailleuses de petit calibre (7,5 mm), tout cela forçant les pilotes à risquer longuement leur vie pour attaquer sous le feu des mitrailleuses ennemies (saut en parachute ; sa vie fut sauvée d’extrême justesse). Il avait alors obtenu douze victoires sûres et quatre probables. Il n’y a guère de doute que, sans cette blessure, Accart aurait été largement en tête de tous les pilotes de chasse de l’Armée de l’Air et de la RAF en 1940, devançant son ami, adjoint et remplaçant Edmond Marin-la-Meslée. Il reprit le combat (après avoir franchi clandestinement les Pyrénées, ce qui était difficile et dangereux, pour passer en Espagne puis en Afrique du nord) début 1944, à la tête du groupe de chasse II/2 "Berry" qu’il avait créé en AFN ("345 Squadron" de la RAF) sur "Spitfire" IX, hélas employé pour le bombardement tactique et l’attaque au sol, des tâches ingrates et très dangereuses. Cette unité brillante, avec son chef hors pair, n’obtint plus que quelques victoires en combat aérien, Accart (alias "commandant Bernard") aucune... Après la guerre, colonel, il commanda la Base aérienne 112 de Reims de 1952 à 1955, plus tard, général, le 1er CATac (corps aérien tactique), à Lahr (Allemagne), non loin de Strasbourg, avant d’occuper des postes d’état-major très importants puis de démissionner (alors général de corps aérien, "à quatre étoiles") en raison d’un désaccord avec le Président Charles de Gaulle au sujet du nombre des futures fusées sol-sol françaises.
D’après son ami Yves Michelet, historien de l’armée de l’air de 1940, Accart était sans aucun doute l’un des meilleurs pilotes de chasse, et surtout l’un des meilleurs chefs d’unités de chasse, du monde entier pendant la 2e guerre mondiale. L’escadrille qu’il commandait en 1939-40, la 1re escadrille du GC I/5, fut celle qui obtint, de très loin, le plus de victoires en combat aérien, sur environ 53 escadrilles ayant participé à la Campagne de France. Mieux employée par les chefs alliés en 1944-45, sa nouvelle unité aurait certainement sauvé de très nombreux membres d’équipages de bombardiers, notamment américains, en abattant une partie des chasseurs allemands qui les attaquaient. Accart fut aussi l’un des très rares hommes, spécialement parmi les militaires de carrière, à avoir dit "Non" à de Gaulle, en face et en le regardant dans les yeux. Il n’a jamais accepté de faire de la politique. C’était un homme unique, d’un calme, d’une modestie et d’une bonté inégalés, d’une intelligence rare. Sa modestie, notamment, est vraiment proverbiale. Ceux qui l’ont connu semblent tous éprouver les mêmes sentiments à son égard : un grand respect mêlé d’affection, une très grande admiration, souvent même une véritable vénération. Selon Yves Michelet, tout cela est parfaitement justifié.
Notes : GC signifie "Groupe de chasse", totalisant de 24 à 34 avions selon les cas et comprenant 2 escadrilles de 12 avions chacune. Au 10 mai 1940, le GC I/5 possédait 32 avions Curtiss H-75 construits aux USA et montés en France (à Bourges), y compris, donc, des avions de réserve. De nombreux auteurs anglophones croient que GC = Groupe de combat, ce qui est une erreur.
Le 10 mai 1940, premier jour (depuis septembre 1939) où Accart eut enfin l’occasion d’ouvrir le feu, il obtint quatre victoires confirmées, puis deux le lendemain et trois le 18 mai, sans compter les victoires "probables". La plupart de ses victimes s’abattirent soit sur son propre aérodrome de Suippes ou aux alentours, sous les yeux de centaines, voire de milliers d’hommes, soit en territoire occupé par les troupes françaises : impossible de contester ces victoires.
La campagne de France a duré du 10 mai au 24 juin 1940. La bataille de France en fut la deuxième partie, notamment après l’évacuation de Dunkerque (26 mai-3 juin), du 5 au 24 juin, et commença par l’attaque allemande du 5 juin sur la Somme et l’Aisne.
sources wikipedia
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