mercredi 8 juillet 2015, par
Il y a aussi la renaissance de l’arabisme après la libération du joug de la Turquie des pays à majorité arabe, ou de culture arabe. Tous déplorent le déclin de l’Islam et souhaitent lui redonner vie et grandeur par l’arabisme. On parle de la complète indépendance de l’Egypte, du Hedjaz, de l’Arabie Saoudite, de la Transjordanie, de l’Irak. Pour quelle raison, alors, les Indes, la Syrie, le Liban, voire la Tunisie et le Maroc, tous pays de vieille civilisation, n’accéderaient-ils pas aussi un jour à l’indépendance ? Et chaque citoyen de ces derniers pays de penser qu’il vaut bien un Egyptien, un Jordanien ou un Irakien.
Gandhi fait campagne aux Indes pour la résistance passive, donc pour la non-violence, plus efficace à la longue que l’action de force.
En Indochine, un communiste fervent, Nguyen Ai Quoc, qui sera plus tardHo Chi Minh, revendique l’indépendance des Trois Ky : Tonkin, Annam, Cochinchine. Son parti, encore peu nombreux (30 000 adhérents), suscite, en 1930, à Yen Bay (nord-ouest du Tonkin) et à Vinh (Centre Annam), une révolte, durement réprimée.
A Madagascar, un instituteur, Ralaimongo, puis son successeur, Ravoahangy, présentent d’incessantes revendications sans parvenir à créer une situation trouble.
En Syrie, la révolte des Druzes a été matée, mais les nationalistes arabes de Damas et d’Alep entretiennent dans ces villes une perpétuelle agitation.
En Tunisie, le cheikh Tahalbi, chef du Destour , publie un livre antifrançais, Tunisie martyre, et prend ensuite le chemin de l’exil. Le flambeau du nationalisme est alors repris par Habib Bourguiba, créateur d’un parti plus jeune, aux assises populaires plus larges, le Néo-Destour, lequel suscite plusieurs émeutes, notamment en 1937-1938.
En Algérie, les oulémas (docteurs en théologie) traditionalistes du cheikh Ben Badis dans le Constantinois prônent le retour aux sources de l’arabisme et du Coran. La profession de foi de Ben Badis a valeur de programme : « L’islam est ma religion. L’arabe est ma langue. L’Algérie est ma patrie. ’ De son côté, Ferhat Abbas, pharmacien à Sétif et politicien, fait au contraire campagne en faveur de l’assimilation à la France, tandis que Messali Hadj, qui a initialement de fortes attaches avec le communisme, travaille les masses prolétariennes avec son « Etoile nord-africaine ».
Au Maroc, enfin, le dahir berbère du 15 mai 1930 cristallise, dès sa publication l’opposition nationaliste dans les villes. L’ « Action marocaine , est créée en 1934. Elle réussira à susciter des troubles assez sérieux jusqu’en 1937. Mohammed ben Hassan el-Ouazzani, de formation française, et Allal el-Fassi, de pure tradition islamique, sont les chefs de file de ce mouvement suivi par la jeunesse citadine évoluée. On ne revendique pas encore l’indépendance, mais on réclame un retour à la stricte notion du protectorat. On nous reproche, en effet, de faire de plus en plus de l’administration directe, ce qui est contraire à l’esprit comme à la lettre du traité passé à Fez, en 1912, entre la France et le Maroc.
La presse arabe d’Egypte et de Syrie multiplie les campagnes antianglaise et antifrançaise. Deux leaders arabes orchestrent cet ensemble, l’émir Chekib Arslan, Druze libanais installé à Genève, et Hadj Amin el-Hosseini, grand mufti de Jérusalem. Tous deux entretiennent d’excellentes relations avec le nazi Goebbels, qui voit là un excellent moyen de saper les positions anglaises et françaises en Méditerranée ; tous deux passeront au service de Hitler au cours de la seconde guerre mondiale.
A ces causes générales, communes à tous les pays colonisateurs, s’ajoutent, pour la France, des considérations particulières. Nous ne sommes pas plus violemment attaqués que les autres et nous bénéficions même, peut-être, d’une certaine sympathie, à tout le moins du préjugé favorable. Dans l’ensemble, l’agitation est en tout cas moins vive, moins profonde dans nos possessions qu’en Egypte, par exemple, ou aux Indes, où le mal a de fortes racines. Nous comptons encore beaucoup plus d’amis que d’ennemis parmi nos administrés et nous avons le sentiment qu’une. politique généreuse et hardie nous permettrait de conserver l’essentiel de nos positions sans trop de difficulté et pour une période assez longue. Mais les défectuosités de notre système politique, la fragilité du pouvoir exécutif qui en découle, nous empêchent de faire un choix et de nous y tenir fermement. Nous vivons alors d’expédients qui donnent à notre démarche une allure hésitante, sinon incohérente.
Général Georges Spillmann Historia 20e siecle 1970
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