mercredi 8 juillet 2015, par
Mais, moins de dix ans après la fin de la première guerre mondiale, des penseurs, des philosophes, des sociologues commencent à douter des chances de durée des grands empires coloniaux. Parmi eux, Lothrop Stoddart, Albert Demangeon, Paul Valéry. Ce dernier évoque les « civilisations mortelles » et « le petit cap du continent asiatique » qu’est l’Europe. Gabriel Hanotaux s’écrie : « Qui eût dit aux créateurs de la fondation coloniale, honneur de la III’ République, qu’avant que les derniers d’entre eux eussent disparu de la scène le principe et la valeur de leurs entreprises seraient soumis au jugement et au contrôle des peuples sur lesquels ils prétendaient étendre leur protection ! » Et dans Grandeur et servitude coloniales, paru en 1931, Albert Sarraut lui-même, ancien très bon gouverneur général de l’Indochine, parle du « ressac de l’Occident ». Au vent de revendication et de liberté soufflant sur le monde colonial tout entier, que celui-ci soit d’obédience britannique, hollandaise, espagnole, portugaise ou française, Sarraut oppose ce qui, à ses yeux, justifie la colonisation, à savoir « le droit du plus fort d’aider le plus faible ».
Ces inquiétudes trouvent un écho au cours des congrès réunis à Paris à l’occasion de l’Exposition coloniale. Pour Régismanset, ancien directeur au ministère de la France d’outre-mer, l’origine du mal n’est pas
douteuse. « La politique d’association, dit-il, si l’on n’y substitue pas d’autre meilleure et moins nocive, fera perdre à la France son empire colonial. » Il se prononce, en conséquence, très nettement, pour une politique d’assimilation.
Avant de discuter des mérites et inconvénients respectifs de ces deux formules, voyons comment on est arrivé, en quelques années, à une situation tendue, mais non encore inquiétante dans l’immédiat.
De toute évidence, la guerre mondiale a déterminé un changement considérable dans les esprits. Les Blancs, en s’entretuant allégrement et en faisant participer les gens de couleur à leur guerre civile, ont eux-mêmes porté atteinte à leur prestige. Des idées nouvelles ont commencé à se répandre. La déclaration du président Wilson sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a fait mouche. Les Américains, nouveaux venus dans le concert des grandes puissances, se disent volontiers anticolonialistes, tout comme les communistes russes, maintenant au pouvoir à Moscou, qui entendent bien saper la puissance des Occidentaux et briser un encerclement dont ils ont, par atavisme, la hantise. Aussi jouent-ils hardiment la carte des pays colonisés et de couleur car on ne dit pas encore, à l’époque, les pays sous-développés.
Général Georges Spillmann Historia 20e siecle 1970
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