vendredi 5 juin 2015, par
de J.Cocteau
Dans le port de Saïgon
Il est un jonque chinoise
Mystérieuse et sournoise
Dont nul ne connait le nom.
Et le soir dans l’entrepont,
Quand la nuit se fait complice
Les Européens se glissent
Cherchant des coussins profonds.
Opium, poison de rêve
Fumée qui monte au ciel,
C’est toi qui nous élève
Au paradis artificiel.
Je vois le doux visage
Les yeux de mon aimée.
Parfois j’ai son image
Dans un nuage de fumée.
Et le soir au port falot
Les lanternes qui se voilent
Semblent de petites étoiles
Qui scintillent tour à tour.
Et parfois dans leur extase,
Au gré de la fumée grise,
Le fumeur se représente
Ses plus beaux rêves d’amour.
Puisqu’on dit que le bonheur
N’existe pas sur la terre
Puisse l’aile de nos chimères
Un jour nous porter ailleurs
Au paradis enchanteur
Plein de merveilleux mensonges
Où dans l’ivresse de mes songe
J’ai laissé prendre mon coeur.
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