vendredi 28 septembre 2007, par
J’étais un soldat de marine
Je venais m’engager pour cinq ans
J’avais vingt ans, belle poitrine
Comme dans le refrain du régiment
Dans les bistrots prés de Lourcine
Les Anciens m’en faisaient un plat
Tu verras ce que c’est que l’Indochine
Ecoute la chanson d’un soldat
Marie, Marie-Dominique
Que foutais-tu à Saigon ?
Ça ne pouvait rien faire de bon
Marie-Dominique
Je n’étais qu’un cabot clairon
Mais je me rappelle ton nom
Marie-Dominique
Est-ce l’écho de tes prénoms
Ou le triste appel du clairon
Marie-Dominique
C’est ta démarche balancée
Qui effaça tous mes espoirs
Car cette bonne vie si bien rêvée
Ce s’rait idiot de t’en vouloir
Cette chanson de la Coloniale
C’est le résultat en cinq ans
De mes erreurs sentimentales
Selon l’expérience des camps
Je ne savais pas que la chance
Ne fréquentait point les canyas
Et qu’en dehors de la cuistance
Tout le reste ne valait pas ça
Tu m’as fait comprendre des choses
Avec tes petits airs insolents
Et je ne sais quelles apothéoses
C’était le plus clair de mes tourments
Ce fut Marie la tonkinoise
Qui voulut faire notre bonheur
En me faisant passer sous la toise
Dans le vieux cholon ou bien ailleurs
Tu étais rusée comme un homme
Mais ton but je l’ voyais pas bien
Avec ta morale à la gomme
Au cour de la Piastre à Nankin
Tu m’as gâté mon paysage
Et l’avenir quand sur le transport
Je feuilletais de belles images
Peintes comme des bouddhas en or
Où sont mes buffles dans la rivière
Les sampans, l’arroyo brumeux
Les congaïs, leurs petites manières
Devant le pouvoir de tes yeux
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