samedi 7 avril 2007, par
Il semble, si l’on en croit l’historien Polybe, que les deux murs édifiés en avant de ce rempart étaient conformes aux instructions du « Traité de fortifications de Philon » rédigé vers la fin du nie siècle av. J.-C. L’ouvrage est très clair
« Il faut s’occuper surtout de l’avant-mur, des fossés et des palissades ; car avec des pétroboles (machines pour lancer des pierres) et des portiques (allées couvertes en charpente à l’abri desquelles l’assiégeant cheminait vers la place) on emporte facilement de simples murailles. Il faut creuser trois fossés en avant du rempart ; le premier à un plèthre (30 m), le suivant à 40 coudées (18,50 m) et le dernier à la même distance. » Ces fossés doivent avoir plus de 30 m de large et, avec la terre enlevée, on élève entre eux des remblais surmontés d’une palissade qui devient un véritable mur de pierre pour celui qui est le plus proche du rempart. On conçoit que de telles fortifications n’ont jamais pu être forcées par les assiégeants de Carthage.
Le long de la mer court un simple mur d’enceinte dont les limites sont difficiles à définir exactement. Il devait couvrir presque toute la presqu’île. La ville s’estime protégée de ce côté par la côte rocheuse et très escarpée qui constitue une défense naturelle. De plus, habituée à la maîtrise des mers, toute attaque dangereuse, pense-t-elle, viendra de la terre.
Carthage possède deux ports situés dans la partie sudest. Appien en donne des descriptions relativement précises. Ce sont deux abris artificiels situés à l’intérieur de l’enceinte. Le plus au nord, de forme circulaire, est le port militaire protégé des regards indiscrets par une muraille élevée et fortifiée, doublant le mur d’enceinte. Il est dominé par le palais amiral qui veille sur le secret des préparatifs militaires et des constructions navales.
Contigu, vers le sud, est situé le port marchand probablement rectangulaire, et beaucoup plus accessible ; sur le front de mer il est percé de petits canaux, dispositif fréquent permettant de diminuer la pression due à l’assaut des vagues. Deux lagunes artificielles subsistent encore de nos jours, au nord-est de la baie de Kram. Ce port marchand commande le port militaire et son entrée est protégée par un puissant môle fortifié.
Cependant, les consuls ne se pressent guère de commencer les hostilités. Ils sont persuadés que Carthage désarmée sera une proie facile ; ils préfèrent laisser les esprits se calmer et pensent que la ville finira par se résigner et obéir. De plus, le ravitaillement de l’armée romaine ne peut se faire que par les villes maritimes ralliées, Hasdrubal tenant la campagne à la tète de forces relativement importantes ; l’attitude de Massinissa n’est pas non plus très encourageante. Visiblement, il avait accepté l’aide de Rome dans le seul but de s’emparer du territoire punique, mais il craint maintenant de se voir spolié du résultat acquis au profit de sa puissante alliée. A une demande de troupes, il répond hautainement : « J’en enverrai lorsque je jugerai que vous en avez besoin. »
Henriette Ozanne, Denise R. Olson, Jean Watelet - L’Histoire tragique des villes assiégées - Famot (1979)
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