lundi 20 juillet 2015, par
Amelia Earhart ne présente pas un cas isolé. Beaucoup de femmes viennent à l’aviation avec enthousiasme. C’est pour elles un sport élégant, exaltant malgré ses dangers. En 1929 se déroule, de la Californie à l’Ohio, le « derby de la houppe à poudre », entendez la première course féminine aérienne, à laquelle participe, bien entendu, Amelia Earhart.
Les pilotes chevronnés regardent, indulgents et ironiques, ces dames, androgynes bardés de cuir, poser pour les photographes devant leurs appareils. Ils ont tort de sourire. En moins de dix ans, certaines femmes vont se détacher du lot et égaler les meilleurs.
Déjà, en 1921, Adrienne Bolland avait franchi les Andes ; Léna Bernstein traverse la Méditerranée en 1929 et bat le record féminin de durée deux ans plus tard. Madeleine Charnaux s’adjuge, en 1935, le record d’altitude pour avion léger (6 150 m). Maryse Hilsz, l’ « athlète de l’air », ancienne parachutiste, relie Istres à Saigon. En 1928, Maryse Bastié reste trente-huit heures en vol et, en 1936, survolera l’Atlantique Sud, exploit qu’avait réalisé, l’année précédente, la Néo-Zélandaise Joan Batten .
L’aviatrice la plus populaire en France est Hélène Boucher. Elle est jolie, féminine, et, après l’atterrissage, elle a une façon d’enlever en souriant son serre-tête de cuir blanc en secouant ses cheveux châtains qui emporte tous les coeurs. Elle est l’élève du grand pilote Delmotte qui, en 1935, sur son Caudron, battra le record de vitesse pour avion terrestre avec 505 km/h. En 1934, Hélène Boucher vole sur 1 000 mètres à 444 km/h. Elle pratique l’acrobatie aérienne et se mesure à l’Allemande Vera von Bissing. Le 30 novembre 1934, Hélène Boucher se tue au cours d’un entraînement. On pleurera en elle l’incarnation de la « jeune fille de France ».
Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, les aviatrices sont plus nombreuses qu’en France. L’Anglaise Amy Johnson relie son pays à l’Australie et effectuera d’autres raids avant de devenir pilote de transport. Il y aura aussi lady Bailey, lady Heath et, compatriotes d’Amelia Earhart, Jacqueline Cochran — qui monte à 10 000 mètres et remporte le Bendix Trophy
Eleanor Smith, Ruth Nichols et bien d’autres encore de diverses nationalités. L’une d’elles, Hanna Reitsch, entrera plus tard dans l’histoire. Dans Berlin envahi par les Russes, elle se posera près du bunker de Hitler. Pendant un temps, on croira même qu’elle a enlevé le Führer.
Des femmes participent aussi aux grandes courses intercontinentales. Ainsi Amy Johnson ou miss Salomon dans Londres-Le Cap, en 1936. Deux ans auparavant, vingt concurrents se sont affrontés dans Londres-Melbourne, en cinq étapes, compétition qu’ont gagnée Scott et Campbell Black sur leur Cornet De-Havilland, en couvrant les 18 185 km en deux jours vingt-deux minutes trente secondes.
L’aviation militaire effectue, elle aussi, non pas des courses — les appareils doivent rester disciplinés — mais des vols de groupe. Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1933, les projecteurs éclairent, sur l’eau noire de la base italienne d’Orbetello, quatorze hydravions bimoteurs à double coque. Ce sont des Savoia-Marchetti qui, sous le commandement du .maréchal Italo Balbo, ministre de l’Air, vont s’envoler vers l’Amérique du Sud.
Deux d’entre eux, lourdement chargés, sont accidentés au départ. Les autres, après une escale en Guinée portugaise, s’élancent au-dessus de l’Atlantique. Le temps est maussade. De fortes pluies tropicales crépitent sur les carlingues. Les navigateurs ont beaucoup de mal à garder le contact. Enfin, onze hydravions amerrissent à Natal et continuent leur voyage jusqu’à Rio.
L’année suivante, c’est la France qui est à l’honneur. Le général Vuillemin conduit en Afrique une « Croisière noire » de trente appareils dont vingt-huit reviennent au Bourget.
En 1933, Balbo revient et son escadre gagne l’Italie en franchissant l’Atlantique Nord. Cette réussite souligne la qualité des ailes italiennes qu’avaient déjà mise en évidence les performances des hydravions qui s’illustrèrent dans la Coupe Schneider contre les Britanniques. En 1934, le pilote Francesco Agello décolle sur son MacchiCastoldi de 3 100 CV. Quand il revient, dans la double gerbe d’écume de ses flotteurs, l’appareil a battu le record mondial de vitesse : 709 km/h. Cinq ans plus tard, l’avion terrestre prend sa revanche. L’Allemand Fritz Wendel, sur son Messerschmitt-109 de 1 000 CV, dépasse les 755 km/h.
Robert de la Croix Historia magazine 20e siecle 1970
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