vendredi 17 juillet 2015, par
L’ombre du Hindenburg semble effacer, sur la mer verte et grise, cette époque héroïque. Son constructeur, Ernst Lehmann, est persuadé que le « plus léger que l’air » apporte la solution la plus sûre et la plus économique au problème de la traversée de l’Atlantique. D’ailleurs chacun de ses voyages est un succès.
Le 6 mai 1937, un millier de personnes attendent l’arrivée du Hindenburg à Lake-hurst, dans le New-Jersey. Il est 18 heures. La nappe sombre du ciel est coupée, comme aux ciseaux, par de longs éclairs mauves d’un orage qui rôde à l’horizon. L’air humide sent la mer, l’ozone et la terre en germination. Les marins de la base aéronavale ont préparé le mât d’atterrissage, robuste pylône étayé par des poutrelles.
Le dirigeable apparaît à une altitude de 90 mètres. Les quatre moteurs de 1 200 CV tournent au ralenti. Il manoeuvre avec lenteur pour placer, au-dessus de l’extrémité du mât, le nez d’amarrage, situé aux deux tiers de la longueur.
— Ils ont allumé les projecteurs, dit quelqu’un.
Une lueur argent-rose éclaire, en effet, les ailerons arrière, mais ce n’est pas celle d’un projecteur. Un incendie vient de se déclarer. D’abord, c’est une flamme horizontale, rapide, puis, presque aussitôt, jaillit une énorme gerbe de feu dont les étincelles crépitantes paraissent atteindre les nuages bas.
Des cris tombent des nacelles, lointains, comme déjà d’un autre monde. En quelques minutes, le Hindenburg n’est plus qu’un amas de poutrelles tordues chauffées à blanc d’où s’échapperont en hurlant quelques rescapés. Parmi eux, le commandant Pruss et Ernst Lehmann, qui ne survivra pas à la perte de son navire aérien.
D’après l’explication officielle de la catastrophe, l’hydrogène des ballonnets fut enflammé par une étincelle due à l’électricité dont l’atmosphère orageuse était chargée.
Après cette tragédie, les dirigeables perdent toutes leurs chances dans la compétition atlantique. La perte du R-101 anglais, celle des « croiseurs aériens » américains Akron et Macon, avaient déjà souligné la vulnérabilité du « plus léger que l’air ».
Un peu moins de deux mois plus tard, une autre nouvelle endeuille l’aviation. Amelia Earhart disparaît dans le Pacifique et, avec elle, c’est un certain romantisme des ailes qui s’éloigne.
Robert de la Croix Historia magazine 20e siecle 1970
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