lundi 17 septembre 2007, par
Dès 10 heures du matin, Kemal Pacha peut faire avancer une compagnie sur le flanc gauche des Australiens, le long des pentes descendant de Babi 700, une colline culminant à 700 mètres, point ultime atteint par les soldats du corps de débarquement.
Un deuxième régiment de la 19’ division turque a rejoint les troupes qui se battent déjà. Il est lancé sans plus attendre dans la contre-attaque qui prend alors une ampleur inquiétante. Les combats sont féroces, Babi 700 sera prise et reprise avant de rester, en fin de matinée, entre les mains des Australiens qui viennent de recevoir le renfort de deux compagnies montant directement de la plage de débarquement.
Sans relâche et sans souci des pertes, les régiments de la division de Kemal, maintenant au complet, se lancent à l’assaut aux cris, mille fois répétés, de « La Ilaha Illa Allah ! » auxquels répondent les hurlements et les jurons en bon anglais des soldats australiens.
A cinq reprises, les Turcs prennent pied sur Babi 700, pour finalement en chasser les Australiens et les Néo-Zélandais à bout de résistance. Jusqu’au soir, les Turcs contre-attaquent, les vivants marchant sur les morts.
Les soldats du Commonwealth se font tuer sur place, mais, le soir venu, les lignes alliées ne sont plus tenues que par sept bataillons qui se battent chacun pour leur compte, sans.
que le commandement paraisse capable de monter une opération cohérente pour arrêter le déferlement de l’ennemi.
Une petite pluie fine et pénétrante commence à tomber sur cette mêlée indescriptible. Dans les ravins obscurs, transformés en ruisseaux, les blessés pataugent en descendant vers la plage, tandis que les troupes de renfort grimpent vers les sommets où Néo-Zélandais et Australiens s’accrochent au moindre ressaut de terrain, se lançant spontanément dans des contre-attaques locales, sans grande efficacité, mais freinant néanmoins la progression de l’adversaire.
On raconte qu’un caporal australien, armé d’un seul manche de pioche, à la tête d’un groupe hétéroclite, s’est précipité au devant d’une section ennemie et a réussi à la mettre en fuite...
L’héroïsme des blessés n’est pas moins admirable. Il faut deux heures et demi, en pleine obscurité, sur des sentiers abrupts rendus glissants par la pluie, pour regagner la plage où doivent se trouver les antennes médicales.
Dans l’immense pagaille qui continue de régner sur les lieux du débarquement, médecins et infirmiers font ce qu’ils peuvent pour secourir les blessés les plus graves.
Les autres vont s’allonger sur le sable, protégés
par une bâche, en attendant que l’on veuille bien s’occuper d’eux. Beaucoup meurent là, sans un cri, résignés et déjà oubliés.
Un peu après 20 heures, le général Birdwood qui commande le débarquement vient conférer avec ses divisionnaires australiens et néo-zélandais. Il trouve le moral du commandement au plus bas et se range assez facilement à l’avis de ses adjoints qui recommandent d’embarquer immédiatement ce qui peut encore être sauvé de leurs unités dispersées dans la nature et fortement malmenées par la contre-attaque ennemie.
Il paraît évident, aussi bien à l’échelon divisionnaire qu’à celui des brigades, que les Turcs vont profiter de la nuit pour rameuter des troupes fraîches. Humainement ni les Australiens, en ligne depuis le matin, ni les Néo-Zélandais ne pourront résister à cette contre-attaque que les généraux britanniques prévoient massive. Et il n’y a malheureusement plus de troupes de réserve. La mort dans l’âme, Birdwood regagne son navire de commandement pour demander les instructions de sir lan Hamilton, plus qu’à demi convaincu lui-même de l’inutilité de poursuivre cette effusion de sang.
sources mensuel Connaissance de l’Histoire 1977 1982 Hachette
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