samedi 28 avril 2007, par
Victoria (Alexandrina Victoria de Wettin, née de Hanovre) (née le 24 mai 1819 et décédée le 22 octobre 1901) fut reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande (1837-1901) et impératrice des Indes (1876-1901). Son règne, qui dura plus de soixante-trois ans, demeure le plus long de toute l’histoire du Royaume-Uni. Il fut marqué par une impressionnante expansion de l’Empire britannique, devenu la première puissance mondiale, et par la Révolution industrielle, période de grand changement social, économique et technologique. Son règne fut ainsi appelé ère victorienne. Victoria fut la dernière souveraine de la Maison de Hanovre ; après son décès, la couronne britannique passa à la Maison de Saxe-Cobourg-Gotha.
Une légende raconte qu’en 1802, alors que le prince Edward Augustus, duc de Kent et de Strathearn, père de Victoria, était en poste à Gibraltar, une gitane lui aurait prédit toutes sortes de « vicissitudes mais une fin heureuse et un grand trône pour sa fille ».
De son nom complet Alexandrina Victoria de Hanovre, Victoria naît le 24 mai 1819 au Palais de Kensington à Londres. Son père, le prince Edward Augustus, duc de Kent et de Strathearn, est le quatrième fils du roi George III et de la duchesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz. Sa mère, la princesse Viktoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, est la fille du duc François de Saxe-Cobourg-Saalfeld et de la comtesse Augusta d’Ebersdorf.
Elle est baptisée le 24 juin 1819 au Palais de Kensington par l’Archevêque de Cantorbéry. Son parrain est le tsar Alexandre Ier de Russie, en l’honneur duquel elle reçut son prénom. Ses marraines sont sa tante la princesse Charlotte, princesse royale et sa grand-mère Augusta d’Ebersdorf. Bien que son prénom de baptême soit Alexandrina Victoria, elle est officiellement reconnue comme étant la princesse Victoria. Sa famille, quant à elle, la surnomme Drina.
Le père de la princesse Victoria, le duc de Kent, meurt d’une pneumonie le 23 janvier 1820, alors qu’elle n’est âgée que d’une année. Son grand-père, le roi George III, aveugle et dément, meurt moins d’une semaine plus tard, le 29 janvier. Son oncle, le Prince Régent, hérite de la couronne, devenant ainsi le roi sous le nom de George IV. Bien que Victoria soit bien placée dans la ligne de succession, on ne lui parle au cours de ses premières années qu’allemand, la première langue de sa mère et de sa gouvernante. Mais dès qu’elle atteint l’âge de trois ans, elle poursuit sa scolarité en anglais. Elle apprend également à parler italien, grec, latin et français. Ses professeurs sont le Révérend Davys et la Baronne Lehzen.
Elle a onze ans quand son oncle le roi George IV meurt sans enfant le 26 juin 1830, laissant le trône à son frère, le Duc de Clarence et de St. Andrews qui devient le roi sous le nom de Guillaume IV. Comme le nouveau roi n’a pas d’enfant légitime ayant survécu, la jeune princesse Victoria devient l’héritière présomptive au trône. Comme la loi ne prévoit alors aucune disposition spéciale pour un monarque de bas âge, Victoria aurait eu le droit de régner comme un adulte. Pour prévenir un tel scénario, le Parlement vote la Loi de régence de 1831, selon laquelle la mère de Victoria, prendrait, si nécessaire, la fonction de régente pendant la minorité de la reine. Ne connaissant pas de précédent, le Parlement ne crée pas de conseil pour limiter les pouvoirs du régent.
La princesse Victoria a seize ans lorsqu’elle rencontre son futur mari, le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. Le prince Albert est en réalité le cousin germain de Victoria ; le père d’Albert, le duc Ernest Ier de Saxe-Cobourg-Gotha est en effet le frère de la mère de Victoria. L’oncle de la princesse Victoria, le roi Guillaume IV, désapprouve l’union, mais ses objections ne réussissent pas à dissuader le couple. Beaucoup d’historiens ont suggéré que le prince Albert n’était pas amoureux de la jeune Victoria et qu’il est entré en relation avec elle d’une part pour gagner un statut social (il n’était qu’un petit prince allemand) et d’autre part par sens du devoir (sa famille souhaitait l’union). Quelles que furent les raisons qui poussèrent prince le Albert à épouser Victoria, leur mariage se révéla extrêmement heureux.
Guillaume IV décède à l’âge de soixante-douze ans, le 20 juin 1837, laissant le trône à Victoria. Comme la jeune reine vient d’avoir dix-huit ans, une régence n’est pas nécessaire. Mais, selon la loi salique, une femme ne peut pas régner sur le Royaume de Hanovre, un état qui partage son monarque avec la Grande-Bretagne depuis 1714. Le Hanovre ne revient donc pas à Victoria, mais à son oncle, le prince Ernest Augustus, duc de Cumberland et de Teviotdale, qui devient roi sous le nom de Ernest-Auguste Ier. Comme la jeune reine est encore célibataire et sans enfant, Ernest-Auguste Ier est aussi l’héritier présomptif du trône britannique.
Quand Victoria accède au trône, le gouvernement est contrôlé par le Parti Whig, qui est au pouvoir, à quelques interruptions près, depuis 1830. Le Premier ministre, Lord Melbourne, devient immédiatement une personnalité influente dans la vie de la reine, qui manque d’expérience politique et qui compte sur son avis dans de nombreuses décisions à tel point que certains appellent même Victoria Mme Melbourne.
La reine est couronnée le 28 juin 1838. Elle fera la remarque suivante : « ... le moment où la couronne fut posée sur ma tête... fut, je l’admets, des plus magnifiques et des plus impressionnants qui soient ».
Le gouvernement Melbourne ne peut pas rester longtemps aux affaires ; il devient des plus impopulaires et doit faire face à des difficultés liées à l’administration des colonies britanniques. Au Canada, le Royaume-Uni se trouve confronté à une insurrection, et en Jamaïque, l’assemblée coloniale proteste contre la politique britannique et refuse de voter certaines lois. En 1839, incapable de gérer la politique étrangère, le gouvernement de Lord Melbourne démissionne.
La reine charge Sir Peel, un Tory, de former un nouveau gouvernement. Alors, éclate une crise politico-diplomatique connue sous le nom de Crise de la chambre à coucher. À l’époque, il est d’usage que ce soit le Premier ministre qui nomme les Dames de la Reine de la Chambre à coucher. Ces emplois sont traditionnellement accordés à des femmes dont les époux appartiennent au parti au pouvoir. Beaucoup de Dames de la Reine de la Chambre à coucher sont des épouses de Whigs, mais Sir Peel souhaite les remplacer par des épouses de Tories. Victoria s’oppose fermement à ce remplacement car elle considère davantage ces dames comme des amies proches que comme des membres d’une institution protocolaire. Sir Peel estime qu’il ne peut pas gouverner sous les diktats de la reine et démissionne, permettant ainsi à Lord Melbourne de revenir aux affaires.
La reine épouse le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha le 10 février 1840 dans la Chapelle Royale du Palais St. James ; quatre jours plus tôt, Victoria accordait à son futur mari le titre d’Altesse Royale. Le prince Albert est communément connu comme le Prince Consort, bien qu’il n’obtienne officiellement ce titre qu’en 1857. On ne lui a cependant jamais accordé de dignité de pairie.
La reine est rapidement enceinte. Pendant sa grossesse, un jeune homme de dix-huit ans, Edward Oxford, tente d’assassiner la reine tandis qu’elle se rend dans une voiture avec le prince Albert à Londres. Oxford tire deux fois, mais les deux balles manquent leur cible. Il est jugé pour haute trahison, mais acquitté après avoir été reconnu fou. Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur son geste ; Oxford peut simplement avoir cherché la notoriété. Beaucoup ont suggéré qu’une conspiration chartiste était derrière la tentative d’assassinat ; d’autres ont attribué le complot à des sympathisants de l’héritier présomptif, le roi Ernest-Auguste Ier de Hanovre. Ces soupçons de conspiration suscitent dans le pays une vague de patriotisme et de loyauté.
L’attentat n’a aucun effet sur la santé de la reine ou sur sa grossesse. Le premier enfant du couple royal, appelé Victoria, naît le 21 novembre 1840. Huit autres enfants naquirent pendant le mariage exceptionnellement heureux de Victoria et d’Albert. Le prince Albert n’est pas seulement le compagnon de la reine, mais aussi un conseiller politique important, remplaçant Lord Melbourne comme figure dominante dans sa vie. Ayant trouvé un partenaire, Victoria ne compte plus sur les épouses de Whigs pour sa compagnie. Ainsi, quand les Whigs de Lord Melbourne perdent les élections de 1841 et sont remplacés par les Tories de Sir Peel, la Crise de la chambre à coucher ne se répète pas. Victoria continue à correspondre secrètement avec Lord Melbourne, dont l’influence, pourtant, diminue à mesure que celle du prince Albert grandit.
Le 13 juin 1842, Victoria fait son premier voyage par le train, voyageant de la station de Slough (près du Château de Windsor) au Bishop’s Bridge, près de Paddington (à Londres), dans une voiture royale spéciale fournie par la Great Western Railway. Son époux et l’ingénieur de la Great Western Railway, Isambard Brunel, l’accompagnent.
En 1842, la reine est victime de trois tentatives d’assassinat. Le prince Albert estime que ces nouvelles tentatives ont été encouragées par l’acquittement d’Oxford en 1840. Le 29 mai 1842 à St. James’ Park, John Francis (cherchant fort probablement à gagner une certaine notoriété) tire au pistolet sur la reine (alors en voiture), mais il est immédiatement saisi par William Trounce. Il est condamné pour haute trahison, mais sa condamnation à mort est commuée en détention à vie. Le 3 juillet, un autre jeune homme, John William Bean, tire sur la reine. Bien que son fusil n’ait été chargé que de papier et de tabac, son crime reste passible de la peine de mort. Estimant une telle peine trop dure, le prince Albert encourage le Parlement à voter une loi, selon laquelle pointer une arme à feu vers la reine, la frapper, lui lancer un objet ou exhiber en sa présence une arme à feu ou tout autre arme dangereuse avec l’intention de la menacer, est passible d’un emprisonnement de sept ans et de flagellation. Bean est ainsi condamné à dix-huit mois de prison. Cependant ni lui, ni aucune personne punissable pour un délit similaire ne furent jamais fouettés.
Nom Naissance Décès Mariage Conjoint
Princesse Victoria
(Victoria Adelaide Mary Louise)
21 novembre 1840 5 août 1901 25 janvier 1858 Prince Friedrich de Prusse
(futur Empereur d’Allemagne et Roi de Prusse)
Roi Édouard VII
(Albert Edward)
9 novembre 1841 6 mai 1910 10 mars 1863 Princesse Alexandra de Danemark
Princesse Alice
(Alice Maud Mary)
25 avril 1843 14 décembre 1878 1er juillet 1862 Prince Ludwig de Hesse
(futur Grand-Duc de Hesse et du Rhin)
Prince Alfred
(Alfred Ernest Albert)
6 août 1844 31 juillet 1900 23 janvier 1874 Grande-Duchesse Maria Alexandrovna de Russie
Princesse Helena
(Helena Augusta Victoria)
25 mai 1846 9 juin 1923 5 juillet 1866 Prince Christian de Schleswig-Holstein
Princesse Louise
(Louise Caroline Alberta)
18 mars 1848 3 décembre 1939 21 mars 1871 Marquis de Lorne
(futur Neuvième Duc d’Argyll)
Prince Arthur
(Arthur William Patrick Albert)
1er mai 1850 16 janvier 1942 13 mars 1879 Princesse Luise-Margarete de Prusse
Prince Leopold
(Leopold George Duncan Albert)
7 avril 1853 28 mars 1884 27 avril 1882 Princesse Helena de Waldeck-Pyrmont
Princesse Beatrice
(Beatrice Mary Feodore Victoria)
14 avril 1857 26 octobre 1944 23 juillet 1885 Prince Henry de Battenberg
La jeune reine Victoria tombe amoureuse de l’Irlande et choisit de passer ses vacances à Killarney, dans le comté de Kerry, qu’elle fait l’un des sites touristiques les plus en vogue du XIXe siècle. En réponse à sa passion pour cette île, les Irlandais lui vouent d’abord un respect chaleureux. Mais, en 1845, l’Irlande est frappée par une épidémie de mildiou qui frappe les récoltes de pomme de terre, qui, en plus de quatre ans, coûte la vie à plus d’un demi-million d’Irlandais et qui provoque l’émigration d’un million d’autres. En réponse à ce qu’on appellera la Grande famine de la pomme de terre (en irlandais : An Gorta Mór), la reine offre 5 000 £ sur sa cassette personnelle et s’implique dans diverses organisations de lutte contre la famine. Alors que l’on doit faire surtout porter la responsabilité de l’aggravation de la famine en Irlande à la politique du gouvernement Russell, celle-ci est reprochée à la reine qui y perd sa popularité. Pour les républicains extrémistes, Victoria devient la Reine de la Famine. Des rumeurs courent même dans les milieux républicains sur l’indigence de sa contribution à la lutte contre la famine (5 £).
La première visite officielle de Victoria en Irlande, en 1849, est organisée personnellement par Lord Clarendon, représentant de la Couronne en Irlande, c’est-à-dire chef de l’administration britannique dans l’île. Son but est d’essayer à la fois d’attirer, grâce à la présence de la reine, l’attention du public sur la famine, mais aussi d’alerter les politiciens britanniques sur l’ampleur de la crise en Irlande. Malgré l’impact négatif de la famine sur la popularité de la reine, celle-ci jouit encore d’une certaine estime auprès des nationalistes ; en effet leurs réunions se terminent toujours par l’hymne du God Save the Queen. Pourtant durant les années 1870 et 1880, le respect pour la monarchie décroît considérablement en Irlande, en partie à la suite de la décision de Victoria d’annuler sa visite sur l’île. En effet, la Corporation de Dublin refuse de féliciter son fils, le Prince de Galles, d’abord à l’occasion de son mariage avec la princesse Alexandra de Danemark en 1863, puis à l’occasion de la naissance de son fils le prince Albert Victor de Galles en 1864.
Victoria résiste à la pression répétée de plusieurs de ses premiers ministres, des lords lieutenants et même de membres de la famille royale, lui conseillant d’établir une résidence royale en Irlande. Dans ses mémoires en 1930, qu’il a intitulées Irlande : dupe ou héroïne ?, Lord Midleton, ancien dirigeant du parti irlandais unioniste, décrit ce refus comme désastreux pour la monarchie et pour l’administration britannique en Irlande.
Victoria organise sa dernière visite en Irlande en 1900, pour appeler les Irlandais à s’enrôler dans l’armée britannique pour combattre dans la Guerre des Boers. L’opposition nationaliste à cette visite est menée par Arthur Griffith, qui fonde une organisation appelée Cumann na nGaedheal. Cinq ans plus tard, Griffith utilise les contacts qu’il a établi lors de cette campagne pour former un nouveau mouvement politique, le Sinn Féin.
Le gouvernement de Sir Robert Peel doit affronter une crise à propos de l’abrogation des lois sur les céréales. Beaucoup de Tories sont opposés à son abrogation, tandis que certains d’entre eux (les peeliens) ainsi que la plupart des Whigs soutiennent le projet. La loi est finalement abrogée et Sir Peel démissionne en 1846. Il est remplacé par Lord Russell. Bien qu’il soit whig, la reine n’apprécie pas son gouvernement. En particulier, le ministre des Affaires étrangères, Lord Palmerston, agit souvent sans consulter ni le cabinet, ni le Premier ministre, ni la reine, et cela apparaît à la reine comme une insolence inadmissible. En 1849, la reine s’en plaint auprès de Lord Russell, en signalant que Lord Palmerston a envoyé des missives officielles à des chefs d’État étrangers sans l’en avoir informée. Elle renouvelle sa plainte en 1850, mais toujours sans succès. Lord Palmerston ne quitte finalement le gouvernement qu’en 1851 : il avait, entre autres, approuvé au nom du gouvernement britannique le coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, sans avoir consulté préalablement le Premier ministre.
La période pendant laquelle Lord Russell est Premier ministre est pénible pour Victoria. En 1849, William Hamilton, un Irlandais mécontent au chômage essaye de s’en prendre à elle en tentant de mettre le feu à sa voiture à l’aide d’un pistolet rempli de poudre. Hamilton est jugé selon la loi de 1842. Il plaide coupable et reçoit la peine maximale de sept ans d’emprisonnement. En 1850, la reine est agressée par un ancien soldat probablement aliéné, Robert Pate. Alors que Victoria monte dans une voiture, Pate la frappe avec sa canne et la blesse. Pate sera lui aussi jugé ; n’ayant pas réussi à prouver sa folie, il reçoit la même sentence que Hamilton.
En 1851, la première exposition universelle, Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, est organisée au Crystal Palace. Orchestrée par le prince Albert, l’exposition est officiellement inaugurée par la reine le 1er mai. Malgré les craintes de certains, elle remporte un très grand succès. Les recettes permettent l’entretien du South Kensington Museum.
Le ministère de Lord Russell s’effondre en 1852, quand le Premier ministre Whig est remplacé par un Tory, Lord Derby. Lord Derby ne reste pas longtemps au pouvoir, car il ne peut pas conserver de majorité au Parlement et il doit démissionner moins d’un an après être arrivé aux affaires. Victoria cherche alors à mettre fin à cette période de gouvernements faibles. La reine ainsi que son époux encouragent vivement la formation d’une coalition entre les Whigs et les Tories peeliens. Un tel gouvernement est effectivement formé, sous l’égide de Lord Aberdeen.
Un des actes les plus importants du nouveau gouvernement est de faire entrer le Royaume-Uni dans la Guerre de Crimée en 1854, aux côtés de la France et de l’Empire ottoman, contre la Russie. Immédiatement avant l’entrée du Royaume-Uni, des rumeurs selon lesquelles la reine et le prince Albert préfèreraient l’alliance avec la Russie entament la popularité du couple royal. Pourtant, Victoria prend publiquement le parti des troupes engagées au côté de l’Empire ottoman. À la fin de la guerre, elle crée même la Victoria Cross, une décoration récompensant la bravoure lors des combats.
Sa gestion très critiquée de la Guerre de Crimée pousse Lord Aberdeen à démissionner en 1855. Il est remplacé par Lord Palmerston, avec qui la reine s’est réconciliée. Lord Palmerston doit quitter ses fonctions en raison de son impopularité due à la façon dont il a conduit la Seconde Guerre de l’Opium, en 1857. Il est remplacé par Lord Derby. Sous l’administration de Lord Derby éclate la Révolte des Cipayes dirigée contre la domination de la Compagnie anglaise des Indes orientales sur l’Inde. Après l’écrasement de la rébellion, l’Inde est soumise à la gestion directe de la Couronne, mais le titre d’Impératrice des Indes n’est instauré que plus tard. Le deuxième gouvernement de Lord Derby ne fait pas mieux que le premier ; il chute en 1859, permettant à Lord Palmerston de revenir au pouvoir.
La mort du Prince Consort le 14 décembre 1861 affecte profondément la reine qui prend le deuil, s’habille de noir et évite les apparitions publiques et les visites à l’intérieur de Londres. Son isolement lui vaut le surnom de Veuve de Windsor. Elle reproche à son fils, le prince Edouard, prince de Galles sa frivolité ainsi que la mort de son père.
En revanche, Victoria se confie de plus en plus à un domestique écossais, John Brown, à tel point que l’on soupçonne une liaison et même un mariage secret. Un journal intime récemment découvert serait la confession à l’article de la mort du chapelain privé de la reine et insinuerait que celui-ci aurait présidé au mariage secret de Victoria et de John Brown. Mais de nombreux historiens répugnent à accorder du crédit à ce document. Cependant, à la demande de la reine Victoria deux objets ont été placés, à ses côtés dans son cercueil : une des robes de chambre d’Albert et dans sa main gauche un portrait et une mèche de cheveux de Brown. Suite à ces rumeurs de liaison et de mariage, certains ont donné à Victoria le surnom de Mme Brown.
Pendant ce temps, l’isolement de Victoria et son éloignement de la scène publique contribuent à faire chuter la popularité de la monarchie et à favoriser le mouvement républicain. La reine accomplit cependant avec sérieux ses devoirs officiels mais elle ne participe plus activement au gouvernement du royaume, s’isolant dans ses résidences royales de Balmoral en Écosse et d’Osborne dans l’Île de Wight. C’est pendant cette période qu’est votée par le Parlement, la loi la plus importante du XIXe siècle : la Loi de Réforme de 1867 du système électoral. Lord Palmerston y est vigoureusement opposé. À sa mort en 1865, il est remplacé par Lord Russel, puis par Lord Derby et c’est sous ce dernier gouvernement que la loi de Réforme est votée.
Cette caricature, Nouvelles Couronnes pour Vieux, inspirée d’un conte arabe, représente Disraeli en colporteur offrant à Victoria une couronne impériale
Cette caricature, Nouvelles Couronnes pour Vieux, inspirée d’un conte arabe, représente Disraeli en colporteur offrant à Victoria une couronne impériale
Le Premier ministre conservateur Benjamin Disraeli prend sa charge en 1868 ; il s’avère être le Premier ministre préféré de Victoria. Pourtant, son gouvernement résiste peu de temps et William Gladstone le remplace. Membre du Parti libéral (c’est ainsi qu’on appelait la coalition whigs-peeliens), il est en désaccord aussi bien avec Victoria qu’avec Disraeli. Celle-ci a le sentiment, comme elle l’a dit à l’occasion, que lorsqu’il s’adresse à elle, il le fait comme s’il s’adressait à des militants politiques. C’est sous le gouvernement de Gladstone, au début des années 1870, que la reine commence à sortir peu à peu de son deuil et de son isolement. Encouragée par son entourage, elle intervient plus souvent.
En 1872, Victoria subit sa sixième agression avec arme à feu. Alors qu’elle descend de voiture, un Irlandais de dix-sept ans, Arthur O’Connor, se précipite vers elle, un pistolet dans une main et une pétition pour la libération des prisonniers irlandais dans l’autre. L’arme n’est pas chargée ; le but du jeune homme est très probablement de faire peur à Victoria pour qu’elle accepte la pétition. John Brown, qui se trouve à côté de la reine, plaque le garçon au sol avant même que Victoria ait pu voir le pistolet ; il est décoré d’une médaille d’or pour sa bravoure. O’Connor est condamné à la déportation et au châtiment corporel, comme prévu par la loi de 1842, mais Victoria accorde sa grâce pour la deuxième partie de la sentence.
Disraeli revient au pouvoir en 1874, à un moment où la fibre colonialiste naît dans le royaume, sentiment partagé par le nouveau Premier ministre et la reine, comme par beaucoup en Europe. En 1876, encouragé par Disraeli, la reine prend le titre d’Impératrice des Indes’, titre officiellement reconnu par la Loi sur les titres royaux (Royal Titles Act) de 1876. Victoria récompense son Premier ministre en le faisant Comte de Beaconsfield.
En 1880 les libéraux remportent les élections générales et le gouvernement de Lord Beaconsfield démissionne. Comme Gladstone a quitté la direction des libéraux quatre ans plus tôt, la reine invite Lord Hartington, le chef des libéraux à la Chambre des communes, à former un gouvernement. Mais Lord Hartington refuse, en affirmant qu’un gouvernement libéral ne peut pas travailler sans Gladstone et que lui, Hartington, ne servirait dans aucun gouvernement qui ne soit dirigé par lui. Victoria cède et nomme Gladstone Premier ministre.
Le septième et dernier attentat contre la vie de Victoria survient en 1882. Un fou écossais, Roderick Maclean, tire une balle en direction de la reine, alors assise dans sa voiture, mais la manque. Depuis 1842, chaque individu qui a essayé d’attaquer la reine a été jugé pour incartade (punissable de sept ans de travaux forcés), mais Maclean est jugé pour haute trahison (passible de la peine de mort). Il est acquitté, ayant été jugé irresponsable et est enfermé dans un asile. Victoria exprime sa grande contrariété vis-à-vis du verdict « non coupable, mais dément », et encourage l’introduction du verdict « coupable, mais dément » l’année suivante.
Les conflits de Victoria avec Gladstone continuent. Elle est contrainte d’accepter les réformes électorales qu’il propose, en incluant Representation of the People Act de 1884, qui augmente considérablement la taille du corps électoral. Le gouvernement de Gladstone est remplacé en 1885, par le gouvernement conservateur de Lord Salisbury, mais Gladstone revient au pouvoir en 1886 et présente le Irish Home Rule Bill, qui propose une chambre séparée pour l’Irlande. Victoria s’y oppose, arguant que cela saperait l’Empire britannique. Quand le projet de loi est rejeté par la Chambre des Lords, Gladstone démissionne, et Victoria nomme Lord Salisbury Premier ministre.
En 1887, le Royaume-Uni célèbre le Jubilé de Victoria, c’est-à-dire le cinquantième anniversaire de son accession au trône. La reine marque l’événement le 20 juin 1887 par un banquet, auquel cinquante rois et princes européens sont invités. Le lendemain, elle participe à un défilé qui, selon Mark Twain, « s’étendait à perte de vue dans les deux directions ». À l’époque, Victoria est un monarque extrêmement populaire. Le scandale de ses relations supposées avec son domestique s’est apaisé après la mort de John Brown en 1883, permettant à la reine d’être perçue comme un symbole de moralité.
Victoria est contrainte de supporter un gouvernement de Guillaume Gladstone encore une fois, en 1892. Après la dernière défaite de sa loi le Irish Home Rule Bill, il prend sa retraite en 1894, pour être remplacé par Lord Rosebery, un libéral colonialiste. À Lord Rosebery, succède en 1895 Lord Salisbury, qui reste au pouvoir jusqu’à la fin du règne de Victoria.
Le 22 septembre 1896, Victoria devient le monarque de l’histoire anglaise, écossaise, ou britannique ayant régné le plus longtemps, pulvérisant le record détenu jusqu’à présent par George III. Conformément à la demande de la reine, toutes les célébrations publiques spéciales de l’événement sont retardées jusqu’à 1897, pour le soixantième anniversaire de son accession au trône. Le Ministre des Colonies, Joseph Chamberlain, propose que le Jubilé devienne un festival de l’Empire britannique. Ainsi, les Premiers ministres de toutes les colonies autonomes sont invités avec leur famille. Le défilé auquel la reine assiste comporte des troupes issues de chaque colonie britannique et des dépendances, ainsi que des soldats envoyés par les princes et les chefs indiens (qui sont des vassaux de Victoria, Impératrice des Indes). La célébration du soixantième anniversaire est une occasion marquée par de grands débordements d’affection envers une reine septuagénaire, alors clouée dans un fauteuil roulant.
Pendant les dernières années de Victoria, le Royaume-Uni est impliqué dans la Guerre des Boers, qui a reçu le soutien enthousiaste de la reine. La vie personnelle de Victoria est marquée par de nombreuses tragédies personnelles, dont la mort de son fils, le prince Alfred, duc de Saxe-Cobourg-Gotha, la maladie mortelle de sa fille, la princesse Victoria, princesse royale et la mort de deux de ses petits-fils. Sa dernière apparition publique officielle a lieu en 1899, quand elle pose la première pierre des nouveaux bâtiments du South Kensington Museum, devenu Victoria and Albert Museum.
Selon l’habitude qu’elle respecte depuis le début de son veuvage, Victoria passe Noël à Osborne House (que le prince Albert a dessiné lui-même), sur l’Île de Wight. Elle y meurt le 22 janvier 1901, ayant régné durant soixante-trois ans, sept mois et deux jours, plus que n’importe quel monarque britannique auparavant ou depuis. Ses funérailles ont lieu le 2 février ; après deux jours d’exposition solennelle, son corps est inhumé dans le Mausolée Frogmore, à Windsor, au côté de celui de son mari.
À Victoria succède son fils aîné, le prince Edouard, prince de Galles, qui règne sous le nom d’Edouard VII. La mort de Victoria sonne la fin du règne de la Maison de Hanovre, une branche de la Maison d’Este, au Royaume-Uni ; Edouard VII, comme son père le prince Albert, appartient à la Maison de Saxe-Cobourg-Gotha, une branche de la Maison de Wettin. Le fils et successeur d’Edouard VII, le roi George V, change le nom de la Maison royale en Maison de Windsor pendant la Première Guerre mondiale, car le nom Saxe-Cobourg-Gotha est associé à l’ennemi du Royaume-Uni, à savoir l’Allemagne, dirigée par le petit-fils de Victoria, Guillaume II.
La reine Victoria fut le premier monarque britannique de l’époque moderne. Alors que ses prédécesseurs avaient pu jouer un rôle actif dans le gouvernement du pays, une série de réformes ont accru le pouvoir de la Chambre des communes au dépens de celui de la monarchie et des lords, conduisant le monarque à un rôle plus symbolique. À compter du règne de Victoria, la reine ou le roi, selon les mots de Bagehot de Walter, avait « le droit d’être consulté, le droit de conseiller, et le droit de mettre en garde. »
La monarchie de Victoria est devenue plus symbolique que politique, avec un accent porté sur la moralité et les valeurs de famille victoriennes, par opposition aux scandales sexuels, financiers et personnels qui avaient été associés aux membres précédents de la Maison de Hanovre et qui avaient discrédité la monarchie. Le règne de Victoria voit la création du concept de monarchie familiale auquel les classes moyennes naissantes peuvent s’identifier.
Sur le plan international, Victoria fut une figure majeure, non seulement par l’image qu’elle incarne ou par l’influence du Royaume-Uni sur l’Empire, mais aussi à cause des liens familiaux qu’elle a su créer entre les familles royales d’Europe, lui valant ainsi le surnom affectueux de grand-mère de l’Europe. On peut citer par exemple le fait que trois des monarques principaux des pays impliqués dans la Première Guerre mondiale étaient, soit les petits-enfants de Victoria, soit des époux de petits-enfants de Victoria. Huit des neuf enfants de Victoria épousèrent des membres de familles royales européennes, et la neuvième se maria à un duc écossais, premier gouverneur du Canada.
Victoria a transmis à sa descendance le gène de l’hémophilie, mais on ne sait pas comment elle en a hérité. Elle a pu l’acquérir à la suite d’une mutation de sperme, son père ayant cinquante-deux ans quand Victoria fut conçue. On a aussi dit que le prince Edward Augustus, duc de Kent et de Strathearn n’était pas le père biologique de Victoria, et qu’elle était en fait la fille du secrétaire particulier irlandais et amant de sa mère, Sir Conroy. Si l’on a bien quelques preuves d’une relation entre la princesse Viktoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld et Sir Conroy (Victoria elle-même a raconté au duc de Wellington avoir assisté à un incident entre eux), l’histoire médicale de Sir Conroy ne révèle aucune trace d’hémophilie dans sa famille, ce qui aurait dû être le cas s’il avait dû transmettre le gène. Il est beaucoup plus probable que la maladie lui a été transmise par sa mère, bien qu’il n’y ait pas eu de cas connu d’hémophilie dans sa famille maternelle. Elle n’a pas souffert de la maladie, mais l’a transmise à au moins trois de ses enfants. La victime d’hémophilie le plus célèbre dans sa descendance fut son arrière petit-fils, le tsarévitch Alexei de Russie.
En 2004, les monarques européens et anciens monarques descendants de Victoria sont : la reine Élisabeth II du Royaume-Uni, le roi Harald V de Norvège, le roi Charles XVI Gustave de Suède, la reine Marguerite II de Danemark, le roi Jean-Charles Ier d’Espagne, le roi Constantin Ier des Hellènes (détrôné) et le roi Michel Ier de Roumanie (détrôné). Les prétendants aux trônes de Serbie, de Russie, de Prusse et Allemagne, de Saxe-Cobourg-Gotha, de Hanovre, de Hesse et de Bade sont aussi ses descendants.
La reine Victoria a été impopulaire pendant les premières années de son veuvage, mais elle est revenue dans le cœur de ses sujets, durant la décennie 1880-1890. En 2002, un sondage organisé par la BBC concernait les cent Britanniques considérés comme les plus grands, Victoria arriva en dix-huitième position.
Parmi les innovations de l’ère victorienne, on peut citer les timbres postaux, dont le premier, le Penny Black (émis en 1840), présente une image de la reine, et le chemin de fer, que Victoria fut le premier souverain britannique à prendre.
Dans le monde, plusieurs lieux ou sites ont été nommés en l’honneur de la reine Victoria, à savoir :
* l’Etat du Victoria, un état d’Australie.
* l’Île Victoria, la deuxième plus grande île du Canada.
* la ville de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique, au Canada.
* la ville de Regina, capitale du Saskatchewan, au Canada.
* la ville de Victoria, capitale des Seychelles.
* le Lac Victoria, plus grand lac d’Afrique.
* les Chutes Victoria, plus grandes chutes d’eau du Monde.
* le Pont Victoria à Montréal, au Canada.
La reine Victoria reste le monarque britannique dont le souvenir est le plus présent. De nombreuses statues la représentant sont érigées à travers tout l’empire, parmi lesquelles :
* le Victoria Memorial, situé à l’extérieur du Palais de Buckingham, érigé une dizaine d’années après sa mort au moment de la rénovation de la façade du Palais.
* la Statue qui se trouvait sur Kildare Street en face de la Leinster House à Dublin (siège de la Société Royale de Dublin), sculptée par l’Irlandais John Hughes et inaugurée par Edouard VII. En 1924, deux années après avoir été loué pour des activités parlementaires, le bâtiment est acheté et devient le siège officiel de Oireachtas Eireann, le parlement de l’Etat libre d’Irlande. Pendant des années, des voix se sont élevées à l’idée de voir une statue de Victoria, connue de façon peu flatteuse par les républicains irlandais comme la Reine de la Famine, trôner en face du parlement d’Irlande. C’est pourquoi la statue est enlevée en 1947. Après des années d’oubli, la statue est offerte par la République d’Irlande à l’Australie dans les années 1980 et se trouve maintenant, depuis le 20 décembre 1987, devant le Queen Victoria Building, dans le centre de Sydney.
* 1819-1837 : Son Altesse Royale la princesse Victoria de Kent
* 1837-1901 : Sa Majesté la reine
* 1876-1901 : Sa Majesté Impériale la reine-impératrice (occasionnellement)
* 1837-1876 : Victoria, par la Grace de Dieu, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, Défenseur de la Foi.
* 1876-1901 : Victoria, par la Grace de Dieu, Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, Impératrice des Indes, Défenseur de la Foi.
* En tant que membre de la Maison de Hanovre, elle fut également princesse de Hanovre et Duchesse de Brunswick et de Lunenbourg tout au long de sa vie.
* Victoria se maria en blanc et lança ainsi la mode de la robe blanche. Auparavant, les mariées portaient des robes qui n’avaient pas de couleur particulière.
* Elle est devenue grand-mère à l’âge de trente-neuf ans et arrière-grand-mère à l’âge de cinquante-neuf ans.
* Dans l’ordre de succession au trône britannique, les 510 premières personnes listées descendent de Victoria.
* Elle survécut à trois de ses neuf enfants.
* Victoria devint la première reine du Canada et la première reine d’Australie, lorsque ces deux territoires sont devenus des dominions britanniques, respectivement en 1867 et en 1901.
* Victoria est morte dans les bras de son premier petit-fils, l’empereur Guillaume II d’Allemagne
* En mars 2006, deux arrières-petits-enfants de Victoria vivent encore : le prince Carl Johan de Suède et Lady Katherine Brandam.
sources wikipedia
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