lundi 1er juin 2015, par
Débrouillards, ces parachutistes trouvèrent une motocyclette italienne avec side-car en état de marche ; se servant de la voie du chemin de fer comme de chaussée, rebondissant à une allure folle sur les traverses, ils réussirent à évacuer de nuit les deux blessés jusqu’à Sidi Nisr, où ils reçurent les premiers soins. Hill avait trois balles dans la poitrine, et le capitaine Whitelock deux projectiles dans le cou. Tous les deux survécurent.
Cette série de succès eut des résultats importants. Les Français ayant décidé de rejoindre le camp allié, le général Eisenhower se trouvait soulagé de l’une de ses préoccupations les plus urgentes. D’autre part, les Allemands talonnés étaient empêchés d’établir une ligne de postes au plus près de la frontière algérienne. Après renforcement, un tel dispositif aurait en effet constitué un véritable périmètre défensif à l’abri duquel se serait poursuivie la remise en condition de leurs forces.
En outre, le 1" régiment de parachutistes avait ouvert la voie à la Blade Force pour lancer ensemble une série d’attaques combinées, sans être gênée par les patrouilles ou les embuscades ennemies. Le 25 novembre, la Blade Force avait rejoint son secteur d’opérations, et le 26, le 1" para passait sous les ordres du colonel Hull.
Son principal élément de choc était le 17121` Lanciers, un régiment d’élite, où le fanatisme de l’efficacité était de règle aussi bien sur le terrain de polo que sur le champ de bataille, à cheval ou à bord des chars. Le régiment comprenait trois escadrons armés chacun de six Crusader, (des chars déjà périmés quant à leur blindage et leur armement — le canon de 6 livres —, et d’une fiabilité mécanique douteuse), et de douze
chars Valentine, d’un modèle encore plus ancien, massifs et lents, et médiocrement armés d’un canon de 2 livres. Chaque escadron disposait en plus de deux Crusader d’appui rapproché, armés d’obusiers de 3 pouces, pour le tir des fumigènes ou des obus antipersonnel ; leur appui fut souvent très apprécié.
Ceci-dit, aucun de ces blindés n’était de taille à affronter les Panzer III et IV, ni surtout le redoutable MK IV Spécial à canon de 75 mm long, qui entrait pour un tiers dans les 95 chars allemands présents en Tunisie. Les services de renseignement soutenaient qu’il n’y en avait pas un seul dans le secteur de la Blade Force, ce qui mit Hull dans une telle rage qu’il alla récupérer lui-même un obus sur un MK IV endommagé et le jeta sans façon sur le bureau de l’officier de renseignements responsable.
Le 25 novembre fut un grand jour pour les 3 escadrons du 17121° Lanciers, Le secteur choisi pour leur regroupement au « carrefour en T » se trouvait être tenu par l’ennemi, et le régiment eut ainsi l’occasion de tirer ses premiers obus « Bons de guerre » depuis la fin du 1" conflit mondial, et les tout premiers de sa carrière d’unité blindée. Au cours des 16 jours qui suivirent, les Lanciers furent engagés 9 fois dans des combats de moindre envergure mais tout aussi acharnés.
La Blade Force mena ainsi sa propre campagne, avec le renfort du 1" régiment parachutiste, du 2e Lancashire et du bataillon de chars américains. Ses escadrons menaient généralement des combats isolés, en compagnie parfois des Américains ou des parachutistes, et deux fois avec les Lancashire.
Au 1" décembre, le 1712P Lanciers était réduit à 24 chars. Sa dernière opération d’envergure eut lieu le 21, lorsque l’escadron C vint appuyer l’action des paras et des fusiliers pour briser une forte attaque de l’ennemi contre le « carrefour en T ». Le Major Kelly des fusiliers appela à la rescousse le sous-lieutenant T.A. Lumley-Smith des Lanciers. Trois compagnies d’assaut allemandes menaçaient de rompre le centre du maigre dispositif de défense allié. Lumley-Smith déploya ses cinq derniers chars (des Valentine) en ligne à moins de 800 mètres de l’ennemi et fit ouvrir le feu. L’intensité des tirs des mitrailleuses Besa immobilisa l’adversaire le temps de monter une contre-attaque. L’ultime action de la journée fut victorieuse ; elle fut menée par deux chars, et ceux-ci étaient commandés par deux caporaux...
La Blade Force fut dissoute le 14 décembre 1942. Elle avait bien mérité son surnom de « lame » (Blade). Ses chars surent tenir en échec ceux dé l’ennemi grâce au sens tactique des équipages et à l’adresse de leurs tireurs. Grâce aussi au courage des Américains, qui firent l’admiration des Lanciers. Lors d’un des nombreux et féroces accrochages aux abords de la « ferme de Coxen », les petits Stuart de 12,5 tonnes des Américains réussirent à détruire 8 Panzer... au prix de 15 des leurs. C’était de l’héroïsme pur, mais à ce jeu d’actions dispersées, la seule force blindée alliée opérationnelle en Afrique du Nord eut vite fait d’épuiser son potentiel, au moment même où il eut été bien utile pour la percée finale vers Tunis. Cette dernière fut un effroyable fiasco.
Connaissance de l’histoire ed hachette 1982
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