samedi 25 avril 2015, par
A l’intérieur du royaume, Philippe, conseillé par ses légistes, veut renforcer de la même manière l’autorité monarchique. Enguerrand de Marigny, chef de l’administration royale, travaille sans relâche à étendre l’autorité de son maitre. Se considérant comme placé « naturellement » au sommet de la pyramide féodale, Philippe estime que son autorité doit descendre jusqu’au dernier de ses vassaux.
Le roi doit porter intérêt à tous les étages de cette pyramide, pour protéger éventuellement les vassaux contre leur suzerain direct. Il n’hésite pas à envoyer ses officiers lorsque se produit un conflit entre suzerain et vassal.
Par la grande ordonnance de mars 1303, Philippe accepte cependant de ne plus rien acquérir dans les fiefs et arrières-fiefs sans l’assentiment des prélats et seigneurs concernés. Le roi et les légistes, poursuivant l’œuvre de saint Louis, s’attachent aussi au perfectionnement des institutions centrales.
L’ancienne Curia regis est divisée en trois Chambres plus spécialisées, le Grand Conseil, le parlement et la Chambre des comptes. Cette transformation sera achevée sous Philippe V.
Par diverses ordonnances, celle de 1291, la grande ordonnance de 1303, celle de 1307, est réglé le fonctionnement du parlement, lui aussi divisé en trois Chambres : la Grand-Chambre et deux Chambres des requêtes, une de langue d’oïl, l’autre de langue d’oc. La chancellerie se développe ainsi que l’Hôtel le roi, qui fournit à Philippe nombre de conseillers. L’Assemblée du royaume, constituée de prélats, barons, représentants des villes, convoquée en avril 1302 contre le pape, le sera de nouveau par la suite.
Dans un souci de meilleur rendement, car le problème des ressources financières est pour lui essentiel, Philippe IV, avec l’aide de Nogaret, entreprend de réformer l’administration financière, par l’ordonnance de 1303 notamment. Marigny réforme le Trésor et, l’année même de la mort du roi, prépare une grande réforme financière, fiscale surtout, pour l’étude de laquelle les états sont convoqués au mois d’août.
Depuis son accession au trône, Philippe a dû faire face à des problèmes financiers considérables. Le roi commence par suivre la politique parfois plus que discutable de ses prédécesseurs. Les Juifs, qui possèdent des créances considérables, sont persécutés, menacés d’expulsion s’ils n’abandonnent pas au roi leurs « profits usuraires », ou tout simplement brûlés.
En 1306, tous les Juifs du royaume sont bannis, leurs bien saisis, leurs créances « mises sous la main du roi ». En fait, la plupart des bannis se rachètent et demeurent en France. Les Lombards connaissent un sort à peine plus doux. Seuls Mouchet et Barbet, qui prêtent au roi des sommes considérables, sont à l’abri des persécutions. Ces diverses mesures se révèlent insuffisantes face aux besoins croissants de la monarchie.
Dès 1294 sont levés des « subsides », centièmes et cinquantièmes, sortes d’impôts sur les revenus. Opération répétée en 1296 « pour la défense du royaume ». Le roi limite le droit qu’ont certains barons de battre monnaie ou de posséder de la vaisselle d’or.
En janvier 1296, il obtient de l’Assemblée du clergé la levée d’un décime qui, on l’a vu, inaugure le conflit avec Boniface VIII.
Philippe et ses conseillers tentent aussi d’améliorer la perception des taxes, le roi conseille à ses officiers d’employer la douceur, la persuasion. En vain, l’argent continue de manquer, les sujets du roi sont de plus en plus mécontents. Dès 1293, Philippe a opéré les premières manipulations financières, frappant une nouvelle monnaie inférieure par l’aloi à celle émise par ses prédécesseurs. Au lendemain du désastre de Flandre sont frappées de nouvelles pièces d’or, des écus, valant 72 sols 6 deniers, alors que l’écu d’or frappé sous saint Louis valait 21 sols 6 deniers. De même, le gros tournois d’argent ne possède plus qu’un tiers de sa valeur en 1306, mesure profitant aux débiteurs, qui rembourseront en monnaie faible ce qu’ils ont emprunté en monnaie forte, ou aux détenteurs de numéraire.
A Paris lorsque, à la suite de l’édit de 1306, les propriétaires décident une hausse des loyers, le menu peuple se soulève, pille la maison d’Étienne Barbette*, qui dirige la Monnaie, et assiège le roi dans le donjon du Temple, où il reste bloqué pendant deux jours. Vingt-huit émeutiers seront pendus le 5 janvier 1307. Cela n’empêchera pas le roi de poursuivre ses altérations financières : l’agnel d’or créé en 1311 au cours de 15 sols tournois, en vaudra 20 l’année suivante.
sources : Dictionnaire de l’histoire de France Perrin sous la direction de Alain Decaux et André Castelot .ed Perrin 1981
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