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Mai-68

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Mai 68 marque l’adolescence, les hippies, la liberté sexuelle et la parole arrachée par les jeunes. C’est la rébellion de ceux qu’on n’entendait jamais, qu’on considérait comme des gamins et qui n’avaient, par conséquent, aucun intérêt à donner leur opinion sur quoi que ce soit. Des dortoirs séparés aux commandes de la Sorbonne, comment s’en sont pris les jeunes des trente glorieuses pour faire résonner leur voix et laisser une marque désormais ancrée dans la société actuelle ? Retour sur un événement qui a bouleversé les mœurs.

  • « Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi. »

La révolte, ou la libération des mœurs

L’événement que l’on nomme Mai 68 marque un tournant dans la façon de vivre de la période d’après-guerre. Considérés comme des « gamins » sans opinion, ceux qu’on ne qualifie pas encore d’adolescents subissent les rabaissements, l’indifférence, voire l’irrespect de la part des adultes. Le terme d’adolescent n’existe pas concrètement. Avant 1968, on passait du statut d’enfant à celui d’adulte. Mai-68 marque surtout la libération des mœurs. Toute convention est alors contestée : l’interdiction du port de mini jupes ou de pantalons pour les filles, celle de la pilule et de l’avortement, la censure au cinéma, la non-mixité, la place de l’Eglise, etc. Le but est de bousculer les mentalités, comme le feront les hippies : une apparence négligée pour une véritable qualité d’âme. Le féminisme se manifestera également à la suite des événements de Mai-68. Mais un des changements les plus radicaux survenus cette année a été celui de la liberté sexuelle.

  • « Il est interdit d’interdire. »

Prémices en Amérique avant la Sorbonne au moi de mai 1968

En 1965 commençait déjà le soulèvement, mais plus particulièrement envers la ségrégation raciale. Le Ku klux klan subsiste aux Etats-Unis. Dans l’élan de Martin Luther King, les Noirs luttent pour les droits civiques dans un pays qui les a asservis, et pour qui les quartiers les plus défavorisés étaient réservés. Ils se battent contre ce sentiment qui les ronge, celui qui les rend étrangers. Les femmes revendiquent la beauté noire. La lutte reste pacifique, mais la répression, elle, se montrera plus violente. De plus, la guerre du Vietnam est médiatisée, et les manifestants dans les rues américaines voient les images du conflit. Il est temps selon eux d’arrêter le massacre. Les jeunes cherchent le moyen de faire entendre leur opinion. Bob Dylan et Joan Baez par exemple utilisent la musique pour véhiculer des idées.
Mai-68 à proprement parler est un mouvement étudiant, ce sont des enfants d’intellectuels qui se rebellent. Pour une fois, ce ne sont pas ceux au bas de l’échelle qui cherchent à changer la société. En effet, c’est le monde entier qui bouge à travers les manifestations aux Etats-Unis, en Allemagne, au Brésil, au Japon, en Italie, en Hollande et en France. En vérité, Mai-68 est un mouvement contestataire qui perdure, pendant près de dix ans. Le 22 mars, la crise est ouverte par les étudiants de Nanterre. Le 2 mai, la faculté de Nantes ferme, et le lendemain, ce sont plusieurs centaines d’étudiants de Nanterre et de Paris qui protestent dans la cour de la Sorbonne. La police intervient et doit faire face à la solidarité qui unit les étudiants. La Sorbonne ferme bientôt, les manifestations continuent, de plus en plus violentes. Ce sont de véritables affrontements entre les étudiants et les forces de l’ordre. Arrive la « nuit des barricades » le 10 mai, puis la grève générale trois jours plus tard. Les ouvriers se mobilisent à leur tour et paralysent le pays. Le capitalisme est blâmé, le communisme idéalisé. Les manifestations se prolongent durant tout le mois de mai jusqu’à ce que De Gaulle, président de la République, refasse surface le 30 mai.

  • « Faites l’amour, pas la guerre »

Les enfants du Baby Boom

Les jeunes, qui ne sont plus des enfants mais pas encore des adultes, bénéficient de leur grand nombre pour faire entendre leur voix. En effet, étant de la génération du Baby Boom qui suivit la guerre, avec les allocations pour aider leurs parents, ils sont nombreux à s’insurger contre les conventions qui leur crient de se taire et de faire comme leurs aînés. Le slogan « Sois jeune et tais-toi » sert de provocation, bien qu’il représente de façon juste le fait que les jeunes adultes ne sont pas écoutés. Mais si l’effet escompté a suivi, c’est bien par un effet de masse et la pression exercée par tous ces jeunes gens plus déterminés et plus nombreux les uns que les autres.

  • « Comment penser librement à l’ombre d’une chapelle ? »

Les parents : un exemple à ne pas suivre

Les vingtagénaires de 1968 sont les enfants de ceux qui ont vécu la guerre, mais pas seulement. Si certains parents disent ne l’avoir que traversée, d’autres l’auraient plutôt causée, ou du moins, auraient contribué à un tel massacre en seulement six ans. Voilà comment sont perçus les parents, les adultes, ceux qui leur disent de se taire, de ne pas exprimer leur avis puisque, de toute façon, ils n’en ont pas. Ces adultes qui, il y a plus de vingt ans, ont provoqués des millions de morts se permettent de leur faire la morale et de paraître irréprochables avec leurs beaux costumes bien conformes à ce que réclame la société. En 68 encore, les guerres de décolonisation entravent la paix en France. C’est là que les jeunes commencent à se révolter : s’habiller comme leurs parents, c’est leur ressembler, c’est être sur la même voie qu’eux. C’est alors qu’on voit apparaître des hippies dans la rue, des hommes aux cheveux longs qui portent des fleurs, et à l’inverse, des femmes qui troquent leurs jupes contre des pantalons, qui bouleversent la conformité, ce qu’on avait jusqu’alors l’habitude de voir.
Mai-68 est un mouvement qui a exprimé le refus de l’autorité. Dirigé à la fois envers celle des parents, il l’est également envers celle de l’Université et de l’éducation en générale. Les étudiants réclament de l’interaction, et davantage de souplesse. C’est la phase de désacralisation du professeur, les étudiants prennent la parole. C’est une véritable rupture générationnelle, entre des parents responsables des guerres qui peuplent le siècle et des adolescents qui bousculent les codes et brisent les cadres. Un changement dans l’éducation s’impose. A travers une recherche d’identité, une volonté de liberté écrasée par la génération précédente, les étudiants revendiquent leur indignation.

  • « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner. »

Les trente glorieuses

Les jeunes bénéficient non seulement de leur nombre avantageux mais aussi de leur époque. Arrivés après la guerre et ses millions de morts, le chômage semble avoir lui aussi disparu. Les trente glorieuses, ce sont ces trente années qui n’ont vu aucune restriction à l’embauche tant l’offre était plus grande que la demande. Il était aisément facile pour une personne de cette génération de démissionner sans se soucier de trouver un nouveau travail le lendemain. Les insurgés de Mai-68 ont agi en étant conscients que leur situation financière n’en serait pas gravement affectée. En effet, pour qu’un tel mouvement de masse se produise contre l’instruction, il fallait que les arrières soient assurées. D’un autre point de vue, comme les trente glorieuses sont synonymes de modernité, il est temps aussi d’évoluer les mentalités. Les rapports hommes-femmes changent et la mixité n’est plus prohibée, à commencer dans les lycées. Mai-68, c’est aussi une révolution prolétarienne, qui rejette le gaullisme. Lors des premières manifestations, les étudiants n’ont pas fait de différence au niveau intellectuel ou social, rejoints ensuite par les ouvriers.

  • « Un homme n’est pas stupide ou intelligent : il est libre ou il ne l’est pas. »

Un vent de liberté

Alors que la génération de la guerre courait après la modernité apportée par les trente glorieuses, les jeunes rêvent de liberté, de voyage, de paix et de justice. C’est pour ces idéaux qu’ils se sont insurgés contre les mœurs. Les étudiants ont vu leurs parents céder à la société de consommation en exploitant la classe ouvrière, et se sont indignés devant la privation de liberté dans les pays de l’est. Si Mai-68 n’a pas eu de conséquences politiques, elle aura énormément influencé la société et considérablement accéléré son évolution.


SOURCES : Les Encyclopes, L’Histoire de la France : édition MILAN
Michel Winock, Six questions sur Mai-68, L’Histoire n°221
Les années 68 – la vague, documentaire de Don Kent
Le réveil de l’Amérique Noire, L’Histoire n°445
Jean-François Sirinelli, Génération 68, L’Histoire n°274

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