mardi 18 septembre 2007, par
La rencontre des deux forces eut lieu dans la soirée du 12 août. A cette date, il ne faisait plus de doute que les armées soviétiques avaient amorcé l’encerclement de Varsovie - du moins aux yeux des observateurs étrangers qui utilisaient les états-majors des missions franco-britanniques comme une sorte de « Deuxième Bureau ». Le mouvement était conduit par le Kavkor,
qui se montra moins brillant lors des journées critiques du 6 au 17 août que lors de sa spectaculaire avance de 720 km en juillet.
Radcliffe décrivit le Kavkor à ce moment comme « très peu audacieux et mal commandé car rien ne l’aurait empêché de contourner la gauche de l’armée polonaise et de la couper de Varsovie ».
Il indiqua que le Kavkor marchait à peine plus vite que les formations soviétiques.
Des messages radio captés par les Polonais laissaient deviner une hostilité, en tout cas une absence de coopération, existant entre Ghai et le commandant de la V’ armée soviétique.
Malgré tout, les Polonais, très inférieurs en nombre le long de la Wkra, avaient des raisons d’être inquiets. Weygand ne cessait de répéter que cette ligne devait être tenue au nord avant de lancer n’importe quelle contre-offensive.
Il se réjouissait avec Radcliffe de ce que l’on eût placé là Sikorski et de ce que ce dernier ait reçu en renfort la 18’ division récupérée au sud.
Varsovie était défendue par sept divisions, une forte artillerie et des posititons fortifiées s’étendant sur 70 km ; cependant l’attaque de la XVI’ armée soviétique (cinq divisions) fut très vite couronnée de succès. Dans la matinée du 13 août, les Russes se lancèrent à l’assaut de la première ligne de défense polonaise. Ils prirent Radzimir (24 km de Varsovie) et enfoncèrent la division polonaise.
Le 14 août, on combattait corps à corps, mais le commandement polonais reprit confiance en réalisant qu’il n’avait affaire qu’à une seule armée soviétique. Le lendemain les Polonais jetèrent dans la bataille toutes leurs réserves, y compris les chars qui ne s’arrêtèrent que lorsqu’ils tombèrent en panne, et ils reprirent Radzimir. A l’aérodrome Mokatow de Varsovie, les mécaniciens polonais rassemblèrent frénétiquement des chasseurs Bristol anglais nouvellement arrivés afin d’empêcher toute tentative de reconnaissance aérienne de la part des Soviétiques.
L’homme qui affrontait le reste de l’armée soviétique était Sikorski. Ignorant les forces plus nombreuses qu’il avait devant lui, le chef de la garnison de Varsovie l’avait appelé à la rescousse lors de la panique du 13. Sikorski attaqua un jour après, le 14. Le 15, sa 8’ brigade de cavalerie atteignit Ciechanow où elle mit la main sur les plans et messages chiffrés soviétiques qui se trouvaient au poste radio incendié du QG de la IV’ armée. Le 16 août Sikorski poursuivit son avance avec des chars et huit véhicules blindés. Derrière lui, arrivaient en renfort deux trains d’artillerie blindés, mais il fut contraint d’avancer avec son flanc gauche découvert. Le Kavkor aurait pu l’attaquer à ce moment mais Ghai se contenta de faire bombarder les voies ferrées 65 km plus loin, de l’autre côté de la Vistule autour de Wloclawek - le chef du 3’ corps de cavalerie ne se montrant ainsi guère coopérant avec la IV’ armée.
Après la panique du 13, le lancement du grand mouvement d’encerclement par le Wieprz avait été avancé. Le 12, Pilsudski avait quitté la capitale pour prendre en personne le commandement de la force de frappe. Il fut horrifié du mauvais état de l’équipement de ses hommes. Il décrivit ceux de la 21e division comme « pratiquement nus », constatant toutefois que le moral n’était pas trop bas. Son inquiétude fut renforcée par les mauvaises nouvelles de Varsovie.
Il décida alors d’avancer d’un jour l’attaque, qu’il fixa au 16. Le 15 août, la tension monta lorsque la nouvelle parvint que Boudienny avançait à sa guise au sud et approchait de Lvov.
C’est seulement le 16 août que 19 appareils polonais répliquèrent par un bombardement en règle qui dura 3 jours ; ils effectuèrent 200 sorties pour ralentir l’avance soviétique. Les munitions s’épuisant, les avions tentèrent littéralement d’éperonner les formations de la cavalerie rouge.
Le 16 août la force de frappe avança droit sur le groupe de Mosyr. A leur grand étonnement, ils ne rencontrèrent pour ainsi dire pas de résistance. Toute la journée, Pilsudski, dans un véhicule des unités de tête, les fit avancer, mais ils semblaient poursuivre un ennemi fantôme.
L’avance fut rapide : 75 km en 36 heures, mais Pilsudski, loin d’être rassuré, prit certaines précautions : « Je donnai à la 2’ division de Légion l’ordre de constituer une réserve destinée à mes troupes d’avant-garde, car je sentais que pièges et mystères nous menaçaient de tous côtés. »
Les armées soviétiques étaient peut-être sur le point de l’encercler. Il faut dire à l’honneur de Pilsudski qu’il garda son sang-froid et ordonna aux troupes de tête de dé
passer les hautes terres désertes. Le 17 août, son avant-garde rencontra à Minsk Mazowiecki la 15’ division (de la garnison de Varsovie) qui venait d’effectuer une sortie.
Aussi, lorsqu’il retourna à Varsovie le 18, Pilsudski commençait à croire au succès de son audacieuse manoeuvre, qui lui avait fait parcourir 112 km en trois jours.
A Varsovie, l’humeur était encore à l’inquiétude. Il était difficile de croire au succès alors qu’il y avait encore si peu de prisonniers, peu d’armes capturées, et qu’auparavant il avait été si dur de faire front. De plus, Sikorski était toujours en infériorité numérique et dans une position difficile.
Car la V’ armée avait continué à avancer les 17 et 18 août, invitant en quelque sorte les Soviétiques à l’écraser par le seul poids du nombre. Mais avant que les Bolchévistes aient pu rassembler leurs forces pour venir à bout de Sikorski, les effets de l’avance spectaculaire de Pilsudski se firent sentir. Les chefs d’armée soviétiques commencèrent à réaliser qu’il leur faudrait battre en retraite ou être encerclés.
sources mensuel Connaissance de l’Histoire 1977 1982 Hachette
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