samedi 2 mai 2015, par
Un certain nombre de souverains ou d’alliés de souverains avaient répondu à son appel : l’impératrice des Français, l’empereur d’Autriche, le prince royal de Prusse, le prince de Hollande...
L’isthme se trouva être bientôt le rendez-vous de centaines de savants, écrivains, artistes, délégués par l’élite de tous les pays de l’Europe, et de plusieurs milliers de curieux impatients de traduire en vivats leur admiration pour cette splendide réussite de l’intelligence et de la volonté.
Venu d’Alexandrie à bord de son yacht magnifique le Mahroussa, le khédive attendait ses hôtes à Port-Saïd, entouré de ses ministres et d’une cohorte de hauts fonctionnaires égyptiens. Le 13 novembre, il vit arriver le prince et la princesse des Pays-Bas ; le 14, Ferdinand de Lesseps et plusieurs membres de sa famille qui se trouvaient alors en Égypte ; le 15, l’empereur d’Autriche, escorté d’une frégate de guerre.
Une flotte considérable de navires de toute nature et de tout tonnage étaient mouillés dans le port, rutilants et pavoisés.
Un témoin décrit ainsi ces journées : Le 16 novembre, dès la première heure, de nouveaux navires entraient dans le port.
A huit heures, le prince royal de Prusse, à bord de la frégate Hesta, était à l’entrée du chenal de l’avant-port ; bientôt après il prenaît place au mouillage qui lui était destiné et recevait les mêmes honneurs que l’empereur d’Autriche.
Cependant un groupe composé de plus de vingt navires apparaît dans le lointain et se rapproche vivement des jetées. L’Aigle, portant l’impératrice Eugénie, est signalé. A ce moment, le canon éclate de toutes parts, les vaisseaux de la rade répondant aux salves parties de l’intérieur du port ; tous les matelots sont sur les vergues, le pavillon national est au grand mât, et tous les vaisseaux sont couverts de pavois. Le spectacle qui se présente aux regards des voyageurs de l’ « Aigle » est des plus importants ; plus de 80 navires, dont environ 50 vaisseaux de guerre, sont rangés dans le port ; tous les pavillons de l’Europe y figurent (il y a 6 navires de guerre égyptiens, 6 français, 12 anglais, 7 autrichiens, 5 allemands, 1 russe, 2 hollandais, 1 danois, I suédois, I norvégien, 2 espagnols...). Les salves d’artillerie redoublent. L’ « Aigle » s’avance lentement, au milieu des hourras redoublés des équipages de toutes les marines européennes ; les sons de la musique se mêlent aux acclamations parties des vaisseaux et à celles de la population groupée sur le rivage ; l’enthousiasme est sur tous les visages, l’émotion dans tous les coeurs. L’ « Aigle » s’arrête, jette l’ancre, et au milieu de cette scène indescriptible l’impératrice exprime ses impressions : « De ma vie, je n’ai jamais rien vu de plus beau ! »
Le khédive, M. Ferdinand de Lesseps et ses fils s’empressèrent de se rendre à bord de l’Aigle pour saluer l’impératrice. Dans • le cours de la matinée, l’empereur d’Autriche et les princes étrangers s’y rendirent également.
Une cérémonie religieuse devait précéder l’ouverture du canal à la navigation générale. Sur la plage, devant le quai Eugénie, trois estrades géantes avaient été élevées ; la première, la plus rapprochée du quai, était destinée aux illustres hôtes du vice-roi ; en face se dressaient, à gauche l’estrade réservée au service musulman, à droite l’autel chrétien. C’était une noble et généreuse inspiration du khédive voulant symboliser par là l’union des hommes et leur fraternité devant Dieu, sans distinction de cultes ; c’était la première fois qu’en Orient se voyait ce concours des croyances, pour célébrer et bénir en commun un grand fait et une grande oeuvre.
A une heure, les troupes égyptiennes venaient former la haie entre le débarcadère du port et les estrades ; l’artillerie égyptienne, de son côté, se massait entre la jetée ouest et le lieu de la cérémonie. A trois heures, le prince de Prusse, le prince et la princesse des Pays-Bas prenaient place sur l’estrade, suivis par l’émir Abd el-Kader qui s’était embarqué à Beyrouth sur le navire de guerre français Forbin ; puis M. Ferdinand de Lesseps, les membres du conseil d’administration de la Compagnie, les états-majors des bâtiments de guerre ancrés dans le port, les ambassadeurs des puissances, les consuls, les membres du clergé catholique, etc. Peu d’instants après arrivaient le khédive et l’empereur d’Autriche donnant le bras à l’impératrice Eugénie.
sources : article de Palluel-Marmont dans Le journal de la france second empire Historia Tallendier 1970
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