mardi 5 mai 2015, par
Le lendemain, 20 novembre, l’Aigle se mettait en route, à sept heures moins un quart. Il entrait triomphalement dans la mer Rouge à onze heures et demie.
Ainsi le problème du passage était résolu ; le yacht impérial avait franchi en seize heures, sans accident, sans arrêt dans ses périodes de navigation, toute la ligne du canal maritime depuis le grand bassin de Port-Saïd jusqu’à la rade de Suez.
Pendant toute la journée ; les navires qui étaient au lac Timsah arrivaient dans la mer Rouge, et la rade présentait à l’oeil du spectateur le magnifique spectacle de plus de cinquante navires de tous pavillons et de tous rangs disséminés sur ces vastes espaces.
Dans l’après-midi, le khédive, l’empereur d’Autriche, le prince royal de Prusse, les ambassadeurs d’Autriche, de Russie et d’Angleterre partaient pour Le Caire, où les attendaient de nouvelles fêtes. Ils étaient suivis le lendemain par le prince et la princesse des Pays-Bas...
Le 21, l’Aigle reprenait la route de Port-Saïd...
Les fêtes qui venaient de se dérouler sous le ciel d’Égypte et dont le monde entier, par les rapports de ses représentants ou de ses envoyés, avait suivi jour à jour, avec émotion, le prestigieux déroulement avaient consacré la gloire universelle de Lesseps.
Les grandes nations estimèrent cependant que l’homme méritait d’être honoré encore, et chacune tint à lui donner un témoignage particulier d’estime et de reconnaissance. Des médailles furent frappées à son effigie. Les plus hautes décorations lui furent décernées. Le gouvernement français l’éleva à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, dont les insignes lui furent remis par l’impératrice, et l’empereur voulut le
faire duc de Suez... Mais Lesseps était aussi modeste que grand ; il refusa.
A peine accepta-t-il que la ville de Rouen donnât son nom à un quai de port et l’inaugurât en sa présence.
— Quoique vivant, lui dit le maire, vous appartenez dès à présent à l’Histoire, et, ainsi que nous l’avons fait pour Victor Hugo, nous pouvons sans réserve aucune vous donner une place qu’on n’accorde à l’ordinaire qu’aux illustrations entrées dans la postérité.
Les capitales où il avait eu l’occasion de résider autrefois en qualité de consul ou d’ambassadeur désirèrent absolument le revoir ; celles qui ne le connaissaient pas encore eurent à l’honneur de l’accueillir. Après l’effort ininterrompu de dix années qu’il venait de fournir, son souhait le plus vif était de regagner au plus tôt la France et d’aller prendre quelque repos dans le calme et le silence verdoyant de sa propriété de La
Chesnaye. Mais la gloire est compagne exigeante, et l’hommage qu’il eût décliné pour lui, il ne se reconnaissait pas le droit d’en frustrer la France à qui, en définitive, cet hommage s’adressait. Il fit donc une fois de plus ses valises, une fois de plus reprit les bateaux et les trains, et s’en fut de pays en pays, avec une simplicité qui décuplait les enthousiasmes, recevoir les louanges.
L’Angleterre, oubliant son hostilité au percement du canal et qu’elle avait déclaré celui-ci impossible, l’accueillit avec emphase. Le collier de Star of India lui fut décerné à la cour, le prince de Galles étant son parrain, et le lord-maire de Londres lui remit solennellement un coffret en or ciselé, aux armes de la Cité et de la famille de Lesseps, contenant un brevet sur parchemin illustré lui donnant le titre de « citoyen de la ville de Londres« !
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec