lundi 13 mars 2017, par
César Borgia (en valencien et en Catalan, César de Borja), dit « le Valentinois » (Il Valentino), est un seigneur italien de la Renaissance, né le 13 septembre 1475 à Rome et mort le 12 mars 1507 à Viana, en Navarre, Espagne. Il succède à son frère Giovanni Borgia (Juan Borgia) en tant que Duc de Gandie.
Il fut Pair de France, Chevalier de l’ordre de Saint-Michel, Prince de Romagne, d’Andria et de Venafro, Duc de Gandie, de Romagne et de Valentinois, Comte de Diois, Seigneur d’Issoudun, de Piombino, Camerino et Urbino, Gonfalonier de la Sainte Église, Capitaine général de L’Église universelle, condottière et cardinal.
Il doit sa notoriété en grande partie à Machiavelqui le cite fréquemment dans Le Prince.
César est le fils de Roderic Llançol i de Borja, issu d’une famille espagnole et futur cardinal Rodrigo Borgia puis pape Alexandre VI, et de sa maîtresse Vannozza Cattanei. Il est aussi le frère de Giovanni Borgia (1476-1497), duc de Gandie, de Lucrèce Borgia, de Gioffre (Jofré), prince de Squillace, et le demi-frère de Pedro Luis de Borja (Pere Lluis de Borja) et de Girolama de Borja, nés de mères inconnues.
La famille Borgia (Borja en Catalan) est originaire du royaume de Valence et voit son influence augmenter au XVe siècle, quand le grand-oncle paternel de Cesare devient pape sous le nom de Calixte III en 1455, puis Roderic (Rodrigo en espagnol) sous le nom d’Alexandre VI en 1492.
Bien que les précédents papes aient eu parfois des maîtresses, son père est le premier à reconnaître publiquement ses enfants, ce qui vaudra à César d’être souvent appelé « le neveu du pape », par pudeur, tout comme ses frères et sœurs.
Comme pratiquement tous les aspects de sa vie, la date de naissance de César Borgia est sujette à débat. En général on admet qu’il est né à Rome en 1475 .
Décrit comme un enfant gracieux, il grandit vite et devient un homme beau et ambitieux comme son père. Ce dernier, dans sa volonté de développer l’influence de sa famille en Italie, a de grands projets pour ses fils. Alors que les affaires temporelles reviennent à son frère Giovanni, nommé capitaine général de l’Église et fait duc de Gandie, César suit une carrière dans l’Église afin de succéder à son père.
Sacré protonotaire de la papauté à 7 ans, César est fait évêque de Pampelune à 15 ans, et à 17 ans il est nommé archevêque puis cardinal de Valence en Espagne par son père, fraîchement élu pape. En 1493, il obtient également les évêchés de Castres et d’Elne et devient même abbé de l’abbaye Saint-Michel de Cuxa l’année suivante. À cette époque, il étudie le droit à Pérouse et à Pise et ses goûts le portent plutôt vers la corrida, les chevaux et l’exercice des armes.
En 1497, on retrouve le corps poignardé de son frère Giovanni dans le Tibre. César est soupçonné du crime, qu’il aurait commis soit pour des raisons politiques, soit par jalousie : Sancha d’Aragon, fille du roi de Naples et épouse de Gioffre, aurait été la maîtresse de César comme de Giovanni. Rien n’est alors prouvé, mais César a désormais la voie libre : le 17 août 1498, il devient le premier cardinal de l’histoire à abandonner sa fonction.
À cette époque, Louis XII, roi de France, cherche à faire annuler son mariage afin d’épouser Anne de Bretagne et ainsi annexer son duché au royaume de France. Alexandre VI consent à lui rendre ce service, en échange de quoi César devient duc de Valentinois, ce qui lui vaudra son surnom (Il Valentino). Il se voit aussi accorder la main de Charlotte d’Albret, dame de Châlus et sœur de Jean III, roi de Navarre. Leur mariage a lieu le 12 mai 1499.
Alexandre VI s’allie avec Louis XII qui poursuit les guerres d’Italie, espérant en tirer profit, et notamment obtenir le trône de Naples5. En 1498, il est honoré par Louis XII du titre de gouverneur du Lyonnais.
En 1499, le roi entre en Italie, et après que Gian Giacomo Trivulzio a chassé le duc de Milan Ludovico Sforza, César chevauche à ses côtés à son entrée dans la ville.
Les Borgia père et fils passent alors à l’action : ils débarrassent les États pontificaux de leurs dirigeants qui, censés être sous l’autorité du pape, se considéraient en réalité comme indépendants depuis plusieurs générations. Ainsi en Romagne et dans les Marches.
César est nommé gonfalonier de l’armée papale (dite « Armée des clefs », du nom de l’emblème héraldique de la papauté) qui comprend des mercenaires italiens et des régiments suisses envoyés par le roi de France (environ 4 000 fantassins et 300 cavaliers). La seule qui parvienne à lui tenir tête dans sa campagne est Caterina Sforza, mais le 9 mars 1499 elle est vaincue, ce qui permet à César d’ajouter Imola et Forlì à ses possessions.
En 1500, Alexandre VI nomme douze nouveaux cardinaux, ce qui lui donne assez d’argent pour permettre à César d’engager les condottieri Vitellozzo Vitelli, Gian Paolo Baglioni, les frères Orsini Giulio et Paolo et Oliverotto da Fermo qui poursuivent sa campagne en Romagne. Giovanni Sforza, premier mari de sa sœur Lucrèce, perd Pesaro et Pandolfaccio Malatesta perd Rimini la même année.
En 1501, Faenza se rend et son jeune seigneur Astorre III Manfredi est envoyé au Château Saint-Ange, à Rome. On retrouve son corps dans le Tibre, peu de temps après. En mai de cette année César prend le titre de duc de Romagne, et ajoute Castel Bolognese à son domaine. Alors que ses condottieri assiègent Piombino, qui tombe en 1502, César se bat à Naples et à Capoue avec les Français. Le 24 juin 1501, la ville, défendue par Prospero et Fabrizio Colonna, tombe, entraînant le début du conflit du roi de France avec Ferdinand II d’Aragon pour le contrôle de Naples.
En juin 1502, César retourne dans les Marches et conquiert Urbino et Camerino. Florence, craignant sa puissance, lui envoie deux émissaires, Machiavel et le cardinal Soderini, pour connaître ses intentions, mais c’est surtout Louis XII qui va s’opposer à ses velléités d’attaquer la ville. Son ambition se porte alors sur Bologne. Mais ses condottieri complotent contre lui (Congiura di Magione) : avec leur aide, Guidobaldo da Montefeltro et Giovanni Maria da Varano poussent Camerino et Fossombrone à la révolte. César l’apprend et organise une réconciliation au château de Sinigaglia le 31 décembre 1502. Vitellozzo Vitelli, les frères Orsini et Oliverotto da Fermo viennent sans leurs troupes. Au milieu du banquet, César les fait arrêter puis étrangler. Paolo Giovio qualifie cet acte de « merveilleuse tromperie ». Après ce coup d’éclat, César Borgia est au sommet de sa puissance :
« Certains voudraient faire de César le roi de l’Italie, d’autres le voudraient faire empereur, parce qu’il réussit de telle façon que nul n’aurait le courage de lui refuser quoi que ce soit », écrira le Vénitien Priuli.
César Borgia fut mécène de Léonard de Vinci durant dix mois. Durant cette période, celui-ci réalisa des travaux de cartographie, en particulier de la ville d’Imola.
Bien que général et homme d’État de talent, son empire s’effondre très rapidement. Le 10 août 1503, César et son père assistent à un banquet chez Adriano Castelli, cardinal tout juste nommé. De nombreux invités ressentent de violentes douleurs, Alexandre VI meurt huit jours plus tard. Avant que sa mort ne soit révélée publiquement, César, malade lui aussi, envoie Don Michelotto piller les caisses papales, prévoyant de conquérir la Toscane, mais sa mauvaise condition l’empêche de faire pression sur le Conclave pour désigner un pape à sa solde.
Le nouveau pape est Pie III, considéré comme neutre entre le parti des Borgia (César étant resté à Rome pour influer sur l’élection) et celui du cardinal Giuliano della Rovere, ennemi farouche de ces derniers. Mais Pie III meurt à peine un mois après son élection et, cette fois, della Rovere est élu sous le nom de Jules II, et fait tout pour affaiblir César. Alors que celui-ci se rend en Romagne pour mater une révolte, il est capturé près de Pérouse par Gian Paolo Baglioni, et emprisonné. Jules II va alors démembrer son domaine, soit en le rattachant aux États pontificaux (Imola), soit en rétablissant dans leurs droits ceux que César a chassés du pouvoir (Rimini et Faenza).
En 1504, César est livré au roi d’Espagne, contre qui il a lutté avec Louis XII, et est emprisonné à la forteresse de Medina del Campo. Il parvient à s’évader et entre au service de son beau-frère Jean III de Navarre. Tombé dans une embuscade, il meurt au cours du siège de Viana le 12 mars 1507, à l’âge de 31 ans.
Sa devise est restée célèbre :
« Aut Caesar aut nihil » (« Ou César, ou rien »),
qui joue sur l’ambiguïté de son prénom et du titre porté par les empereurs romains.
Le 12 mai 1499 César Borgia épouse Charlotte d’Albret (1480-1514), dame de Châlus et sœur de Jean III de Navarre. De cette union nait une fille, Louise Borgia, dite Louise de Valentinois (1500-1553), qui épouse, le 7 avril 1517, Louis II de la Trémoille (mort en 1524), en secondes noces, le 3 février 1530, Philippe de Bourbon (1499-1557), baron de Busset.
Outre Louise, César Borgia eut au moins onze enfants, tous illégitimes, dont Girolamo Borgia, qui épouse Isabella, comtesse de Carpi et Camilla Borgia (1502-1573), abbesse de San Bernardino de Ferrare.
On considère généralement que César Borgia servit de modèle au Prince de Machiavel. Il le présente comme le modèle du tyran : outre ses crimes politiques, dont il se fait un jeu, on l’accuse d’avoir fait assassiner son frère cadet, Giovanni Borgia (1476-1497), dont il est jaloux, et d’entretenir une relation incestueuse avec sa sœur, Lucrèce.
Machiavel reste auprès de César d’octobre 1502 à janvier 1503, en tant que secrétaire de la seconde chancellerie envoyé par Florence, période pendant laquelle il écrit souvent à ses supérieurs ; cette correspondance a survécu jusqu’à nos jours.
Le chapitre VII (« Des principautés nouvelles qui s’acquièrent par les forces et la fortune d’autrui ») revient en effet sur sa conquête de la Romagne et le piège de Sinigaglia. César y est présenté comme un modèle pour tout homme d’État :
« je ne saurais proposer à un prince nouveau de meilleurs préceptes que l’exemple de ses actions », sa chute n’étant pas de sa responsabilité mais due « seulement à une extraordinaire malignité de la fortune ».
Cet éloge est sujet à controverse. En effet, certains universitaires voient dans le Borgia de Machiavel le précurseur des crimes commis au XXe siècle au nom de l’État. D’autres, dont Macaulay et lord Acton expliquent que l’admiration pour la violence et le manque de parole ne sont qu’un effet de la criminalité et de la corruption généralisées à cette époque.
source wikipedia
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