lundi 19 novembre 2018, par
On connaît l’investissement personnel de Napoléon III pour faire en sorte de doter l’armée française d’un fusil réellement moderne ; ce sera le fusil modèle 1866, dit Chassepot. Malheureusement l’effort s’arrêta là et l’arme de poing ne suivit pas, tant il est vrai qu’elle n’avait jamais eu de réelle valeur tactique et ne représentait qu’une arme de défense personnelle.
Lorsque leconflit de 1870 éclata, le très vieux (et très démodé) pistolet d’arçon du modèle 1822Tbis était toujours en service. Arme à un coup, à percussion et chargement par la bouche, ses propriétés balistiques étaient quasiment celles des pistolets à silex des temps anciens ; le revolver Lefaucheux avait bien été adopté par la Marine quelques années plus tôt (1858), mais l’Armée de Terre ne possède encore que le vieux pistolet d’arçon.
La plupart des officiers et plus généralement ceux qui pouvaient se le permettre, s’équipèrent à leurs frais chez les armuriers civils ; surtout de revolvers Lefaucheux, copies des modèles adoptés par la marine, tirant des cartouches métalliques à broche, mais également de tous les modèles alors disponibles sur le marché.
Ces armes hétéroclites firent la guerre de 1870, entre les mains de nombreux cavaliers et de presque tous les officiers ; elles se révélèrent d’une utilité certaine et la mise au rebut des vieux pistolets d’arçon était dès lors acquise.
Le conflit terminé, de la façon catastrophique que l’on connaît, le Comité d’Artillerie voulut faire oublier l’inertie et l’esprit rétrograde qui lui étaient reprochés, à juste raison, au temps du Second Empire. Il procéda dès lors à l’examen de tous les revolvers disponibles sur le marché civil qui utilisaient des cartouches métalliques ; qu’elles soient à percussion à broche, annulaire ou centrale.
Le revolver Lefaucheux avait été le plus populaire et le plus utilisé pendant le conflit, mais il était démodé en 1871 et la marine venait d’adopter un revolver robuste et puissant, doté d’une cartouche à percussion centrale. De facto, on abandonna les autres modes de percussion pour ne retenir que le principe de la percussion centrale.
La logique aurait voulu que la Marine et l’Armée de Terre soient dotées de la même arme, mais cette dernière décida de se doter d’une arme bien à elle.
Un revolver proposé par les armuriers Chamelot et Delvigne fut retenu, avec quelques modifications demandées par le Comité d’Artillerie. L’arme était robuste, relativement simple, fonctionnait à double action et tirait une cartouche à percussion centrale bien conçue, elle fut mise en essai dès 1872 dans les corps de troupe et adoptée l’année suivante sous le nom de “revolver modèle 1873”.
S’il est rare que la première arme réglementaire d’un nouveau type soit d’emblée une réussite, le 1873 fait exception à la règle : petit chef-d’œuvre armurier, c’est sans doute l’arme de poing française la mieux réussie, et l’une des meilleures des armes de l’après 1870.
Une décision ministérielle du 17 août 1874 décida de “l’adoption du revolver modèle 1873 pour l’armement de tous les sous-officiers, brigadiers et soldats des régiments de cavalerie, d’artillerie montée et du train des équipages militaires qui ne sont pas pourvus de la carabine ou du mousqueton, ainsi que pour l’armement en campagne des adjudants et des sergents-majors d’infanterie”.
Le 31 octobre 1874, le revolver modèle 1873, légèrement modifié, fut approuvé pour l’armement de tous les officiers. Ce modèle, légèrement plus court, plus léger du fait du fraisage de cannelures sur le barillet, doté d’un beau bronzage “au bleu foncé”, prit le nom de “revolver modèle 1874”.
La Marine elle-même adopta le revolver modèle 1873 pour les matelots et le modèle 1874 pour les officiers, en remplacement du revolver modèle 1870, dont elle conserva cependant un temps la cartouche de 12 mm pour laquelle les nouveaux revolvers furent adaptés.
Remplacé officiellement en 1892 par un nouveau revolver plus moderne et plus puissant, le 1873 n’en continua pas moins, nécessité faisant loi, d’être utilisé pendant la Première Guerre Mondiale et, bien que plus rarement, pendant la seconde, notamment dans la Résistance.
Si l’on doit trouver un défaut aux revolvers 1873 et 1874, c’est bien du côté de la munition qu’il faut regarder, et non du côté de l’arme en elle-même ; particulièrement anémique, la cartouche d’origine n’offrait que le tiers de la puissance de la cartouche du revolver de marine de 1870.
Une nouvelle munition fabriquée à partir de 1890 devait se montrer plus puissante, mais la notice d’instruction du revolver modèle 1873 spécifiait tout de même que : “même à bout portant, la balle du revolver ne produit aucun effet sur le plastron de la cuirasse réglementaire ; sur le dos, elle forme de légers enfoncements”…
Longueur totale : 242 mm pour le 1873 de troupe, 228 mm pour le 1874 d’officier.
Longueur du canon : 114 mm pour le 1873, 110 mm pour le 1874.
Poids : 1,18 kg pour le 1873, 1,00 kg pour le 1874.
Calibre : 11 mm.
Capacité du barillet : 6 coups.
Canon rayé de 4 rayures à droite, au pas de 35 cm.
But en blanc à 25 mètres.
Finition de l’arme : poli blanc pour le 1873, bronzé “au bleu foncé” pour le 1874.
Bill1964
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