mercredi 4 avril 2007, par
Réactions à Rome après la chute de Sagonte
Ce fut presque en même temps que les députés, de retour de Carthage, n’annoncèrent que des dispositions hostiles, et qu’on apprit la ruine de Sagonte. ( Alors le sénat, consterné, et vivement touché du sort d’un peuple allié qui avait péri d’une manière indigne, rougit de ne l’avoir point secouru, et conçut de la fureur contre Carthage et des craintes pour l’avenir : il semblait qu’Hannibal fût déjà aux portes de Rome ; les esprits troublés par tant d’émotions à la fois, s’agitaient plutôt qu’ils ne prenaient de résolution. Jamais on n’avait eu à combattre un adversaire plus terrible et plus belliqueux ; jamais Rome n’avait montré tant d’inertie, de faiblesse. (4) La conquête de la Sardaigne, de la Corse, de l’Istrie, de l’Illyrie, avait été pour les armes romaines un jeu d’escrime, et non une lutte réelle. Les Gaulois avaient causé un tumulte plutôt qu’une guerre ; mais les Carthaginois, ces superbes ennemis qui ont vieilli dans le rude métier des armes, qui, pendant vingt-trois ans, toujours victorieux en Espagne, n’ont connu que des succès sous trois généraux, Amilcar, Hasdrubal, et Hannibal, aujourd’hui leur chef intrépide, les Carthaginois, tout fiers de la ruine récente de la plus riche cité, ont passé l’Hèbre, traînant après eux une foule de nations espagnoles, que suivront bientôt les Gaulois toujours avides de guerres. On aura l’univers entier à combattre en Italie et sous les murs de Rome
Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937
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