dimanche 8 avril 2007, par
L’impétuosité du soldat ainsi arrêtée donna aux transfuges qui étaient dans l’Achradine le temps et les moyens de s’échapper ; et les Syracusains, délivrés enfin de toute crainte, en ouvrirent les portes et envoyèrent à Marcellus des députés qui ne demandèrent que la vie pour eux et pour leurs enfants. Marcellus, après avoir tenu un conseil où furent admis ceux des Syracusains que les troubles avaient forcés de chercher un asile dans le camp romain, répondit que pendant cinquante années Rome avait reçu moins de services d’Hiéron qu’elle n’avait, en trois ans, subi d’outrages de la part des tyrans de Syracuse : qu’au reste, la plupart de ces maux étaient retombés sur les coupables, et que ceux qui avaient violé les traités s’étaient punis eux-mêmes plus cruellement que n’eût pu l’exiger le peuple romain. S’il avait, pendant trois ans, tenu Syracuse assiégée, ce n’était pas pour que les Romains eussent une cité esclave, mais pour la délivrer du joug et de l’oppression des chefs des transfuges. Syracuse aurait pu apprendre son devoir dans l’exemple de ceux de ses habitants qui s’étaient réfugiés au milieu de l’armée romaine ; dans celui du chef espagnol Moericus, qui avait livré le poste où il commandait ; enfin dans la résolution tardive, mais forte des Syracusains eux-mêmes. Tous les travaux et tous les dangers qu’une si longue résistance lui avait fait supporter autour des remparts de Syracuse, sur terre et sur mer, n’étaient que faiblement compensés par la prise de cette ville.
Ensuite il envoya son questeur dans l’île pour s’emparer du trésor des rois, et le garantir de toute violence. La ville fut abandonnée au pillage ; mais on eut soin de placer des sauvegardes aux portes de ceux des Syracusains qui avaient passé du côté des Romains. Au milieu de tous les excès que faisaient commettre la fureur, l’avarice et la cruauté, on raconte qu’Archimède, malgré le tumulte d’une ville prise d’assaut et le bruit des soldats qui se dispersaient pour piller, fut trouvé les yeux fixés sur des figures qu’il avait tracées sur le sable, et tué par un soldat qui ne le connaissait pas. Marcellus donna des regrets à cette mort, prit soin de ses funérailles, et fit chercher ses parents, à qui son nom et son souvenir valurent la sûreté et des honneurs. Tels furent les principaux événements de la prise de Syracuse. Le butin qu’on y fit égala presque celui qu’on eût pu trouver à Carthage, contre laquelle on combattait à forces égales.
Peu de jours avant la soumission de cette ville, T. Otacilius, à la tête de quatre-vingts quinquérèmes, fit voile de Lilybée vers Utique, entra dans le port avant le jour, y captura des bâtiments de transport remplis de blé, fit une descente pour ravager le territoire aux environs d’Utique, et se rembarqua après avoir enlevé un immense butin. Il revint à Lilybée, trois jours après en être parti, avec cent trente vaisseaux de transport chargés de blé et de provisions. Il envoya aussitôt ces secours à Syracuse, où ils arrivèrent fort à propos, les vainqueurs et les vaincus étant également menacés des horreurs de la famine.
Eugène Lasserre, Tite-Live, Histoire romaine, t. IV, Paris, Garnier, 1937
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