lundi 10 décembre 2007, par
Dans les années 1880, partisans et adversaires du futur réseau souterrain de Paris s’affrontaient. Les discussions étaient vives dans le public. Chacun trouvait des arguments péremptoires, mais les détracteurs du métro s’acharnaient avec une particulière véhémence.
Leurs raisonnements étaient parfois inattendus :
– Les travaux en profondeur, affirmaient-ils, provoqueront des dégâts terribles. Les maisons s’effondreront.
– Cela ne sera rien par rapport aux dangers d’épidémie qui menaceront la ville, proclamaient d’autres pessimistes. Les affouillements du terrain amèneront à la surface de Paris des exhalaisons maléfiques, des miasmes terribles, fétide héritage des temps passés. L’air deviendra irrespirable.
– D’autres complications sont à craindre, expliquaient quelques prophètes. Si l’on multiplie les moyens de transport entre le centre et la périphérie, la ville va se dépeupler, les vieux Parisiens s’enfuiront vers la banlieue. On compte aujourd’hui plus de 50 000 logements vides dans les divers arrondissements de Paris. Que sera-ce au milieu du xxe siècle ?
Quant aux divers risques qui attendaient les usagers du métropolitain, on ne pouvait les dénombrer. D’abord, les souterrains seraient de vrais cloaques. Un journaliste du temps donne le tableau d’une des futures stations : Figurez-vous, après être descendu à quinze mètres par un escalier glissant, entre les murs humides et sales, arrivant sur un trottoir mouillé entre un mur et des piliers dont il ne faudrait pas s’approcher, recevant les suintements d’eau de la voûte, ne pouvant vous asseoir sur les bancs humides malgré l’entretien, entrant dans des wagons ruisselants... Il ne faudrait pas être en sueur, car la mort vous attendrait à la station que vous auriez choisie pour but de votre course !
Danger de pneumonie, crainte de se casser le cou en glissant sur les marches... Et que dire de la peur que peut faire régner l’électricité, cette force inquiétante, avec ce terrible rail installé sur la voie ! Les usagers du métro ne recevront-ils pas la mort par électrocution ?
Les esprits chagrins renchérissaient sur ces vues pessimistes :
– Le métropolitain deviendra le nécropolitain.
A la Chambre, un député s’écriait :
– Le métro est antinational, antimunicipal, antipatriotique ! Il est attentatoire à la gloire de Paris !
Les gens de bon sens imaginaient pourtant fort bien les services que ce métro si décrié pourrait rendre aux Parisiens et aux habitants de la banlieue. Certains économistes voyaient même dans sa construction un remède aux difficultés de vie : Le métro, en rapprochant les distances, égalisera les conditions de la concurrence ; il produira rapidement un abaissement général des loyers... N’est-il pas non plus évident, disaient-ils encore, que grâce aux transports en commun
souterrains tous les problèmes de l’embouteillage des rues seraient définitivement réglés dans la capitale ?
En cette fin de siècle cependant, les ingénieurs discutaient encore âprement sur la question de savoir si un chemin de fer aérien ne serait pas plus pratique qu’une voie souterraine. Projets et contreprojets s’affrontaient.
La première idée d’une ligne en sous-sol datait du début du Second Empire. L’ingénieur Eugène Flachat (constructeur du fameux chemin de fer Paris-Saint-Germain) avait déjà proposé la construction d’un tunnel de 2 233 mètres, allant d’une gare de chemin de fer de ceinture à la place de la Grève, lieu d’embauchage des ouvriers.
"Le Journal de la France" tallandier 1970 article de Jacques Mayran
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
Derniers commentaires
par ZIELINSKI Richard
par Kiyo
par Marc
par Marc
par Marc
par Marc
par vikings76
par Marie
par philou412
par Gueherec