lundi 10 décembre 2007, par
Le canal Saint-Martin apporte, lui aussi, de gros soucis aux ingénieurs. Provisoirement mis à sec, on doit construire un tunnel passant à cinq mètres au-dessous du fond de son lit.
Mais naturellement le plus sérieux obstacle est la Seine. Entre le Châtelet et le boulevard Saint-Michel, il faut franchir successivement les deux bras du fleuve (primitivement la ligne devait passer sous l’Institut, mais les Immortels se sont plaints de ce crime de lèse-majesté et Bienvenüe a changé ses plans). Trois caissons de 36. 38 et 43 mètres de long sur 9,60 mètres de large et 9 mètres de haut sont prévus pour le grand bras ; deux autres caissons de 20 mètres de long (les autres dimensions restant les mêmes) serviront pour le petit bras.
Chacun de ces cinq appareils comporte une chambre de travail » de 1,80 mètre de haut. Les trois premiers caissons sont coulés dans la Seine en amont du Pont-au-Change, les deux autres en amont du pont Saint-Michel, puis sont peu à peu enfoncés à 15 mètres en dessous du fleuve. Au cours de ces longues opérations, on eut à déplorer la mort de cinq ouvriers.
Une autre prouesse de Bienvenüe qui causa beaucoup de remous dans la presse fut le travail accompli devant l’Opéra. Trois lignes devaient se croiser à cet emplacement. Nul n’ignore que l’Opéra était construit au-dessuS d’une véritable poche d’eau, ce qui ne facilitait pas les calculs des ingénieurs. Pendant longtemps un énorme trou déshonora la place. Puis un gigantesque pilier en maçonnerie fut installé grâce à un caisson métallique enfoncé à 22 mètres en dessous de la chaussée.
Pendant que s’effectuaient tous ces travaux, l’ingénieur Berlier avait obtenu du conseil municipal la concession d’une autre voie souterraine, non prévue au programme de Bienvenüe et reliant Montmartre à Montparnasse. Ce « Nord-Sud doit, lui aussi, passer en dessous du lit de la Seine.
En d’autres endroits, le fleuve sera franchi à l’air libre.
En attendant, le métro roule, ses voles s’allongent. Les stations se multiplient. Paris se peuple de ravissants édicules annonçant l’entrée des souterrains. Des balustrades de fonte s’ornent de longues tiges entrelacées. Le style « végétal », cher à l’architecte Guimard, triomphe en ces premières années du siècle.
Si certains esthètes s’inquiètent, géologues et archéologues sont dans l’euphorie. Les travaux effectués pour la construction du métropolitain n’ont-ils pas été pour eux une aubaine inespérée ? Les uns ont pu étudier à leur aise les couches géologiques servant de soubassement à notre capitale, les autres ont fait des découvertes sensationnelles : sarcophages, poteries, bas-reliefs, et même... ossements de mammouth !
Tout n’alla pourtant pas toujours sans incident dramatique.
Dans le courant de 1902, un journaliste rencontra une célèbre cartomancienne, Mme Kaville, et lui demanda de lui dévoiler l’avenir. La voyante prit un air sombre et annonça pour l’année suivante un terrible accident, des monceaux de cadavres. Précisons qu’elle ne s’avançait pas beaucoup, notre globe étant fécond en événements tragiques... Néanmoins, les Parisiens ne s’attendaient pas à ce qu’un grave accident vînt endeuiller leur métro.
"Le Journal de la France" tallandier 1970 article de Jacques Mayran
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