mercredi 2 janvier 2008, par
Marc Aurèle est un empereur romain (161-180) et un philosophe stoïcien, né le 26 avril 121 à Rome, mort le 17 mars 180, probablement à Vindobona.
Marcus Annius Verus (initialement Marcus Catilius Severus) prit, après son adoption par l’empereur Antonin le Pieux, le nom de Marcus Ælius Aurelius Verus. En tant qu’empereur, il se faisait appeler Caesar Marcus Aurelius Antoninus Augustus. Cf. plus bas ses autres noms et titres.
Marc Aurèle, « qui cultiva pendant toute sa vie la lecture, et l’emporta sur tous les empereurs par la pureté de ses mœurs, était fils d’Annius Vérus, lequel mourut préteur ». (Julius Capitolinus, Histoire Auguste.)
Son aïeul Annius Vérus, consul et préfet de Rome, fut agrégé aux patriciens par les empereurs Vespasien et Titus, pendant leur censure. Son oncle paternel, Annius Libon, fut consul ; sa tante Galérie Faustine porta le titre d’Auguste ; sa mère Domitia Calvilla était fille de Calvisius Tullus, qui avait obtenu deux fois le consulat. Son bisaïeul paternel, Annius Vérus, après avoir exercé la préture dans le municipe de Succube en Espagne, devint sénateur. Son bisaïeul maternel, Catilius Sévère, fut deux fois consul et préfet de Rome. Son aïeule paternelle était Rupilie Faustine, fille du consulaire Rupilius Bonus.
Marc Aurèle naquit à Rome le six des calendes de mai (26 avril 121), dans les jardins du mont Célius, sous le second consulat de son aïeul et sous celui d’Augur, au sein d’une famille italienne qui vécut longtemps en Espagne. Il fut élevé dans le même endroit où il naquit, et dans la maison de son aïeul Vérus, près du palais de Latéran. Il eut une sœur plus jeune que lui, et nommée Annia Cornificia.
A sa naissance, il porta d’abord le nom de son aïeul, et de son bisaïeul maternel Catilius Severus. Mais, après la mort de son père, Hadrien le nomma Annius Verissimus ; et lorsqu’il eut pris la toge virile, il fut, son père étant mort, élevé et adopté par son aïeul paternel, sous le nom de Marcus Annius Verus.
Après la mort de son père, alors qu’il n’a que trois ans, l’empereur Hadrien le prit sous sa protection et demanda, en 138, à son fils adoptif, Antonin, de l’adopter à son tour ainsi que Lucius Verus, le fils de celui qu’Hadrien avait d’abord choisi comme héritier et qui venait de mourir. Après son adoption il devient Marcus Aelius Aurelius Verus.
L’historien Dion Cassius porte un jugement particulièrement révélateur sur le personnage de Marc Aurèle. Il écrit en effet :
Ce que j’admire le plus en lui, c’est que dans des difficultés extraordinaires et hors du commun, il parvint à survivre et à sauver l’empire.
Ce jugement est contesté parfois par certains historiens modernes qui font de Marc Aurèle un empereur assez quelconque et qui, dépassé par les difficultés de sa tâche, aurait trouvé dans la philosophie un dérivatif, une consolation. Cependant, cette opinion est vigoureusement contestée à la fois par le jugement des historiens antiques, quasi unanimes pour louer le personnage, et par la majorité des historiens actuels qui, sans nier les très nombreuses difficultés de son règne, admettent la grande rigueur morale du personnage.
Ses maîtres furent, pour la philosophie, Apollonius de Chalcédoine ; pour la littérature grecque, Sextus de Chéronée, petit-fils de Plutarque ; pour les lettres latines et la rhétorique, Fronton, le plus fameux orateur de ce temps-là. Il échangea avec ce dernier, une correspondance qui s’étendit de 139, époque où Marc-Aurèle devint son élève, à 166, année de la mort de Fronton. Cette correspondance est intéressante car elle fournit de précieux détails sur la vie personnelle et familiale de Marc Aurèle et sur la cour d’Antonin. Elle révèle aussi la forte amitié qui lia les deux hommes, amitié parfois ternie par quelques brouilles comme en 146/147 quand Marc Aurèle se « convertit » à la philosophie.
Hérodien, dans son « Histoire romaine » (livre I) affirme que « de tous les princes qui ont pris la qualité de philosophe, lui seul l’a méritée ». Il ne la faisait pas consister seulement à connaître tous les sentiments et à savoir discourir de toutes choses, mais plutôt dans une pratique exacte et sévère de la vertu. Les sujets se faisant un honneur d’imiter leur prince, on ne vit jamais tant de philosophes que sous son règne.
L’historien Dion Cassius, dans son « Histoire romaine » (livre 71) nous apprend que Marc Aurèle « était faible de tempérament et donnait à l’étude presque tout son temps ; on dit que, même étant empereur, il ne rougissait pas de se rendre chez ses professeurs, qu’il fréquentait le philosophe Sextus de Béotie, et qu’il ne craignait pas d’aller écouter les leçons du rhéteur Hermogène ; d’ailleurs il était surtout attaché à la secte stoïcienne ».
En 145, il épousa sa cousine germaine Annia Faustina (Faustine la Jeune), la fille d’Antonin, dont il aura de très nombreux enfants. Les historiens antiques se sont plu à évoquer les nombreux adultères supposés de Faustine la Jeune mais il est certain que Marc Aurèle fut profondément affecté par le décès en 176 à Halala en Cappadoce de celle que les soldats appelaient affectueusement, du fait de sa présence aux côtés de son époux dans les campagnes militaires, Mater castrorum (la Mère des camps).
Ses qualités morales et l’excellence de l’éducation reçue le font remarquer par Hadrien qui reconnaît en lui un successeur possible, mais trop jeune en 138, il devra attendre la mort d’Antonin pour monter sur le trône le 7 mars 161. Par respect pour Hadrien, il associe alors son frère d’adoption Lucius Verus à l’Empire.
Son règne fut marqué par la recrudescence des guerres sur tous les fronts : l’empereur philosophe, converti au stoïcisme, va devoir passer tout son règne à tenter de colmater toutes les brèches qui s’ouvrent dans les frontières d’un Empire immense et attaqué de toutes parts.
L’année de son accession au trône les Parthes envahirent les provinces orientales de l’empire et l’armée romaine connut un premier désastre. Lucius Verus est envoyé en urgence en orient. Si les capacités militaires du co-empereur sont réelles, son amour du luxe et de la débauche lui fait vite abandonner la direction des opérations à deux excellents généraux, Statius Priscus et surtout Avidius Cassius. Entre 162 et 166, les Romains reprennent l’avantage et s’emparent des deux grandes villes du royaume parthe, Séleucie du Tigre et surtout la capitale Ctésiphon.
Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante. Mais son règne se signale par son intolérance à l’égard de la religion chrétienne, qui connaît d’importantes persécutions. En 165, Marc Aurèle persécute les chrétiens (voir persécution de Marc Aurèle). Justin meurt martyr.
Les deux empereurs célèbrent leur triomphe en 166 mais l’armée romaine de retour à Rome ramène dans ses bagages la "peste antonine", une terrible épidémie qui fait de tels dégâts dans la population que certains historiens en ont fait abusivement la cause décisive de la décadence romaine (survenue deux siècles plus tard). Les conséquences sociales et économiques de cette épidémie furent cependant très graves. Le début du règne connut d’ailleurs de grandes catastrophes naturelles qui marquèrent fortement les esprits, comme les inondations du Tibre en 161 ou le tremblement de terre de Cyzique en 165.
À peine la guerre contre les Parthes est-elle terminée qu’une nouvelle menace apparaît aux frontières. Les peuples barbares installés dans les régions danubiennes, les Quades et les Marcomans, menacent directement le nord de l’Italie. La menace est si forte que les deux empereurs se rendent personnellement sur place en 168/169 et passent l’hiver en Aquilée. En janvier 169 Lucius Verus meurt épuisé et malade et laisse ainsi Marc Aurèle comme seul empereur. Il faut plus de cinq années (169/175) à l’empereur pour venir à bout de cette menace. Il s’appuya alors sur des généraux compétents comme Claudius Pompeianus son gendre, ou encore Pertinax, le futur empereur.
C’est alors qu’une fausse rumeur - réelle ou prétexte ? - de la mort de Marc Aurèle conduit Avidius Cassius, gouverneur d’une large partie de l’Orient, à se proclamer empereur. La fidélité du gouverneur de Cappadoce, Martius Verus, laisse le temps à l’empereur de lever des troupes et de se préparer à marcher sur le rebelle. Mais en juillet 175 celui-ci est assassiné et sa tête envoyée à Marc Aurèle. Ce dernier juge plus prudent d’effectuer cependant un voyage en Orient avec sa femme, qui meurt en chemin, et son fils Commode. Il visite la Cilicie, la Syrie, l’Égypte puis au retour par Smyrne et Athènes où, avec son fils, il est initié aux mystères d’Éleusis.
Le 23 novembre 176 à Rome ont lieu les fêtes du triomphe sur les peuples germaniques. Éphémère triomphe car dès 177 Marc Aurèle doit repartir guerroyer sur la frontière danubienne.
C’est lors d’une de ses campagnes sur le Danube, que Marc-Aurèle tomba malade, en Pannonie. Il meurt le 17 mars 180, probablement frappé par la peste (dont la nature exacte est inconnue) à Vindobona (aujourd’hui Vienne en Autriche).
Sitôt qu’il sentit sa fin approcher, il ne s’occupa plus que de son fils Commode, qui n’avait que quinze ou seize ans, et l’empereur craignait qu’abandonné à lui-même dans une si grande jeunesse, il n’oubliât bientôt les bonnes instructions qu’on lui avait données, pour se livrer aux excès et à la débauche. Contrairement aux sages pratiques de ses prédécesseurs, déjà entamées par Hadrien, il laisse l’empire non pas au plus digne mais à son fils, renouvelant des pratiques dynastiques qui avaient été fatales au Ier siècle aux Julio-Claudiens puis aux Flaviens.
Marc Aurèle était un stoïcien, ses maîtres à penser furent tous des représentants du Portique : Épictète, Apollonius de Chalcédoine, Sextus de Chéronée. De cet héritage, il fit une philosophie pratique de la vie qu’il exposa dans son unique ouvrage « Pensées pour moi-même ».
A travers les douze livres qui composent les pensées, plusieurs thèmes, souvent sous forme de maximes récurrentes. On a ainsi :
* Toutes les choses participent d’un Tout (qu’il nomme parfois L’Un, Dieu, Nature, Substance, Loi, Raison). Nous, les hommes, sommes des parties de ce Tout.
* Nous devons vivre selon la Nature, c’est-à-dire en suivant la Loi de la Nature et celle-ci procède de la Providence, donc tout ce qui arrive est nécessaire et utile au monde universel, dont tu fais partie (Livre II).
* Cela veut dire aussi vivre en conformité avec la Nature de l’homme qui est raisonnable et sociable. Il faut tendre vers ce qui est utile et bien approprié à la communauté (Livre VII)
* La mort fait partie de la Nature, car tout change, tout se transforme, tout, depuis l’éternité, semblablement se produit et se reproduira sous d’autres formes semblables à l’infini (Livre IX).
* Ce qui importe c’est le présent, ce n’est ni le futur, ni le passé qui te sont à charge, mais toujours le présent.
"Réfléchis souvent à l’enchaînement de toutes choses dans le monde et à leurs rapports réciproques, elles sont pourrait-on dire entrelacées les unes aux autres et, partant, ont les unes pour les autres une mutuelle amitié, et cela en vertu de la connexion qui l’entraîne et de l’unité de la matière" écrit Marc-Aurèle dans Pensées pour moi-même (VI, 38). Il semble que l’empereur philosophe avait déjà saisi de manière plus conceptuelle que physique ce que Einstein démontrera bien plus tard : "Toutes forces, tout mouvement, toutes dimensions, toutes caractéristiques matérielles sont relatives et participent à une unité : l’univers."
Marc-Aurèle s’inscrit dans un "stoïcisme abouti". Qu’entendons nous par là ? Nous signifions que l’empereur avait suffisamment intégré l’enseignement d’Epictète, Sénèque et Zénon pour prolonger avec adresse la connaissance de cette maîtrise des passions que formule l’enseignement du stoïcisme.
La reconnaissance de l’harmonie du pneuma, de ce souffle chaud qui traverse notre être pour le mener vers le mouvement de la vie et de son équilibre avec le destin n’implique aucun fatalisme mais demande une certaine pratique.
C’est à cette art praxis que s’exerce Marc-Aurèle. C’est de lui, en effet, que nous tenons "cette matière pour la conduite", éthique en réalité très éloignée de l’aspect manichéen qu’impose souvent la morale collective, éthique proche au contraire d’un juste discernement dans nos actes : "la meilleur manière de se venger, c’est ne pas se rendre semblable à ceux qui t’ont fait mal".
Marc-Aurèle aura toujours à cœur de reconnaître au sein de la complexité des relations humaines et des formations même physiques ce que l’homme peut apporter en termes d’équilibre autant pour lui-même que pour le monde. La conduite s’inscrit donc dans une dynamique qui dépasse l’être humain afin de se lier plus étroitement à l’harmonie d’un seul et même monde : "Toutes choses sont liées entre elle et d’un nœud sacré, et il n’y a presque rien qui n’ait ses relations. Tous les êtres sont coordonnés ensemble, tous concourent à l’harmonie du même monde"
L’entendement de l’empereur philosophe vient donc promettre un certain accord entre ce qu’il nomme "le génie (ou démon) intérieur", la possibilité d’appréhender la nature par la création, et ce que la nature à son tour crée et détermine. De cette relation naît une certaine sagesse et manière de vivre, une idée de ce que peut apporter l’univers à l’individu comme ce que l’individu peut apporter à l’univers : "Souviens-toi de la matière universelle dont tu es une si mince partie ; de la durée sans fin dont il t’a été assigné un moment si court, et comme un point ; enfin de la destinée dont tu es une part et quelle part !".
L’empereur philosophe confronte ses obligations politiques avec les valeurs que ses maîtres stoïciens lui ont enseignées, mais aussi avec d’autres références : l’apport philosophique de Platon, Épicure, Démocrite, Héraclite. C’est en ce sens que les textes de Marc Aurèle gardent un intérêt certain. Ils mettent effectivement en exergue une justesse éthique au sein d’une politique où l’art de décider doit toujours s’articuler à cette interrogation : veux-tu le pouvoir pour le pouvoir ou l’exercice du pouvoir ? Autrement dit, ton ambition est-elle d’obtenir la puissance, ou d’être capable à travers elle de réfléchir, dire et agir afin qu’un chemin vertueux soit tracé pour la cité ?
Loin d’être simple à mettre en pratique, cette interrogation souligne le souci d’un empereur qui, détenant le pouvoir suprême, continue à s’interroger sur ses propres motivations et intentions plus enfouies. C’est une leçon que, sans aucun doute, beaucoup d’hommes politiques devraient méditer à l’heure actuelle. Le fait de s’arrêter de polémiquer pour se demander si ce que l’on essaie de créer relève d’une certaine ’bonté’ et d’un désir d’aider ou d’une ambition toute personnelle implique l’homme politique à se recentrer et marquer un temps nécessaire dans sa prise de décision.
Marc Aurèle souligne tout au long de ses écrits les plus hautes valeurs de l’être humain : Sagesse, Justice, Force morale et Tempérance, qui depuis Platon sont les quatre vertus principales du Philosophe, celles qui assurent la cohérence et la force des actions de ce dernier. L’originalité de son œuvre réside dans le ton personnel des "Pensées pour moi-même", qui témoigne d’une attention aiguë à l’urgence de "vivre pour le bien", c’est-à-dire vivre dignement dans un monde plein de troubles, à l’urgence d’accomplir son rôle d’homme possesseur d’un "génie intérieur" : forme d’intelligence pour situer la raison et élever son jugement. La précarité de l’existence humaine, la fugacité du temps, de la mémoire, qui engloutit tous les hommes, grands ou petits, dans l’oubli et la mort ; la petitesse de l’homme et de la terre dans l’infini de l’univers : tels sont les grands thèmes de la philosophie de Marc Aurèle. Cette insistance si moderne n’a rien de tragique car l’homme a sa place dans cet univers où chaque être est situé de façon ordonnée. Par son "génie intérieur", son esprit raisonnable (il ne s’agit pas encore de rationalité), l’homme participe de ce cosmos divin. Il comprend son éternelle transformation. Cette vision élimine donc la peur de la mort qui n’est pas anéantissement mais changement, renouvellement de l’univers. Il faut donc accepter sereinement cet événement naturel. Le but de l’homme est alors de vivre dignement le présent, de jouer son rôle qui est d’être utile au bien commun, car tous les hommes sont liés à la nature : "Que l’avenir ne te trouble pas car tu viendras à lui, quand il le faudra, avec la même raison que tu utilises pour les choses présentes".
Marc-Aurèle manifeste un sens très haut de sa responsabilité dans l’État, et se critique sévèrement lui-même tout en interrogant sans cesse la finalité de l’action politique : "Prend l’habitude autant que possible, de te demander à quelle fin se rapporte cette action, que désire l’homme qui veut agir ?". Dans tous les cas, le philosophe insiste très longuement sur l’idée que la vision du Tout, de ses éternelles transformations, élève notre âme. Prendre part à l’équilibre naturel en faisant de sa pensée un moyen pour être en harmonie avec le monde participe à notre propre équilibre. "La vision du Tout" va même au delà de cette conception de l’équilibre, elle place l’individu dans un rapport complexe avec l’ensemble de l’univers et l’oblige à penser la multiplicité des relations entre un homme et "la totalité de l’existence" (ce qui implique toute vie mais aussi toute durée). C’est pourquoi le destin ne nous est pas si étranger. Certes, il peut parfois nous dominer mais il n’existe pas sans ses "acteurs" et les hommes en font partie.
Cette vision du tout élimine les fausses représentations, les passions (au sens de la souffrance), en particulier l’ambition, l’orgueil, la colère, et nous amène à être modestes, justes et bienveillants envers chaque homme, notre égal en tant qu’être raisonnable et sociable, qu’il faut écouter en "entrant dans son âme". L’homme qui suit la raison en tout est "tranquille et décidé à la fois, radieux et en même temps consistant". En ce sens, l’empereur était un précurseur du siècle des Lumières spécifiant (comme Kant) la Raison comme meilleur guide pour la compréhension et le jugement de l’être humain.
La raison humaine qui est donc "génie intérieur" de l’homme devient cette parcelle de la finalité universelle divine qui est providence et à laquelle l’homme doit agréer car il est, nous l’avons compris, comme une partie dans un tout particulièrement significatif. L’originalité et la modernité de la pensée de Marc-Aurèle réside également dans la distinction radicale et déjà "cartésienne" (anachronisme voulu) de l’intelligence humaine, non seulement avec le corps, mais aussi avec l’âme d’essence matérielle. C’est d’ailleurs à partir de cette conception physique que l’empereur philosophe parle ensuite des ses considérations éthiques qui sont : "principe des fonctions vitales, maîtrise des passions" et "marque de l’esprit du temps".
Marc-Aurèle se considère comme un "progressant", c’est-à-dire comme celui qui progresse peu à peu sur le chemin de l’ordre universel en vivant justement selon la nature, mais aussi celui qui détient son directeur de conscience toujours confronté à la dure réalité des évènements. Par conséquent, l’exigence stoïcienne face aux décisions que l’homme doit prendre va en progressant et ne saurait atteindre totalement la perfection mais seulement une certaine sérénité : l’ataraxie.
Ainsi le bonheur est possible dans ce qui rend la nature contente d’elle-même et il ne dépend d’aucun bien extérieur mais d’un état d’esprit où l’individu se sent sensiblement capable d’être en paix avec lui-même et avec le monde. Delà, il faut suivre son "génie intérieur" et ne considérer comme bien et mal que ce qui dépend de nous car, en réalité, l’on ne peut juger véritablement et avec justice que sa propre conduite. Ce souci éthique d’une "morale individuelle désirée" et naturellement articulée à la collectivité semble être l’apport majeur de la philosophie de Marc-Aurèle.
Il est également central de rappeler l’importance d’une notion chère à l’empereur : l’harmonie, la potentialité d’adjoindre aux manifestations incertaines de l’existence individuelle ou collective, un équilibre menant à une part relative de stabilité, elle-même nous laissant la possibilité de comprendre la nature et de réfléchir sur notre conduite. Si le philosophe stoïcien souligne l’impact de cet harmonie tout en signifiant le propre, selon lui, de la justesse éthique, ce n’est que pour asseoir davantage son interrogation plus profonde de l’universalité, de ce qui, comme il le précise souvent dans ses pensées, est marqué par le sceau d’une intrication perpétuelle, c’est-à-dire par la présence constante du lien qui unie chaque éléments à tous les autres. Marc-Aurèle est un penseur de la liaison, d’une relativité de liens s’inscrivant dans l’absolu d’une unification donnant sens à nos actions.
Nombre de philosophes ont été et sont encore influencé par la vision très moderne et à la fois antique de Marc-Aurèle et beaucoup ont vu en lui un apport pragmatique et avant tout une justesse dans l’affirmation et l’action, c’est-à-dire dans les deux manières de décider et de garder sa détermination.
La philosophie de Marc-Aurèle n’est pas un système, et si elle n’est pas très complexe, elle demeure cependant fondamentale pour toute construction éthique.
Entre 175-176 après JC, l’empereur fait un voyage à Athènes et devient protecteur de la philosophie.
Marc-Aurèle donne un traitement fixe aux rhéteurs et aux philosophes, assure le recrutement des maîtres, assure au Sénat et avec les plus grands sénateurs "un conseil de réflexion pour la cité", crée quatre chaires d’enseignements pour les grandes écoles philosophiques : L’Académie platonicienne, le Lycée aristotélicien, le Jardin épicurien et le Portique stoïcien. L’Empereur est déjà partisan d’une pensée pour la complémentarité des disciplines scientifiques.
L’empereur, soucieux des questions de santé publique, fait au mieux pour empêcher la terrible progression de la peste. Également concerné par les problèmes que pose l’exclusion et l’indigence, il fonde plusieurs établissements éducatifs pour 5000 jeunes filles pauvres et annule les dettes envers le trésor impérial mais renforce sa garde prétorienne (la garde de l’empereur).
Bien qu’il ait clairement favorisé le développement de la philosophie, il ne supporte pas "le fanatisme des chrétiens" (selon ses propres termes) et ne peut tolérer leur " fétichisme" pour le Christ. Il les persécute, jugeant qu’ils sont une menace pour l’unité voire la cohésion de l’Empire. Selon Marc Aurèle, le christianisme se sert des passions pour installer une morale sans lien avec la nature mais surtout aucunement réfléchie.
Malgré sa modestie et sa soif de réflexion, Marc-Aurèle sera obligé de guerroyer à travers tout l’empire et ne connut que 4 ans de paix sur 25. Il dut plusieurs fois repousser les envahisseurs et mourut à Vindobona (Vienne, Autriche) après être tombé malade lors d’un combat sur le Danube.
sources wikipedia
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